Ludwig ou Le Crépuscule des dieux 4K : la version intégrale restaurée du dernier film majeur de Luchino Visconti (en UHD et Blu-ray)

Note artistique : (4,5/5)

Synopsis

Louis II de Bavière monte sur le trône à l'âge de dix-neuf ans. Dédaignant la politique pour la musique, il rencontre Wagner à qui il voue une admiration sans limite. Conscient de son homosexualité refoulée, il rompt ses fiançailles avec Sophie de Bavière. Mais le peuple s'inquiète…

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• Titre original : Ludwig
• Support testé : UHD
• Genre : drame, biopic
• Année : 1972
• Réalisation : Luchino Visconti
• Casting : Helmut Berger, Romy Schneider, Trevor Howard, Silvana Mangano, Gert Fröbe, Helmut Griem, Izabella Telezynska, Umberto Orsini
• Durée : 3 h 58 mn 48
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,35/1 (HDR10)
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 italien, français
• Bonus : combo avec l’UHD et le double Blu-ray du film - Ludwig Un voyage au bout de la nuit de Dominique Maillet avec Laurence Schiffano biographe de Luchino Visconti, Giorgo Treves, réalisateur, scénariste, assistant de Luchino Visconti, Helmut Berger, Ennico Medioli, etc. (2022, 44 mn 53)
• Éditeur : StudioCanal

Commentaire artistique

Après Les Damnés (1969) et Mort à Venise (1971), Luchino Visconti clôt en 1973 sa «trilogie» sur la culture allemande, sous influence de Richard Wagner et de Thomas Mann, avec Ludwig Le Crépuscule des dieux. Ce film consacré à la vie de Louis II de Bavière, de son couronnement (1864) à sa mort (1886), concrétise un projet du cinéaste qui remonte aux années 60. Le film ne prétend pas donner une évocation circonstanciée de la vie du jeune souverain mais cherche à nous faire partager les états d’âme de ce monarque dont la personnalité est profondément affectée par les origines germaniques de sa royauté, qui prend Parsifal à l’âme pure comme modèle, adule Richard Wagner, admire Louis XVI et multiplie la construction de châteaux néo-gothiques dispendieux. Servi par l’interprétation très convaincante d’Helmut Berger, Luchino Visconti concentre son très long film sur la personnalité du souverain présenté, tour à tour, par toutes les personnalités qui l’ont côtoyé, ce qui n’empêche pas le cinéaste d’évoquer les moments politiques cruciaux de ce destin tragique : la guerre austro-prussienne (1866), le mariage manqué avec Sophie-Charlotte, sœur de Sissi (1867), la guerre franco-allemande (1870). Les tentatives d’explications sur les liens unissant les films de la trilogie n’ont pas manqué et Ludwig Le Crépuscule des dieux conforte l’analyse qui en a été faite : rapport au capital, à la décadence morale et politique des élites et souci permanant d’esthétique jusque dans l’issu tragique. Louis II est montré comme un personnage altruiste à la recherche de l’absolu, amateur de musique et d’architecture, mais désenchanté par l’exercice du pouvoir qu’il détestait et par l’obligation de refouler sans cesse son homosexualité : l’échec du mariage avec Sophie-Charlotte et la passion non concrétisée pour sa cousine Elizabeth d’Autriche en témoignent. On sait gré à Luchino Visconti d’avoir donné le rôle de Sissi à Romy Schneider qui peut enfin incarner l’impératrice avec une sincérité psychologique manifeste, à l’opposé des trois Sissi à l’eau de rose qu’elle joua en 1955-1957 ! Ludwig Le Crépuscule des dieux est un film visuellement magnifique : la superbe photographie d’Armando Nannuzzi a su profiter de la beauté des sites de tournage dans les lieux réels en Bavière et les divers châteaux du souverain. Les intérieurs luxueux reconstitués à Cinecitta et les costumes somptueux crées par Piero Tosi amplifient la luxuriance souhaitée et obtenue par Luchino Visconti. L’interprétation est à la hauteur : aux côté de Romy Schneider et Helmut Berger, Silvana Mangano (Cosima Wagner), Trevor Howard (Richard Wagner), Gert Fröbe (père Hoffmann) et tout le casting donnent au film une intensité exempte de toute banalité. Sans vrai lenteur, mais prenant largement le temps d’installer son personnage, Luchino Visconti livre un portrait fascinant et nuancé de celui qui a été réduit par l’Histoire au qualificatif abrupt de « roi fou ». Ludwig Le Crépuscule des dieux nuance largement cette allégation en montrant comment Louis II, qui avait la beauté et l’intelligence, a sombré progressivement dans la folie, faute d’avoir été compris par ses amis comme par son peuple : un crépuscule annoncé, filmé avec toute l’élégance et l’esthétisme propre au cinéaste dans son dernier film majeur.

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Commentaire technique

Restauration 4K réalisée en 2022 par StudioCanal, la Cinémathèque française et la Fondazione Cineteca de Bologna, en collaboration avec Compass Film et Ohonte Film, avec le soutien de Chanel et du CNC.
En 1973 les producteurs imposent à Luchino Visconti des coupes drastiques. Malgré l’opposition du réalisateur, le film sort avec un montage différent amputé de 22 minutes. En 1978, la société Ohonte Film, créée pour l’occasion et regroupant les principaux collaborateurs du réalisateur, réussit à racheter aux enchères les droits et le matériel du film après la faillite de la société de production. Un long travail commence alors pour la reconstruction du film et, en septembre 1980, le film sort enfin dans sa version originale telle que Luchino Visconti l’avait conçue.
Les travaux de restauration image et son ont été réalisés au laboratoire L’Image Retrouvée (Paris-Bologne) à partir du négatif original 35 mm. Ce projet a été supervisé par l’équipe de Studiocanal, Sophie Boyer et Jean-Pierre Boignet. Daniel Nannuzzi a supervisé l’étalonnage.

Image : copie UHD, excellente définition, piqué sur les gros plans et les détails, texture argentique fine (tourné en 35 mm Panavision, Master Format 4K 2022), image propre très bien nettoyée, gestion HDR des contrastes avec une belle restitution des basses lumières, noirs soutenus, étalonnage chatoyant, colorimétrie chaude avec une palette chromatique riche en teintes vives et tons saturés (rouge, jaune), compression maitrisée

Son : mixage monophonique 2.0 italien, dialogues clairs mais postsynchronisés par d’autres acteurs ! (Giancarlo Gianni : Ludwig, Maria Pia di Meo : Sissi, Renzo Montagnani : Wagner, Livia Giampalmo : Sophie), voix claires mais mixées en avant, belle dynamique sur les ambiances et la musique (extraits de Richard Wagner et de Robert Schumann) ; VF monophonique 2.0, claire et dynamique, doublage soigné avec la vraie voix de Romy Schneider mais avec un léger bruit de fond