Nosferatu, une symphonie de l'horreur : un classique du cinéma de vampire (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (5/5)

Synopsis

En 1838 à Wisborg, Thomas Hutter, un jeune clerc de notaire ayant fait un heureux mariage avec Ellen, doit partir pour la Transylvanie afin de vendre une maison de la ville au comte Orlok. Le jeune homme est accueilli dans un sinistre château par le comte qui décide d’acquérir le bâtiment proche de la maison du couple. Hutter, hôte du comte, ne tardera pas à découvrir la véritable nature de celui-ci…

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• Titre original : Nosferatu, eine Symphonie des Grauens
• Support testé : Blu-ray
• Genre : horreur
• Année : 1921
• Réalisation : Friedrich Wilhelm Murnau
• Casting : Max Schreck, Gustav Von Wangenheim, Greta Schröder, Georg H. Schnell, Ruth Landshoff, Alexander Granach, Gustav Botz
• Durée : 1 h 34 mn 58
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,33/1 Noir et Blanc teinté
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : DTS-HD MA 5.1 et 2.0 musique
• Bonus : combo en boîtier métal Futurepak avec le Blu-ray et le DVD du film - Histoire(s) de Nosferatu, entretien avec Brigitte Bergstrom (VOST, 2022, 23 mn 08) - analyse de séquences : cinq scènes commentées par Philippe Rouyer 2022, 55 mn 10) - Le Language des ombres - Murnau : les débuts et Nosferatu, de Luciano Berriatua (VOST, Die Sprache der Schatten, 2007, 52 mn 41) - entretien avec Jacques Sirgent, historien et spécialiste des vampires (14 mn 04) - Le Vampire de Jean Painlevé (1945, 8 mn 42)
• Éditeur : Potemkine

Commentaire artistique

En 1922, Friedrich Wilhelm Murnau exprime avec un talent artistique rare son attachement au cinéma à contre-courant et au genre fantastique avec son film muet Nosferatu, une symphonie de l’horreur (Nosferatu, eine Symphonie des Grauens) dont le scénario d’Henrik Galeen adapte le célèbre roman épistolaire de Bram Stoker « Dracula » (1897). Ne disposant pas des droits, la production (Prana Film d’Albin Grau) doit modifier divers éléments : les lieux, les noms propres des personnages (comte Orlock Nosferatu pour Dracula, Thomas Hutter pour Jonathan Harker, Knock pour R.M. Renfield, Ellen Hutter pour Mina Murray, etc.). Mais rien n’y fait : un procès perdu en 1925 ordonne la destruction de toutes les copies du film. Fort heureusement, même si le négatif original a été détruit, le jugement ne sera pas intégralement appliqué… et des copies cachées vont permettre de sauver ce chef-d’œuvre du cinéma défendu par les Surréalistes. Pour incarner Nosferatu (le diable «innommable» en roumain), le comte Orlok, F.W. Murnau peut compter sur l’interprétation saisissante et marquante d’un acteur de théâtre et de cinéma, au physique suggestif, Max Schreck. Les décors et les costumes sont dus au talent du producteur Albin Grau qui était un adepte d’occultisme. Le film bénéficie cependant d’un tournage partiel en extérieur à Wismar et Lübeck et, comble d’authenticité, dans les Carpates, notamment aux châteaux d’Orava et de Čachtice (résidence de la comtesse Élisabeth Báthory). Féru d’innovation F.W. Murnau utilise divers procédés dramatiques comme la vue en négatif et la couleur (pellicule teintée en jaune, bleu, rose). Le film est accompagné par une partition en grande partie composée par Hans Erdmann et qui a été reconstituée intégralement pour la restauration. Le réalisateur a toujours souligné que son film ne relevait pas du courant expressionniste défendu dans les années 1920/30 par les plus grands cinéastes allemands comme Fritz Lang, Paul Wegener, Robert Wiene, Paul Leni, etc. Mais Nosferatu, une symphonie de l’horreur a cependant exploité certaines composantes du cinéma expressionniste : le travail sur les éclairages, les ombres (main de Nosferatu), les cadrages (arcs, portes, fenêtres), le jeu appuyé des acteurs, leur maquillage, le romantisme des situations (voyage initiatique). Analysé à l’infini, ce film, qualifié à juste titre de « poème métaphysique » (Jacques Lourcelles), est ponctué de symboles en rapport avec la Nature et ses règnes, humain, animal, végétal, selon une polyphonie visuelle et signifiante qui accompagne les méfaits du vampire. C’est dans ce film qu’est décrite pour la première fois la destruction du vampire par la lumière du jour, une caractéristique qui n’était pas présente dans le roman de Bram Stoker. Considéré comme un des grands classiques du cinéma mondial, Nosferatu, une symphonie de l’horreur a bénéficié d’une ultime restauration qualitative qui permet de découvrir ou de revoir ce chef-d’œuvre tel que l’avait conçu F.W. Murnau. À condition d’accepter les codes du muet, qui se traduisent par le jeu excessif des comédiens et par l’enchainement de scènes plutôt statiques (compensé par le brio du montage), les apparitions de la créature, le comte Orlok (9 minutes au total !), sont toujours aussi fascinantes et parviennent presque à inspirer l’effroi. Pour sa richesse artistique et symbolique, ce classique, «ponctuellement» expressionniste et modèle du film de vampire, demeure une œuvre incontournable du genre.

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Commentaire technique

Le film a été restauré en 2005 par Luciano Berriatua pour la fondation Murnau (Wiesbaden). Une copie nitrate de la Cinémathèque française avec des intertitres français a servi de base à la restauration. Les plans manquants ont été repris d’une copie de secours de 1939 conservée à la Bundesarchiv-Filmarchiv de Berlin destiné à l’export en Tchécoslovaquie ainsi que d’une copie nitrate de la Cinémathèque française exploitée en 1930 sous le titre Die Zwölfte Stunde. Les intertitres allemands viennent d’une copie de secours de 1962 réalisée à partir d’un négatif de 1922. Les intertitres manquants ont été reproduits par TrickWilk (Berlin), dans le style de l’époque en accord avec la Fondation Murnau. Travaux sur la copie par L’Immagine Ritrovata, Bologne

Image : copie HD, bonne définition au piqué variable selon des sources, texture argentique fine (tournage en 35 mm avec caméras Debrie Le Parvo, Master Format 2K restaurée 2005), copie projetée à la bonne cadence de 18i/s, les défauts sont nombreux (rayures multiples, taches), l’étalonnage a respecté les teintes des séquences en couleurs primaires, la colorimétrie est vive en aplat avec des tons saturés

La reconstruction de la musique originale de 1921 composée par Hans Erdmann a été faite par Berndt Heller. Elle est interprétée par l'orchestre symphonique de la radio de Sarrebruck sous la direction de Berndt Helle
Son : mixage 5.1, musique, prise de son moderne offrant une belle dynamique et une spatialisation orchestrale solide avec un usage efficace des surrounds et du LFE