Esterno notte : une mini-série passionnante sur l’assassinat d’Aldo Moro (en DVD et VOD)

Note artistique : (4/5)

Synopsis

Le 16 mars 1978, Aldo Moro, alors président de la démocratie chrétienne, est enlevé par les Brigades Rouges. En état de choc, le gouvernement italien se retrouve face à un dilemme : faut-il accepter la négociation avec le groupe terroriste, au risque de mettre en péril la démocratie, ou ne rien céder et prendre le risque d'une mise à mort de l'homme politique ?

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Épisodes

1. (Aldo Moro) 56 mn 14
2. (Il ministro degli interni) 56 mn 46
3. (Il Papa) 53 mn 07
4. (I terroristi) 58 mn 13
5. (Eleonora) 61 mn 29
6. (La fine) 47 mn 36

• Titre original : Esterno notte
• Support testé : DVD
• Genre : série télévisée, drame, historique
• Année : 2022
• Réalisation : Marco Bellocchio
• Casting : Fabrizio Gifuni, Margherita Buy, Fausto Russo Alesi, Daniela Marra, Gabriel Montesi, Fabrizio Contri, Gigio Alberti, Toni Servillo
• Durée : 5 h 33 mn 25
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : Dolby Digital 5.1 italien - Dolby Digital 2.0 français
• Bonus : entretien avec Marco Bellocchio (2022, 17 mn 57)
• Éditeur : Arte Éditions

Commentaire artistique

Esterno Notte (« extérieur nuit » désigne un plan nocturne tourné en extérieur) est une mini-série (diffusée au cinéma en deux parties en Italie) conçue et dirigée par le réalisateur italien Marco Bellochio. En six épisodes, Esterno Notte aborde les 55 jours de l’enlèvement et de l’assassinat par les Brigades Rouges d’Aldo Moro, président de la Démocratie Chrétienne, qui proposait de constituer un gouvernement d’union nationale intégrant le Parti Communiste italien. Cet évènement politique majeur, qui a traumatisé les Italiens, avait déjà été traité en 1978 par le cinéaste dans son film remarqué, Buongiorno, notte (2003), centré sur le personnage de la terroriste révolutionnaire Chiara. Contrairement au long métrage, Esterno Notte n’est pas adapté d’un ouvrage mais bénéfice d’un scénario coécrit par le réalisateur avec Stefano Bises, Ludovica Rampoldi et Davide Serino et dont le récit n’est pas circonscrit à la seule cellule emprisonnant Aldo Moro. La mini-série, inspirée des faits réels mais dans laquelle entre une bonne part de fiction qui exprime la vision très personnelle du cinéaste, invite le spectateur à partager les opinions et les attitudes des nombreux protagonistes impliqués : Aldo Moro, ses proches, les divers politiciens de l’époque, certains membres des Brigades Rouges, le pape Paul VI et le Vatican, les policiers et services secrets, etc. Cette multiplicité de point de vue et la réinvention de certains faits (cf. la contribution financière du Vatican, la confession d’Aldo Moro) permettent au cinéaste de brosser un tableau extrêmement détaillé des affaires qui se révèle peu flatteur sur toute la classe politique qui va lâcher Aldo Moro et le sacrifier au nom d’intérêts politiques discutables. Filmé dans divers sites italiens, dont Rome, Esterno Notte profite à la fois d’un solide scénario nuancé et captivant et d’un casting hors pair. Si l’on peut saluer la performance exceptionnelle de Fabrizio Gifuni (Aldo Moro), qui avait déjà au théâtre incarné le politicien dans la pièce « Con il vostro irridente silenzio » (2020), et celle très fascinante de Tony Servillo (Paul VI), tous les interprètes se révèlent excellents : Margherita Buy (Eleonora Moro) et Daniela Marra (Adriana Faranda), Fausto Russo Alesi (Francesco Cassiga) et Fabrizio Contri (Goulio Andreotti), etc. Pour Marco Bellochio, le projet de revenir sur ce fait divers politique sordide coïncide avec les 40 ans de l’affaire et le souhait de donner un contrechamp (vue en sens opposé au cinéma), hors prison, à son film de 2003 : une vision extérieure de cet enlèvement qui entraina une grave crise politique dont les conséquences négatives allaient être durables. Grâce à la commodité temporelle de la mini-série, il a pu consacrer chaque épisode à un protagoniste majeur (la femme, le pape, le ministre de l’intérieur, la terroriste) dont le portrait a ainsi pu être fortement approfondi. Si la documentation de l’intrigue est solide, le cinéaste n’a pas hésité à explorer les « zones d’ombre » grâce à la licence artistique de la fiction : un travail remarquable oscillant entre la familiarité de l’approche des divers protagonistes et les faits historiques connus. En revisitant l’Histoire à travers la fragilité des caractères et des réflexions existentielles de ses personnages hantés par le doute, Esterno Notte questionne sur des notions majeures universelles de moralité, de croyance et de justice qui peuvent entrer en conflit. Un tableau puissant sur le malaise politico-social des « années de plomb » conté par un cinéaste qui n’a jamais cessé de défendre son engagement de gauche : sa mini-série, qui se démarque du tout-venant de la production télévisuelle consensuelle et commerciale, est aussi captivante qu’édifiante.

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Commentaire technique

Image : copie SD, assez bonne définition mais manque de piqué en raison du support DVD (tournage numérique avec caméras Sony Venice), gestion naturaliste du contraste, images lumineuses, noirs francs, étalonnage réaliste, colorimétrie nuancée aux teintes naturelles

Son : mixage italien 5.1, dialogues clairs, excellente dynamique sur les ambiances (manifestation, hémicycle, enlèvement, etc.) et la musique énergique composée par Fabio Massimo Capogrosso, spatialisation naturaliste aux effets surround sans excès, LFE très ponctuels ; VF 2.0 claire et dynamique, spatialisation plus limitée, doublage soigné mais néanmoins artificiel et dialogues moins bien équilibrés qu’en VO