Casanova (1927) : le premier film épique consacré au séducteur notoire (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (4/5)

Synopsis

Casanova mène grand train et grande débauche dans la Cité des doges. Choyé par les femmes, poursuivi par ses créanciers, il finit par s’attirer la foudre des maris qui conspirent auprès du Conseil des dix pour le faire arrêter et condamner. Casanova choisit la fuite, et gagne la Russie via l’Autriche. Il s’introduit à la cour du tsar Paul III sous l’identité d’un modiste français, devient un familier de la Grande Catherine et assiste à sa prise de pouvoir contre son époux. Mais son démon des femmes entraîne sa disgrâce il doit fuir à nouveau…

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• Titre original : Casanova
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame, biopic, historique
• Année : 1927
• Réalisation : Alexandre Volkoff
• Casting : Ivan Mosjoukine, Suzanne Bianchetti, Diana Karenne, Jenny Jugo, Rudolph Klein-Rogge, Rina De Liguoro, Paul Guidé, Olga Gay, D. Dimitrieff, Carlo Tedeschi, Nina Koshitz, Michel Simon, Jean Delannoy
• Durée : 2 h 40 mn 06
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,33/1 Noir et Blanc teinté avec séquence au pochoir
• Sous-titrage : français, anglais, italien
• Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 musique
• Bonus : combo Deluxe avec le Blu-ray et le DVD du film - un livret « Casanova » sur l'histoire du film et sa restauration, illustré de photographies de tournage et d'exploitation inédites (24 pages) - Günter A. Buchwald : Composer pour un film muet, entretien (VOST, 8 mn 34) - galerie d’images : documents de production, photos originales et publicité d’époque issu des collections Lenny Broger/ La Cinémathèque français/Carlo Montanaro (10 mn 50)
• Éditeur : Doriane Films et Lobster Films

Commentaire artistique

Casanova d’Alexandre Volkoff est sorti le 22 juin 1927 à Paris au cinéma l’Empire. Conçu comme une superproduction, le film a été tourné dans les Alpes autrichiennes et sur place à Venise. C’est un très bel exemple montrant que le langage cinématographique avait atteint un niveau de maitrise technique totalement aboutie, juste avant l’avènement du cinéma sonore. Travellings, superpositions, fondus, cadrages, tout est à l’œuvre pour traiter, selon une impressionnante mise en scène épique, le destin aventureux du séducteur archétypal Giacomo Casanova qui, jusque-là, n’avait pas conquis le 7ème Art, hormis un film de 1919 dirigé et incarné par Alfréd Deésy (avec aussi Bela Lugosi au générique). Casanova réunit deux artistes éminents du studio Albatros, studio de production fameux fondé en 1920 à Montreuil par les Russes blancs en exil. Le réalisateur Alexandre Volkoff, était, entre autre, le cinéaste de Kean (1924) et du film fleuve La Maison du mystère (1923) au succès retentissant, dans lesquels il avait dirigé Ivan Mosjoukine, qui sera son Casanova. Cette star russe des années 1910, une fois installée en France, ne cesse d’enchainer les rôles marquants dans les films d’auteur des grands réalisateurs comme Jean Epstein et Marcel L’Herbier. Le générique de Casanova réunit, bien évidemment, de nombreuses actrices séduisantes dont Diana Karenne qui joue la duchesse de Lardi et Suzanne Bianchetti qui incarne Catherine II. Les plus perspicaces reconnaitront Michel Simon jeune dans un rôle secondaire amusant. La vision du film atteste incontestablement du soin apporté à l’évocation : en studio comme en extérieur, la superbe photographie est signée Léonce-Henri Bruel, un habitué d’Abel Gance, qui sait bien mettre en valeur les costumes de Boris Bilinsky et les décors saisissants d’Alexandre Lochakoff. La structure tripartite (Venise, Russie, Venise) de ce long film d’aventures largement analysé montre que le cinéaste a changé de genre dans chaque segment tout en leur conservant une esthétique formelle exemplaire et le sens du spectacle souhaité par la production. Qualifié de superficiel à sa sortie, malgré ses qualités artistiques indéniables et la prestation remarquable d’Ivan Mosjoukine au meilleur de sa forme et jubilant dans l’auto parodie (cf. livret), Casanova n’obtiendra pas le succès escompté. C’est sans doute en partie pour cette raison qu’après 1931, sa dernière projection dans une version tronquée, le film sera oublié. Mais, fort heureusement, une bobine (celle coloriée au pochoir) et des morceaux de négatif originaux, vont être conservés dans les réserves de la Cinémathèque française. La monteuse Renée Lichtig, en charge à partir de 1978 du service de restauration de films, découvre ces éléments et décide une reconstruction du film, qui sera complétée par d’autres éléments provenant des cinémathèques de Prague et de Rome, en se basant sur une novellisation illustrée. Elle choisit de remonter la version française dont la musique est composée gracieusement par Georges Delerue. Cette version restaurée sera montrée à Los Angeles et Paris en 1986, puis à Venise en 1988. Elle a été ensuite numérisée par La Cinémathèque française en 2016. Assortie d’une nouvelle partition (cf. bonus) composée et dirigée par Günter A. Buchwald, c’est cette version, la plus fidèle possible, qui est proposée en Blu-ray. Une aubaine de cinéphile pour découvrir ce portrait virevoltant d’un Casanova fébrile et cascadeur, sympathique et moqueur, dans un monde en décadence symbolisée par un carnaval haut en couleurs (au pochoir). La réalisation ne craint pas la censure (seins dénudés) ou les grands tableaux avec foule de figurants. Pour toutes ses qualités artistiques, Casanova mérite amplement d’être découvert, en haute définition, dans sa version la plus complète possible.

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Commentaire technique

La reconstruction du film a été effectuée par Renée Lichtig en 1985. Le film a été restauré en 2016 par La Cinémathèque Française à partir d’un positif intermédiaire de sécurité issu du négatif original conservé dans ses collections. La séquence du carnaval colorée au pochoir a été scannée et restaurée en 4K (scan par le laboratoire Éclair) d’après une copie diacétate d’époque issue de ses collections

Image : copie HD, excellente définition mais piqué variable selon les plans, texture argentique homogène (tournage en 35 mm), image stable et nettoyée mais des défauts persistent (taches, rayure), excellent contraste global avec quelques fluctuation ponctuelles de densité, noirs soutenus, étalonnage couleurs chaud préservant les séquences teintées et celle au pochoir

Son : nouvelle musique composée par Günter A. Buchwald et interprétée par l’orchestre San Marco Pordenone les 13 et 14 janvier 2021 au Teatro Verdi de Pordenone, mixage 2.0 stéréophonique, excellente dynamique restituant toute la puissance orchestrale, spatialisation ample mais très frontale