Mizrahim, les oubliés de la Terre Promise : la ségrégation des élus (en DVD et VOD)

Note artistique : (4/5)

Synopsis

Mizrahim, c'est le nom que donnent les israéliens aux juifs venus d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, victimes, dès leur arrivée sur la Terre Promise, d'un système discriminatoire qui fait d'eux des citoyens de seconde zone. Dans les années 70, un mouvement de révolte s'inspirant des Black Panthers aux États-Unis, émerge pour défendre leurs droits. Confrontée au deuil de son père, ancien membre de ce mouvement, Michale Boganim part à la rencontre de plusieurs générations de Mizrahim. Sous la forme d'un road-movie, le film approche par l'intime les questions d'exil et de transmission.

LA SUITE APRÈS LA PUB

• Titre original : Mizrahim, les oubliés de la Terre Promise
• Support testé : DVD
• Genre : documentaire
• Année : 2021
• Réalisation : Michale Boganim
• Casting : Charlie Boganim, Michael Biton, Shlomi Hatuka, Roy Hassan, Haviva Pedaya, Reuven Abergel, Neta Elkayam
• Durée : 1 h 29 mn 31
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,39/1 Noir et Blanc et Couleur
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : Dolby Digital 5.1 et 2.0 franco-hébreu
• Bonus : entretien avec Charlie Boganim par sa fille Michale (25 mn 12)
• Éditeur : Blaq Out

Commentaire artistique

Coproduction franco-israélienne réalisée par Michale Boganim, Mizrahim, les oubliés de la Terre Promise, est un documentaire qui, comme son titre l’indique, s’intéresse aux laissés pour compte de l’émigration des juifs «orientaux» (Mizrahim) vers l’état d’Israël nouvellement créé en 1948. Ces nouveaux venus, issus de pays de cultures différentes de celle des juifs ashkénazes, vont être traités à leur arrivée comme des populations sous cultivées qui seront confinées dans des « villes de transit » aménagées dans le désert ou la périphérie des villes et affectées aux emplois subalternes. C’est dans un contexte de revendication contre les discriminations de ces populations que va se développer le mouvement des «Panthères noires israéliennes » à partir de 1971. La documentariste Michale Mizrahim, dont le père Charlie (cf. bonus) était membre du mouvement, a écrit et dirigé Mizrahim, les oubliés de la Terre Promise pour témoigner de la situation, quasi inconnue hors d’Israël, des Mizrahim. Débuté du vivant de son père, décédé en 2017, son projet a pris l’allure d’une sorte de road-movie sur la notion de la transmission et de la mémoire (lettre de Charlie Boganim à sa fille/petite-fille jouée par la vraie fille de la réalisatrice) en interrogeant dans plusieurs lieux divers jeunes (politiques, musiciens, artistes, etc.) issus de familles Mizrahim et démontrant que cette ségrégation méthodique est loin d’être dépassée. Le choix primordial des villes retenues (Sdérot, Ashkelon, Lod, etc.) démontre que la politique systématique de discrimination s’exprimait, entre autre, par le rejet des populations Mizrahim dans des lieux et des cités à l’écart. Mizrahim, les oubliés de la Terre Promise possède une structure complexe entremêlant le passé (films d’archives sur l’arrivée en « Terre Promise ») et le présent, la famille (vécu de la documentariste dans une banlieue française) et les positions de la nouvelle génération, succédant aux premiers Mizrahim dont le souhait d’intégration n’avait guère été exaucé. Les divers interviewés sont filmés en situation dans leurs environnements urbains actuels qui témoignent autant que leur paroles de cette marginalisation sociale, économique et politique. Il ne manque, éventuellement, à ce documentaire passionnant, donnant la parole aux nouvelles générations qui souffre toujours partiellement de cette situation d’exclusion, que le point de vue contradictoire de représentants officiels de l’état hébreu. Mais, on s’en doute, le déni politique est difficilement surmontable. Mizrahim, les oubliés de la Terre Promise doit être vu pour ses révélations sans ambiguïté sur les injustices flagrantes et difficilement justifiables qu’ont subies ces oubliés «au pays où coulent le lait et le miel». La situation de ces exilés, condamnés à devenir une classe de prolétaires, méritait absolument d’être divulguée : c'est chose faite avec ce documentaire édifiant.

LA SUITE APRÈS LA PUB

Commentaire technique

Image : copie SD, assez bonne définition mais piqué en berne en raison du support SD DVD, contraste naturaliste, noirs soutenus, étalonnage réaliste, colorimétrie aux teintes chaudes et naturelles

Son : mixage 5.1 franco-hébreu, voix très claires et équilibrées, excellente dynamique sur les ambiances, sur la musique de Joachim Mimouni et sur les différentes chansons retenues, spatialisation naturaliste aux effets surrounds immersifs discrets