La Fille du diable : drame d’après-guerre sur une usurpation d’identité (en Blu-ray et DVD)
Note artistique : (3,5/5)
Synopsis
Célèbre criminel en fuite, Saget est pris en voiture par Ludovic Mercier, un homme qui revient dans son village natal après 25 ans d'exil fructueux aux États-Unis. Mais Mercier est ivre et le véhicule dérape. Si l'automobiliste meurt dans l'accident, Saget survit et décide d'usurper l'identité du mort. Accueilli en fanfare par tous les villageois, il trompe ses compatriotes à l'exception de la mystérieuse Isabelle, surnommée «Fille du diable»…
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• Titre original : La Fille du diable
• Support testé : Blu-ray
• Genre : policier, drame
• Année : 1946
• Réalisation : Henri Decoin
• Casting : Pierre Fresnay, Fernand Ledoux, Thérèse Dorny, Pierre Juvenet, Robert Seller, Paul Frankeur, Nicolas Amato, André Wasley, Andrée Clément
• Durée : 1 h 39 mn 27
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : français, anglais
• Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 monophonique français
• Bonus : édition limitée à 3000 exemplaires avec le Blu-ray (1 h 39 mn 27) et le DVD (1 h 35 mn 30) du film - Entre l'Occupation et l'après-guerre, entretiens avec Yves Desrichard et Didier Griselain (2022, 34 mn 13) - Fin alternative : épilogue optimiste voulue par les producteurs mais pas retenue en 1946 par le réalisateur (2 mn 18)
• Éditeur : Pathé !
Commentaire artistique
La Fille du diable, au titre alternatif explicite La Vie d’un autre, est film réalisé par Henri Decoin en 1946 qui en a aussi coécrit le scénario avec Alex Joffé et Marc-Gilbert Sauvagon (dialogues). Tourné à la fin de la seconde guerre mondiale, ce drame bénéficie d’un casting prestigieux, d’une belle photographie en noir et blanc signée Armand Thirard et d’une musique énergique d’Henri Dutilleux. Henri Decoin, cinéaste éclectique, est un des réalisateurs français majeurs dont la carrière entre 1931 et 1964 est jalonnée de films remarquables. La Fille du diable n’est pas une de ses œuvres majeures, mais son intrigue singulière et sa mise en scène ne manquent pas d’intérêt. Il a été observé que le scénario reprend le thème de la double identité déjà exploité dans un autre de ses films Le Bienfaiteur (1942) avec Raimu et qu’il s’inscrit dans ce cinéma naturaliste de mœurs qui s’était développé sous l’Occupation. Le tableau de la vie provinciale étriquée avec ses notables comme le docteur (Fernand Ledoux), le curé, le maire (Robert Seller) est suffisamment âpre même s’il n’a jamais l’intensité d’un film noir. Le personnage du gangster Saget, se faisant passer pour un ancien du village Ludovic Mercier, est incarné avec détermination par Pierre Fresnay qui doit convaincre sa (fausse) tante Hortense, finement jouée par Thérèse Domy, de son retour. Les paquets de dollars détenus par le nouveau venu serviront à monnayer sa nouvelle existence et révéler la mentalité hypocrite des notables. Le duo exceptionnel formé par Fernand Ledoux (excellent en habile manipulateur) et Pierre Fresnay (plus crédible en personnage sympa qu’en méchant) est superbement servi par la qualité de ses dialogues ciselés. Au côté de ces grands acteurs, une jeune actrice tire son épingle du jeu, Andrée Clément. Dans ce troisième film de sa courte carrière, interrompue par la maladie (elle meurt à 35 ans en 1954), elle monopolise l’attention en interprétant Isabelle, une jeune fille en révolte permanente contre des villageois étriqués et qui sera mise au ban d’une société corrompue par ses préjugés. Avec beaucoup d’aplomb et de force, l’actrice compose ce caractère hors du commun capable d’une violence peu ordinaire qui ajoute à celle qui sous-tend toute l’intrigue. Tout le talent d’Henri Decoin est de permettre à la multitude de ses personnages d’exister sur l’écran : épaulant le trio principal, tous les rôles secondaires possède une consistance qui renforce le naturalisme de la description, passées les premières séquences, entre Le Jour se lève (1939) et la série B américaine, quand le film fusionne la critique sociale et la noirceur du drame. Le scénario de La Fille du diable joue manifestement sur les séquelles de l’Occupation en faisant d’Isabelle, incarnation d’une jeunesse marginale, la cible idéale d’une société bourgeoise déliquescente. Cette noirceur manifeste, souhaitée par Henri Decoin, a failli être écartée par une conclusion optimiste (cf. fin alternative) mais cette initiative préjudiciable de la production n’a heureusement pas été retenue par le réalisateur. Très bien restaurée, La Fille du diable est un drame d’après-guerre qui mérite d’être vu pour sa superbe interprétation.
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Commentaire technique
La restauration a été effectuée en 2021 par Pathé en 4K à partir des négatifs originaux nitrates et effectuée au laboratoire Hiventy pour la partie image et L.E. Diapason pour la partie son.
Image : copie HD, version restaurée, très bonne définition et piqué sur les détails, texture argentique homogène très visible surtout dans les scènes en studio (tournage en 35 mm, Master Format 2021 4K), bonne gestion du contraste même si une bonne partie du film se déroule en basse lumière, noirs soutenus, gris harmonieux, blancs détaillés, image propre, compression fluide
Son : mixage français 2.0 monophonique, dialogues clairs et sans saturation, très bonne dynamique sur les scènes d’action et la musique appuyée d’Henri Dutilleux, haut du spectre limité dans les aigus
Notre avis
Image : (4/5)
Mixage sonore : (3,5/5)
Bonus : (2,5/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0031228/
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