Dementia : un film énigmatique et inclassable (en Blu-ray et DVD)
Note artistique : 
(3,5/5)
Synopsis
Une jeune femme s'éveille d'un cauchemar dans la chambre d'un hôtel miteux. Elle quitte l'hôtel et erre dans les rues de Los Angeles en pleine nuit. Sa déambulation l'amène à faire des rencontres de plus en plus étranges. La frontière entre rêve et réalité s'amenuise à la faveur des hallucinations et de la paranoïa.
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• Titre original : Dementia
• Support testé : Blu-ray
• Genre : fantastique, drame
• Année : 1955
• Réalisation : John Parker, Bruno VeSota
• Casting : Adrienne Barrett, Bruno VeSota, Ben Roseman, Richard Barron, Ed Hinkle, Gayne Sullivan, Jebbie VeSota, Shorty Rogers
• Durée : 56 mn 00
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 monophonique musique
• Bonus : présentation de Joe Dante (2 mn 27) - Dementia, entre avant-garde et exploitation par Maxime Lachaud (2022, 12 mn 36) - Before and After : Restoring Dementia (3 mn 13) - Daughter of Horror, version d'exploitation du film non restaurée avec voix off (VOST, 1955, 55 mn 13)
• Éditeur : Potemkine
Commentaire artistique
Dementia est un film anticonformiste et transgressif, qualifié de thriller onirique, sur le thème de l’aliénation mentale. Ce court-métrage de 56 minutes a été écrit et réalisé par John Parker, dont la famille gérait des salles de cinéma de Portland. Ce fut son seul film et l’idée de départ aurait été inspirée par un cauchemar de sa secrétaire Adrienne Barrett qui va d’ailleurs incarner le rôle principal de « la gamine » dans l’intrigue. Classé dans les séries B d’horreur, Dementia dépeint une psychopathe féminine avec une férocité peu acceptable dans les années 50 : le film sera d’ailleurs refusé comme indécent par le New York State Film Board en 1953. C’est un film qui déroute car il est difficile à classer en raison de ses sources diversifiées allant des codes du film noir et des clichés du film d’horreur aux recherches propres au film d’auteur. Projeté une seule fois en 1953 dans une salle de New York, il ne sera montré en projection commerciale qu’à partir de 1955 après censure, puis réédité en 1957 sous le titre Daughters of Horror (cf. bonus), assorti d’un commentaire psychanalytique pompeux (dit par Ed McMahon) lorsque Jack H. Harris en a acheté les droits. Pour la petite histoire, c’est dans un film produit par ce dernier, Danger planétaire (The Blob, 1958) avec Steve McQueen, que les spectateurs de Phoenixville en Pennsylvanie vont au cinéma voir Dementia. Le film de John Parker a été largement soutenu par Bruno VeSota qui tout en étant un des acteurs principaux - il joue l’homme fortuné - a également été un des coproducteurs et scénariste : il indiquera que le tournage fut en parti improvisé. Le casting réunit aussi son épouse Jebbbie, qui joue la marchande de fleurs, Ben Roseman, qui incarne le père de la gamine et, conjointement, un policier au sourire énigmatique, et Angelo Rossito, acteur emblématique de Freaks (1932) qui interprète le nain vendeur de journaux. Le thème de Dementia, aux accents freudiens, est pour le moins avant-gardiste puisqu’il a été perçu comme féministe dans la mesure où son sujet a pu être analysé comme une critique de la violence faite aux femmes dans une société patriarcale, même si sa forme ambiguë déconcerte. Pour renforcer l’étrangeté de sa conception, Dementia est totalement dépourvu de dialogue et ne comprend que quelques sons d’ambiance et une musique lancinante de George Antheil accompagnées des vocalises singulières de Marni Nixon. Ce parti pris (complètement éliminé dans la version 1957) est défendu par la photographie plutôt expressionniste de William C. Thompson, le directeur de la photo attitré d’Ed Wood, qui joue sur la profondeur de champ et sur les éclairages très contrastés renforcant l’atmosphère ténébreuse de l’intrigue. Le film a été partiellement tourné dans la ville de Venice dans les mêmes décors urbains saisissant qui serviront de cadre à Touch of Evil (Orson Welles, 1958) et Night Tide (Dennis Hopper, 1961). La dimension psychanalytique du récit et la démence de son héroïne sont largement développé par de nombreuses séquences cauchemardesques fortement symboliques (cimetière) qui fleurtent aussi avec le fantastique (journal baladeur) et peuvent être mise en correspondance avec de très rares films contemporains comme Carnival of Souls (Herk Harvey, 1962). Défini comme une œuvre d’art par Preston Sturges et hallucinogène par John Waters, Dementia n’est plus le choc promis par la presse des années 50. Mais, avec le recul, si la violence du récit a perdu de son agressivité, encore que son étrangeté ne déçoit jamais, la qualité de ses recherches visuelles et sonores, entre surréalisme et démence psychotique méritent toujours d’être appréciées : un film expérimental et culte digne d'intérêt.
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Commentaire technique
La restauration (cf. bonus), qui date de 2015, a été réalisé par la BFI
Image : copie HD, bonne définition et piqué appréciable sur les gros plans (nombreux) de visage, texture argentique homogène (tournage en 35 mm, Master Format 2K), image débarrassée de ses défauts, excellent maitrise du contraste dans les multiples plans en basse lumière et éclairages tranchés, noirs soutenus, blancs nuancés, échelle de gris très harmonieuse
Son : mixage musical 2.0 monophonique, pas de profondeur mais une excellente dynamique sur la composition singulière de George Anthell et, pour la séquence dans le club de jazz, avec les « New Concepts in Modern Sounds » de Shorty Rogers and his Giants, pas de distorsion ou de saturation
Notre avis
Image : (4/5)
Mixage sonore : 
(3,5/5)
Bonus : (4/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0047976/
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