La Cinquième colonne 4K : un thriller remarquable splendidement restauré (en UHD et Blu-ray)

Note artistique : (4,5/5)

Synopsis

En 1940, un ouvrier américain est accusé d'avoir saboté une usine d'armements. Aidé d'une jeune femme, il parcourt les États-Unis pour démasquer le véritable coupable, un agent nazi…

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• Titre original : Saboteur
• Support testé : UHD
• Genre : thriller
• Année : 1942
• Réalisation : Alfred Hitchcock
• Casting : Priscilla Lane, Robert Cummings, Otto Kruger, Alan Baxter, Clem Bevans, Norman Lloyd, Alma Kruger, Vaughan Glaser
• Durée : 1 h 48 mn 49
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,33/1 Noir et Blanc (HDR10, Dolby Vision)
• Sous-titrage : français, anglais, danois, néerlandais, finnois, allemand, italien, japonais, espagnol (Amérique Latine), norvégien, suédois
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais - DTS 2.0 monophonique français, allemand, italien, japonais
• Bonus : Cinquième colonne : étude approfondie (Saboteur : A Closer Look, 35 mn 06) - story-boards (3 mn 41) - croquis d’Alfred Hitchcock (1 mn 11) - photographies de tournage (7 mn 31) - film annonce (1 mn 54)
• Éditeur : Universal Pictures France

Commentaire artistique

Invité par David O. Seznick à venir travailler à Hollywood, Alfred Hitchcock arrive aux USA en 1939 avec toute sa famille. Il va réaliser plusieurs films remarquables comme Rebecca (1940) et Soupçons (1941) avant d’entamer sa première collaboration avec Universal par un film qui lui tenait à cœur mais ne plaisait pas au producteur David O. Seznick, Saboteur en VO ou La Cinquième colonne en VF. Le cinéaste devra alors se contenter de diriger Robert Cummings et Priscilla Lane au lieu de Gary Cooper et Barbara Stanwyck, un choix imposé qu’il regrettera mais qui, au final, n’a rien enlevé à la qualité de son thriller. Si l’idée originale de l’intrigue lui revient, le scénario a été écrit par trois scénaristes, dont Dorothy Parker (femme de lettres devenue en 1928 un très brillante dialoguiste) qui s’occupa du contenu «patriotique» des tirades du héros. Structurellement, La Cinquième colonne semble reprendre les recettes de l’excellent Les 39 Marches (1935) mêlant espionnage, innocent accusé à tort et road-movie ponctué de rencontres mémorables. Ainsi Barry Kane (Robert Cummings) va croiser la route d’un camionneur sympathique (Murray Alper), d’un aveugle bienveillant Philip Martin (Vaughan Glaser) et de sa nièce Pat moins convaincue (Priscilla Lane) et de toute une caravane de cirque (femme à barbe, siamoises, etc.) aux personnages typés et amicaux (excepté le plus petit d’entre eux). Si dans ce film, les méchants allemands ne sont jamais cités selon la volonté du cinéaste de rester dans le vague, cela n’empêche pas que ses vilains soient très étudiés et malicieusement situés dans le haut de la société comme, par exemple, Charles Tobin (Otto Kruger excellent) si « charmant » avec sa fillette au bord de la piscine. Pour son premier rôle Norman Lloyd incarne le saboteur sadique qui aura maille à partir avec le héros en haut de la statue de la Liberté (reconstruite partiellement en studio) dans une scène qui annonce celle de Sueurs froides (1959, une sorte de remake) aux Monts Rushmore. Pour cette scène le cinéaste regrettera plus tard avoir placé le saboteur dans une situation dramatique qui détourne la sympathie du public pour le héros. Il est d’ailleurs intéressant de noter que toute la mise en scène deLa Cinquième colonne est basée sur la tromperie des apparences : extincteur mortel, aveugle qui « voit », condamnation du héros pour son « physique » de saboteur, etc. Dans ce film, Alfred Hitchcock démontre qu’il est toujours à la recherche de nouvelles approches même si il se souvient de ses films de sa période anglaise : il use des effets spéciaux inventés pour l’occasion (perspective forcée, fausse chute dans le vide sur fond noir), multiplie des versions de certaines scènes ou saisit une opportunité du moment (le bateau renversé était le Normandie qui avait brûlé dans le port de New-York) sachant qu’il va sublimer le tout au montage. Son habituel caméo étant jugé inapproprié par la censure est remplacé par une vue furtive devant un magasin, ce qui ne l’a pas empêché de semer son film de touches caustique et de piques contre les autorités pour finir, en apothéose, dans la métaphore qui voit la tyrannie (espions étrangers) battue par la démocratie américaine sur l’emblème national de la statue de la Liberté ! Humour, action, scènes mémorables et personnages attachants, La Cinquième colonne est un road-movie fascinant et divertissant, un chef-d’œuvre du maître, à ne rater sous aucun prétexte dans sa superbe restauration 4K.

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Commentaire technique

Image : copie UHD, nouveau Master UHD, excellente définition qui ne faiblit qu'avec les effets spéciaux (Matte Painting), piqué très spectaculaire rarement pris en défaut, texture argentique homogène et discrète (tournage en 35 mm, Master Format 4K), superbe contraste en HDR avec des noirs très denses, des gris harmonieux et des blancs très lumineux, image très bien nettoyée et stabilisée

Son : mixage anglais 2.0 monophonique (identique au Blu-ray sorti en 2012 et joint au combo), dialogues clairs et équilibrés, pas de distorsion, très bonne dynamique sur les ambiances (urbaine, route) et la musique affirmée de Frank Skinner ; VF 2.0 monophonique, claire, dynamique, doublage ancien et soigné mais limité aux extrémités du spectre sonore