L'Ultime razzia : braquage à la sauce «kubrickienne» (en Blu-ray)
Note artistique : 
(4/5)
Synopsis
À l'issue d'un séjour de cinq ans derrière les barreaux, Johnny Clay met la touche finale au plan de braquage d'un hippodrome. Butin estimé : 2 millions de dollars. Largement de quoi modifier radicalement le cours de la vie de plusieurs personnes. Autour de lui, Clay rassemble non seulement des hommes qui connaissent bien les lieux pour y travailler, mais aussi un policier endetté, un tireur d'élite et un ancien catcheur apte à déclencher une bagarre au moment opportun. S'il ne laisse rien au hasard et semble avoir tout prévu dans les moindres détails, le braqueur oublie toutefois qu'un grain de sable suffit parfois à gripper les mécaniques les mieux huilées.
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• Titre original : The Killing
• Support testé : Blu-ray
• Genre : thriller
• Année : 1956
• Réalisation : Stanley Kubrick
• Casting : Sterling Hayden, Coleen Gray, Vince Edwards, Jay C. Flippen, Marie Windsor, Ted DeCorsia, Elisha Cook Jr., Joe Sawyer, Kola Kwariani
• Durée : 1 h 24 mn 17
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,66/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : LPCM 2.0 monophonique anglais, français
• Bonus : présentation du film par le scénariste Laurent Vachaud (2022, 38 mn 03) - livret «Braquage : mode d'emploi» (28 pages)
• Éditeur : BQHL Éditions
Commentaire artistique
Basé sur le roman de Lionel White, paru en 1955, « En mangeant de l’herbe » («Clean Break», L’Ultime razzia est le troisième long métrage (sur une filmographie totale de treize titres) réalisé par Stanley Kubrick. C’est James B. Harris, à la recherche de nouveaux talents, qui a produit - en partie sur ses propres deniers - le film de ce jeune cinéaste de 26 ans et acheté les droits du roman en devançant un projet pour Frank Sinatra. Le cinéaste a coécrit l’adaptation avec l’écrivain Jim Thompson et a choisi, pour le rôle du cerveau de l’opération Johnny Clay, l’acteur Sterling Hayden, qui n’était pas encore une star notoire, mais avait déjà démonté l’étendue de son talent en jouant dans Quand la ville dort (1950) de John Huston et Johnny Guitare (1954) de Nicholas Ray. Le reste du casting réunit des interprètes de films noirs : Marie Windsor, surnommée la reine de la série B, joue Stella Peatty, la femme fatale et manipulatrice, Elisha Coor Jr. sera George Peatty, le mari faible et trompé, Jay C. Flippen l’acolyte de Johnny, Marvin Unger, et Ted DeCorsia, Randy Kennan, le flic malhonnête. Stanley Kubrick, amateur d’échec, donne à son ami géorgien Kola Kwariani, joueur et ancien lutteur, le rôle de Maurice Oboukhoff, le personnage qui doit faire diversion, et à Coleen Gray celui de Fay, la fiancée de Johnny. Grand photographe pour Look avant de devenir réalisateur, Stanley Kubrick est contraint par le syndicat d’employer un directeur de la photographie, ce sera Lucien Ballard avec qui les rapports seront compliqués. L’Ultime razzia est… l’ultime film entièrement tourné par le cinéaste sur le territoire américain en Californie (San Mateo, Venice, Los Angeles). Le découpage de l’intrigue, très fidèle à la structure du roman, est basé sur une chronologie et une narration éclatées selon les points de vue diversifiés des protagonistes et usant abondamment du flash-back. Cette construction originale fera forte impression et assurera un vrai succès critique qui, à défaut d’être commercial, va lancer la carrière de son réalisateur. Bien que le thème du braquage soit très commun dans le cinéma, c’est l’extraordinaire mécanisme narratif, que certains comparent à une partie d’échec dont on sait que Stanley Kubrick était un joueur aguerri, qui fait la force de ce film, âpre et sans fioriture, conté par une voix off (Art Gilmore) qui égrène les étapes horaires. L’histoire semble limpide alors qu’elle expose simultanément plusieurs possibilités : chaque personnage typé, rouage essentiel dans cette mécanique d’horlogerie, semble dépourvu d’une quelconque émotion ou qui est relativement limitée pour le couple de la femme fatale et du mari faible. Dès L’Ultime razzia, Stanley Kubrick fait la preuve de sa capacité à contrôler chaque détail de son film, mise en scène, direction d’acteur, photographie, montage : son perfectionnisme légendaire est déjà en action dès cette œuvre de jeunesse. Si l’on perçoit, sans qu’elle soit annoncée, la tragédie de ce braquage malheureux, L’Ultime razzia, malgré son apparente sècheresse narrative, n’est pas exempte de la dimension philosophique fataliste du grain de sable pressentie par Johnny : les ultimes images, dont une séquence culte (peut-être un clin d’œil au final du film Le Trésor de la Sierra Madre, 1948), concrétisent cette désillusion. Si la sortie en blu-ray de ce film important est une bonne opportunité, on regrette que la version UHD 4K, éditée aux USA le 26 juillet 2022 par Kino Lorber à partir d'un nouveau Master du négatif original, n’ait pas été retenue.
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Commentaire technique
Image : copie HD, très bonne définition et piqué sur les gros plans, mais plus limitée sur les rares transparences, texture argentique fine et homogène (tournage en 35 mm, Master Format 2K 2015 probablement), bonne gestion régulière du contraste, image propre et lumineuse, noirs soutenus, blancs nuancés, gamme de gris harmonieuse
Son : mixage anglais 2.0 monophonique, dialogues clairs, pas de distorsion, excellente dynamique sur les ambiances (courses, guichets des paris) et la musique typée de Gerard Fried ; VF 2.0 monophonique, claire et sans distorsion, doublage soigné mais pas assez intégré aux ambiances
Notre avis
Image : (4/5)
Mixages sonores : 
(3,5/5)
Bonus : (3/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0049406/
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