Miss Marx : la fille cadette, engagée et attachante, de Karl Marx (en DVD et VOD)

Note artistique : (3/5)

Synopsis

Brillante, altruiste, passionnée et libre, Eleanor est la fille cadette de Karl Marx. Pionnière du féminisme socialiste, elle participe aux combats ouvriers et se bat pour les droits des femmes et l'abolition du travail des enfants. En 1883, elle rencontre Edward Aveling. Sa vie est alors bouleversée par leur histoire d'amour tragique…

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• Titre original : Miss Marx
• Support testé : DVD
• Genre : biopic, historique, drame
• Année : 2020
• Réalisation : Susanna Nicchiarelli
• Casting : Romola Garai, Patrick Kennedy, John Gordon Sinclair, Felicity Montagu, Karina Fernandez, Emma Cunniffe, Philip Gröning, George Arrendell
• Durée : 1 h 43 mn 08
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,66/1
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : Dolby Digital 5.1 anglais
• Bonus : un livret avec texte inédit (12 pages) - clip de L'Internationale des Dowtown Boys (3 mn 28) - bande annonce (1 mn 33)
• Éditeur : Les alchimistes

Commentaire artistique

Avec son film Miss Marx, qu’elle a écrit et réalisé, Susanna Nicchiarelli nous propose de découvrir une des trois filles de Karl Marx, Eleanor Marx surnommée «Tussy», qui sans être aussi célèbre que son illustre papa, a œuvré efficacement pour l’expansion du socialisme, la lutte syndicale, l’émancipation féminine et l’interdiction du travail des enfants. La cinéaste a décidé de limiter son biopic à la période comprise entre le décès de Karl Marx en mars 1883 et le suicide d’Eleanor à 43 ans en mars 1898. Cette femme, brillante et éduquée, s’est, en effet, donné la mort à la suite de la découverte que l’amour de sa vie, Edward Avening, s’était remarié en secret avec une actrice. Durant la quinzaine d’années qu’ils vécurent ensemble, la vie de Miss Marx (Romola Garai) n’a pas été de tout repos, devant gérer l’héritage littéraire de son père et la défense du socialisme, tout en subissant une oppression assumée - car elle savait dès 1884 qu’il était marié - par Edward Avening (Patrick Kennedy). Pour traiter la complexité des évènements, Susanna Nicchiarelli a choisi le biais de la fiction et de l’ellipse, ce qui rend la narration parfois un peu obscure pour qui n’est pas familier de la vie des divers protagonistes : le philosophe, ami de Karl Marx (Philip Gröning), Friedrich Engels (John Gordon Sinclair), Helene Demuth la gouvernante (Felicity Montagu), Laura Marx, la sœur d’Eleanor (Emma Cuniffe) ou l’auteure pacifiste du Cap, Olive Schreiner (Karina Fernandez), etc. Sans minimiser les actions militantes de «Tussy», puisqu’on la voit s’adresser aux militants (elle participe à la fondation de l’Internationale ouvrière en 1889), aux ouvriers en grève, aux patrons qui exploitent les enfants et aux femmes trop subordonnées, Miss Marx privilégie la romance passionnelle qui l’unit avec Edward Avening dont le portrait n’est guère flatteur. Il est vrai que ce biologiste libre-penseur, laïque et dramaturge réputé, qui découvre le socialisme et Eleanor à la mort de Karl Marx, n’était pas exemplaire. Le film décrit très bien l’égoïsme, le goût pour le luxe et les femmes, ainsi que son penchant pour les dépenses inconsidérées, de ce personnage peu recommandable qui allait pourrir la vie d’Eleanor, sa concubine. Celle-ci était consciente d’être, en privé, ce qu’elle refusait pour ses congénères : une femme aliénée subissant le machisme codifié de l’époque et le mariage défini comme un outil légal de domination pire que la prostitution… mais qui était incapable de s’en affranchir pour cause de passion absolue. Une scène édifiante illustre parfaitement cet état, lorsque le couple Eleanor et Edward joue une scène tirée de la pièce « Une maison de poupée » d’Henrik Ibsen. Il est aisé de comprendre que la relation de l’héroïne Nora assujettie, telle une poupée, à son mari Torvald reflète la réalité vécue par «Tussy». Romola Garai incarne, avec une belle intensité et un vrai don pour l’émotion subtile, la cadette des filles de Karl Marx. Néanmoins la volonté de la cinéaste de brosser un portrait insistant sur la modernité et l’avant-gardisme de cette militante socialiste et féministe passe par des ruptures (musiques transgressives punk-rock dont L’Internationale chantée en français) avec le classicisme formel de l’évocation, un parti pris surprenant, même s’il faut saluer sa volonté de chercher à sortir des codes du biopic hollywoodien… sans toujours y parvenir. Filmé en Italie et en Belgique avec élégance par Crystel Fournier, Miss Marx a su mettre en lumière cette personnalité politique méconnue : le film rend justice au travail considérable de cette jeune femme accomplie, auteure, traductrice et oratrice hors pair, même si beaucoup de ces facettes sont à peine esquissées. On aurait juste aimé que la cinéaste fasse la part des choses en réduisant celle du romanesque au profit de celle plus durable de l’engagement social et politique de «Tussy». Une sortie qui tombe à pic pour le 140ème anniversaire de la mort de Karl Marx.

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Commentaire technique

Image : copie SD, assez belle définition mais piqué moyen sur les détails en raison du support DVD (tournage numérique avec probablement des caméras Arri Alexa), contraste naturaliste, image lumineuse sans excès, étalonnage et colorimétrie réalistes, teintes naturelles chaudes nuancées, tons saturés

Son : mixage anglais 5.1, dialogues clairs et équilibrés, excellente dynamique sur les ambiances et la musique survoltée des groupes Cherry Cat contre le Big Chill et Dowtown Boys, spatialisation naturaliste aux effets surrounds modérés mais efficaces et immersifs, LFE très ponctuels