Le Désert rouge : la quintessence de l’art de Michelangelo Antonioni (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (4/5)

Synopsis

Mariée à un riche ingénieur, Giuliana est sujette à de fréquentes crises d'angoisse. Dans la banlieue industrielle de Ravenne, elle cherche le réconfort auprès de Corrado, un collègue de son mari venu recruter de la main-d’œuvre…

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• Titre original : Il Deserto rosso
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1964
• Réalisation : Michelangelo Antonioni
• Casting : Monica Vitti, Richard Harris, Carlo Chionetti, Xenia Valderi, Rita Renoir, Lili Rheims, Aldo Grotti, Valerio Bartoleschi, Emanuela Pala Carboni
• Durée : 1 h 57 mn 20
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : DTS-HD MA 1.0 monophonique italien
• Bonus : collection édition prestige limitée n° 21 avec le combo Blu-ray et DVD du film - la reproduction du dossier de presse du film - un jeu de 10 photos collector - l'affiche du film (40 x 60) - un marque-page
• Bonus sur le Blu-ray : Le Désert et l'oasis, retour sur le film illustré par un texte de Jean-Louis Comolli, paru dans Les Cahiers du Cinéma n° 159, octobre 1964 (SD, 2006, 12 mn 32) - Le(s) Sens suspendu(s), entretien avec Clotilde Simond, enseignante et auteure de «Esthétique et schizophrénie» (SD, 2006, 17 mn 45) - Les Écrans de la ville, entretien avec Michelangelo Antonioni réalisé par Colette Thiriet, le 12 novembre 1964 (INA, 12 mn 03) - rushes (6 mn 26) - bande annonce originale (HD, 3 mn 53) - bande annonce 2022 (HD, 1 mn 26)
• Éditeur : Carlotta Films

Commentaire artistique

Dans la collection édition prestige, le coffret n° 21, limité à 2000 exemplaires et proposant le Blu-ray et le DVD du film ainsi que divers goodies, est consacré à l’œuvre cinématographique Le Désert rouge réalisée par Michelangelo Antonioni en 1964 et couronnée par Le Lion d’or à la Mostra de Venise. Si cette édition propose un nouveau Master restauré en 4K, les bonus vidéo sont entièrement repris du DVD édité en 2006. Michelangelo Antonioni démarra sa carrière de cinéaste dans le domaine très formateur du documentaire dont il conservera le goût pour le réalisme des histoires et la rigueur formelle. Pour ce cinéaste reconnu comme un des maîtres incontestés du cinéma mondial, Le Désert rouge constitue une de ses films emblématiques : le premier opus après une «trilogie» débutée avec L’Avventura (1960) et poursuivie avec La Nuit (1961) et L’Éclipse (1962). Contrairement aux précédents, Le Désert rouge est le premier film en couleurs du réalisateur et l’aboutissement de ses recherches esthétiques. La couleur est retenue pour son pouvoir émotionnel, ce qui se traduit par une palette expressionniste, alors que le récit s’attache au désarroi névrotique de Giulana, jouée par la belle Monica Vitti actrice fétiche de la trilogie et compagne du cinéaste : l’intrigue est racontée uniquement de son point de vue névrotique et autodestructeur. Le cinéaste exprime la vacuité de l’univers qu’il décrit picturalement : « je veux inventer les couleurs » dira-t-il et poussera son sens de la métaphore jusqu’à faire peindre la végétation (cf. bonus). Il use du zoom pour obtenir l’abolition de la perspective et joue d’un découpage habile combinant le plan-séquence et la quasi abstraction formelle d’un montage fragmenté. Cette approche décontenance car, contrairement aux conventions du 7e Art, Michelangelo Antonioni accorde la même importance aux décors et aux personnages. Le Désert rouge offre ainsi la quintessence du style «antonionien » et des recherches entreprises par son auteur : supériorité de l’ambiance sur la narration, non-respect de la continuation dramatique, progression par ellipses, actions en hors champ, absence de la temporalité classique, temps «dilaté» rythmé par des temps morts hors action mais tout aussi décisifs. La surprenante et enrichissante modernité du cinéma de Michelangelo Antonioni exprimée avec maestria dans Le Désert rouge a largement été décryptée et analysée comme un jalon essentiel de l’art cinématographique. C’est dire si sa vision est recommandée, d’autant que la restauration est digne de cette œuvre majeure. Un film troublant et anticonformiste qui n’avait pas su convaincre le public à sortie, mais qui mérite absolument la vision. Indispensable.

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Commentaire technique

Le Désert rouge a été restauré en 4K à partir des négatifs 35 mm originaux mis à disposition par RTI-mediaset. La restauration a été effectuée en 2017 au Centro Sperimentale di Cinematografia de la Cineteca Nazionale et à l’Istituto Luce de Cinnecittà. Travaux faits par le laboratoire Fotocinema : étalonnage supervisé par Luiciano Tovoli AIC ASC et restauration du son par Federico Savina

Image : copie HD, nouvelle restauration 4K, bonne définition mais piqué amoindri par la texture argentique très visible mais homogène (tournage en 35 mm, Master Format 2017 4K), image propre affectée d’une très légère instabilité, contraste sans excès qui manque parfois de vivacité, étalonnage chaud (les diverses éditions de ce film possèdent des étalonnages très différenciés allant du froid de l’édition BFI au plus neutre de celle de Criterion), colorimétrie pimpante aux teintes vives et tons saturés

Son : mixage italien 1.0 monophonique, dialogues clairs un peu artificiel (Richard Harris est doublé), excellente dynamique sur toutes les ambiances fortes de l’usine, pas de souffle ou de distorsion