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Le Détroit de la faim : un chef-d’œuvre du cinéma japonais (en Blu-ray)

Blu ray La Detroit de la faim 00

Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge(5/5).

Synopsis :

Le 20 septembre 1947, alors que le sud de l'île de Hokkaido est menacé par un typhon, trois hommes décident de fuir par la mer. Après la tempête, deux corps non identifiés subsistent parmi les noyés. On soupçonne qu'ils sont les meurtriers des Sasada, des prêteurs sur gages pillés le jour des intempéries. L'inspecteur Yumisaka recherche un troisième complice, Inugai, qui s'est réfugié chez une prostituée…

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• Titre original : Kiga Kaikyō (飢餓海峡)
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame, policier
• Année : 1965
• Réalisation : Tomu Uchida
• Casting : Rentarō Mikuni, Sachiko Hidari, Junzaburō Ban, Ken Takakura, Kōji Mitsui, Yoshi Katō, Sadako Sawamura, Susumu Fujita, Akiko Kazami
• Durée : 3 h 02 mn 40
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,40/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : DTS-HD MA 1.0 monophonique japonais
• Bonus HD : Du passé vers l'avenir, introduction au film par Jasper Sharp, auteur et programmateur britannique, spécialiste du cinéma japonais (VOST, 26 mn 53) - bande annonce originale (3 mn 57)
• Éditeur : Carlotta Films

Commentaire artistique

Considéré, à juste titre, comme un des plus grands films japonais de tous les temps, Le Détroit de la faim est une adaptation du roman (1962) de Tsutomu Minakami réalisée par Tomu Uchida pour le studio Toei. L’intrigue courre, de 1947 à 1958, sur une décennie qui sépare deux séries de crimes. Dans le classement 1999 du magazine Kinema Jumpo (cf. bonus), ce film majeur se situe en troisième position derrière Les Sept Samouraïs (Akira Kurosawa, 1954) et Nuages flottants (Mikio Naruse, 1955) et devance Voyage à Tokyo (Yasujirō Ozu, 1953) : c’est dire son importance indéniable. Avant de réaliser ce chef-d’œuvre, Tomu Uchida avait été, avant-guerre, un acteur, puis un cinéaste japonais réputé dans le genre du jidai-geki. Revenu en 1953 de Mandchourie, il réalise pour la Toei divers films de ce genre, ce qui ne l’empêche pas de diriger aussi des œuvres contemporaines gendai-jeki comme Le Détroit de la faim. Conçue comme une fresque épique de plus de trois heures (le montage initial était d’ailleurs de 192 minutes !), cette plongée naturaliste dans le Japon d’après-guerre narre une intrigue complexe sous la forme d’une double enquête policière. Au fil du récit, le cinéaste aborde les problèmes sociologiques (prostitution), économiques (rationnements) et politiques (manifestations) qui vont affecter le Japon durant une décennie. Les péripéties, soutenues par la partition sombre et nerveuse d’Isao Tomita, bien qu'extraordinairement diversifiées, se concentrent sur le duo formé par Yae Sugito (Sachiko Hidari), la prostituée amoureuse, et Takichi Inukai (Rentarō Mikuni), ex-détenu devenu une sorte de Jean Valjean en négatif. Autour du couple gravitent divers personnages secondaires aux rôles décisifs dont celui de l’inspecteur de police Yumisaka (Junzaburō Ban) et de son jeune acolyte (Ten Takakura). Selon certaines analyses, il faudrait interpréter les descriptions contradictoires et fragmentaires du naufrage initial et de l’incendie de la ville comme une touche autobiographique du cinéaste qui a vécu l’époque trouble de l’invasion de la Mandchourie par les japonais puis leur expulsion par les soviétiques en 1945. Le sujet même du film pourrait être compris comme une réflexion sur le rôle politique discutable du Japon en Mandchourie. Si Le Détroit de la faim semble décrire le destin de quelques personnages durant une période charnière de l’histoire japonaise selon le genre prosaïque du film policier et les codes du film noir, le recourt à cet artifice scénaristique multipliant les détails descriptifs très expressifs permettait une exploration en profondeur de l’évolution sociale et politique du pays avec un passage à la modernité. Autrement dit un film qui ne pouvait que plaire au plus grand nombre puisque pouvant s’apprécier autant pour son action captivante que pour ses métaphores subtiles, en particulier sur la responsabilité et le châtiment, symbolisés par les allusions liquides fréquentes qui parsèment le récit. Le Détroit de la faim témoigne de diverses expérimentations techniques : pour accroitre son aspect naturaliste documentaire, Tomu Uchida a demandé à son directeur de la photographie Hanjirō Nakazawa d’utiliser une pellicule 16 mm qui a été ensuite gonflée en 35 mm avec l’augmentation inévitable de la texture argentique. Certains passages, exprimant les pensées et les émotions de Takichi Inukai, ont été soient conservés en négatif, soit solarisés. La mise en scène privilégie les vues amples du scope mettant en valeur les paysages naturels accompagnés de mouvements habiles de la caméra. Avec sa réalisation exemplaire, son montage ingénieux, peu avare en ellipses et changements de ligne narrative, et l’intensité de tous ses comédiens, Le Détroit de la faim est incontestablement un film majeur à voir absolument. Chef-d’œuvre.

 

Blu ray La Detroit de la faim

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Commentaire technique

Image : copie HD, définition correcte mais souvent adoucie avec un piqué moyen, texture argentique prononcée (tournage en 16 mm gonflé en 35mm, format de tournage annoncé 2,66/1, Nouveau Master Format 2K restauré), le négatif 16 mm souffre de modifications de post-production (zoom optique, effet Sabatier proche d’un négatif), image anamorphique affectée de compressions ou de dilatations, copie assez propre mais pas exempte de rayures sporadiques, gestion naturaliste du contraste aux effets parfois surprenants (solarisations), fluctuations minimes de densité, image claire, noirs soutenus, blancs nuancés parfois un peu surexposés, gamme des gris harmonieuse

Son : mixage japonais 1.0 monophonique, dialogues clairs, sans distorsion, bonne dynamique sur les ambiances (mer, typhon, sons urbains) et la musique captivante d’Isao Tomita mélangeant moderne et tradition, pas de souffle appuyé

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5)
Mixage sonore : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(3,5/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile griseetoile grise(2,5/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile griseetoile grise(3/5)

IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0279901/

 

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