Le Diable probablement : Bresson prémonitoire (en Blu-ray)

Note artistique : (3,5/5)

Synopsis

Un groupe de jeunes se révolte contre la société, destructrice de la nature, décadente et sans espoir. Parmi eux, Charles, vingt ans, un pur romantique, cherche un sens à sa vie. Mais ses problèmes sentimentaux mêlés à sa difficulté d'exister le plongent bientôt dans un profond désespoir… Dans ce film, Robert Bresson interroge remarquablement la société de consommation.

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• Titre original : Le Diable probablement
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1977
• Réalisation : Robert Bresson
• Casting : Antoine Monnier, Tina Irissari, Henri de Maublanc, Laetitia Carcano, Nicolas Deguy, Régis Hanrion, Geoffroy Gaussen, Roger Honorat
• Durée : 1 h 36 mn 30
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1
• Sous-titrage : français, anglais
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique français
• Bonus : Le Diable... certainement, documentaire inédit avec les interventions de Gabriela Trujillo, essayiste, directrice de la Cinémathèque de Grenoble, Henri de Maublanc, acteur, et Eric Deroo, réalisateur et assistant sur le film (2022, 52 mn 45) - Le Diable probablement restauré (2 mn 33)
• Éditeur : Gaumont

Commentaire artistique

Couronné par un Ours d’argent à Berlin en 1977, Le Diable probablement est l’avant-dernier long-métrage de Robert Bresson. Ce film ne déroge pas à sa conception singulière du «cinématographe» selon laquelle il défend l’art de l’écriture par l’image et le son et qu’il distingue clairement du cinéma jugé, sévèrement, comme du théâtre filmé. Cette approche cinématographique, qui le hisse parmi les grands maîtres du 7ème Art, peut déconcerter et déstabiliser un spectateur habitué aux réalisations classiques qui, paradoxalement, peuvent paraître plus naturelles. Ainsi, comme à son habitude, Robert Bresson réalise Le Diable probablement avec des acteurs non professionnels (ses « modèles ») qui ne jouent pas mais se contentent d’être eux-mêmes dans une mise en scène dépouillée d’artifice, excluant tout mouvement sophistiqué de caméra et faisant part égale aux images et aux sons. Dans ce film qu’il a écrit, un de ses rares scénarios originaux, le cinéaste développe des propos très prémonitoires sur le désastre écologique et le déclin de la civilisation dans l’indifférence générale. De nombreux thèmes sont abordés par le biais d’une intrigue construite autour de Charles (Antoine Monnier), mort au cimetière du Père-Lachaise, de ses amies, Alberte (Tina Irissari) et Edwige (Laetitia Carcacno), et de son pote militant Michel (Henri de Maublanc) débattant à l’infini des désastres planétaires en cours. L’apparente artificialité de l’interprétation et le lissage de la réalisation, surtout attentive au développement narratif et aux détails anodins, rendent unique Le Diable probablement. A l’instar de tous les autres longs métrages de Robert Bresson, ce film, est un anti-spectacle qui impose au spectateur la nécessité d’une analyse, ce qui n’est pas évident, et qui a été tout de même qualifié de « film majeur » par Rainer Werner Fassbinder. Le Diable probablement est une œuvre visionnaire sur l’angoisse suscitée par les dérives de notre société : un demi-siècle après sa sortie les interrogations posées sont plus que jamais d’actualité et incitent à voir ou revoir ce manifeste pas comme les autres.

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Commentaire technique

Image : copie HD, bonne définition et piqué sur les détails, texture argentique très présente mais homogène (tournage en 35 mm, Master Format 4K), film scanné et restauré en 4K en 2021, contraste variable selon les séquences, image propre, étalonnage froid aux teintes manquant de vivacité, colorimétrie naturaliste, tons à la saturation variable

Son : mixage français 2.0 monophonique, dialogues clairs sans distorsion, mixage équilibré, léger bruit de fond, bonne dynamique