Caïn et Abel : frères ennemis aux Philippines (en Blu-ray et DVD)
Note artistique : 
(3,5/5)
Synopsis
Madame Pina règne d'une main de fer sur la ferme familiale, gérée au quotidien par son fils aîné Lorenz. Méprisé par sa mère depuis sa plus tendre enfance, ce dernier vit dans l'ombre de son frère cadet, Ellis, parti faire des études à Manille. Lorsque celui-ci débarque avec sa fiancée venue de la ville en réclamant de reprendre la direction de la ferme, le destin de la famille va basculer dans l'horreur et dans la guerre fratricide…
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• Titre original : Cain at Abel
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1982
• Réalisation : Lino Brocka
• Casting : Christopher De Leon, Phillip Salvador, Carmi Martin, Cecille Castillo, Baby Delgado, Mona Lisa, Ruel Vernal, Michael Sandico
• Durée : 1 h 50 mn 58
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 monophonique tagalog/anglais
• Bonus en VOST : Caïn et Abel : une reconnaissance, essai réalisé par José B. Capino, auteur et professeur à l'université de l'Illinois (2022, 11 mn 57') - entretien via Zoom avec Christopher De Leon (décembre 2021, 15 mn 52) - entretien via Zoom avec Carmi Martin (décembre 2021, 13 mn 12) - bande annonce de la restauration (1 mn 01)
• Éditeur : Carlotta Vidéo
Commentaire artistique
Cinéaste philippin renommé, Lino Brocka a été remarqué à Cannes où il présentait régulièrement des films mémorables sur la société de son pays comme Insiang (1976) et Bayan ko: Kapit sa patalim (1984). Son parcours étonnant, avant le passage à la réalisation dans les années 70, débute par une mission dans une léproserie pour se poursuivre par une carrière théâtrale. En 1982, il dirige le thriller Caïn et Abel d’après un scénario de Ricardo Lee qui transpose, très librement, l’épisode biblique des deux frères ennemis, incarnés par Christopher De Leon (Ellis) et Phillip Salvador (Lorenzo), les fils de la très autoritaire Senyora Pina, interprétée avec force par l’actrice Mona Liza. Autour de ce noyau familial déchiré par les passions et par des intérêts contraires, plusieurs femmes, interprétée par trois actrices remarquables, tiennent une place essentielle : Zita, la fiancée sexy d’Ellis (Carmi Martin, cf. bonus), Rina, la bonne engrossée par Ellis (Cecille Castillo) et Becky, l’épouse enceinte de Lozenzo (Baby Delgado). Quoique l’action mélodramatique se cantonne à la cellule familiale, avec toutes les relations passionnelles qui les sous-tend, ainsi qu’à la description des hommes de main qui épaulent Ellis et Lorenzo, le thriller Caïn et Abel peut être analysé comme une critique lointaine du régime présidentiel dictatorial de Ferdinand Marcos gangréné par la violence et la corruption. Comme le souligne José B. Capino (cf. bonus), la «guerre» entre les frères symbolise celle menée par les fascistes de Marcos avec les opposants au régime. Cet antagonisme fratricide est traité par Lino Brocka avec son brio habituel de mise en scène à la fois ultraviolente et hypertrophiée. Son film commence par exposer tous les enjeux familiaux et économiques en présence résultant de la position de la matriarche inflexible vis-à-vis de ses fils. Cette injustice manifeste provoquera une dissension irréversible, malgré la douceur des autres femmes qui tentent, en vain, de calmer le jeu. Puis le thriller s’achemine vers une fin paroxysmique, concrétisant la tragédie qu’on pressentait, par un déchainement inouï de sauvagerie dont la référence explicite est clairement annoncée : Les Chiens de paille (1971) de Sam Peckinpah. Cette influence américaine, revendiquée par le cinéma de Lino Brocka et facteur de renouveau du cinéma brésilien (cf. bonus), déséquilibre d’ailleurs quelque peu le film en négligeant l’allégorie biblique au profit du thriller d’action qui avantage les scènes brutales de justice expéditive. Caïn et Abel est un thriller philippin qui mérité d’être découvert.
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Commentaire technique
Transfert à partir de la seule copie 35 mm existante détenue par les archives du film ABS-CBN. Le film a été numérisé sur un scanner Blackmagic Cintel en 4K et restauré en 2K au Central Digital Lab de Manille en 2016. Bien que présenté au Festival du film de San Sebastian en 1982 dans un format d'image de 1,33/1, des preuves indiquent que le film a été sorti aux Philippines dans un format 1,85/1 qui a été retenu pour la restauration. En raison de la source disponible et des limites de la restauration, il subsiste encore des défauts de gauchissement et de distorsion.
Image : copie HD, définition et piqué variables selon les scènes, fluctuations au centre de l’image, texture argentique prononcée (tournage en 35 mm, Master Format 2K restauré), contraste fort avec scènes parfois légèrement surexposées, noirs soutenus, étalonnage naturaliste, couleurs vives avec dominante bleutée, tons légèrement désaturés
Son : mixage tagalog 2.0 monophonique, dialogues clairs avec saturation ponctuelle, excellente dynamique avec insistance sur le haut du spectre pour certains dialogues et la musique de Max Jocson
Notre avis
Image : (3/5)
Mixage sonore : 
(4/5)
Bonus : (3/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0317210/
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