Dr. Jekyll & Mr. Hyde (1989) : un dédoublement de personnalité filmé à l'esbroufe (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (3/5)

Synopsis

À Londres, 1888, le docteur Jekyll, en concentrant ses expériences sur les effets de la cocaïne, élabore une drogue plus puissante encore que la morphine. S'il la teste prudemment sur un singe et des patients, il en respire accidentellement les émanations. Les conséquences ne se font pas attendre : il se transforme en un autre homme, un monstre assoiffé de violence et de luxure qui, dans le quartier glauque de Whitechapel, se fait appeler Jack Hyde. Jack comme Jack l'Éventreur…

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• Titre original : Edge of Sanity
• Support testé : Blu-ray
• Genre : horreur, thriller
• Année : 1989
• Réalisation : Gérard Kikoïne
• Casting : Anthony Perkins, Glynis Barber, Sarah Maur Thorp, David Lodge, Ben Cole, Ray Jewers, Jill Melford, Lisa Davis
• Durée : 1 h 30 mn 48
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 anglais, français
• Bonus : boîtier Digibook limité avec le Blu-ray et le DVD du film - livret « Dr. Jekyll & Mr. Hyde. Quand Harry rencontre Jack » (24 pages) - présentation du film par Olivier Père (2021, 25 mn 46) - Gérard Kikoïne présente le film (2020, Staying Sane : An Interview with Gerard Kikoïne, 24 mn 17) - bande annonce (0 mn 59)
• Éditeur : Sidonis Calysta

Commentaire artistique

Le titre anglais du film Edge of Sanity (« à la limite de la santé mentale ») dévoile moins ses sources que Dr. Jekyll & Mr. Hyde en VF qui annonce la couleur : le film réalisé par Gérard Kikoïne sera donc une énième version du roman fameux sur la double personnalité « L'Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde » (1886) surexploité par le 7e Art et la télévision. D’ailleurs, depuis ce film de 1989, une dizaine de longs métrages s’est ajoutée à une liste d’adaptations déjà pléthorique. Pour sa version toute personnelle (cf. bonus) le cinéaste a décidé d’innover : le scénario fusionnera l’argument du roman de Robert Louis Stevenson avec l’existence d’un autre psychopathe célèbre, Jack l’Éventreur, tout en attribuant à un mélange d’éther et de cocaïne le mécanisme de la transformation et à un traumatisme enfantin la personnalité du docteur. Après bien des incarnations illustres du Dr. Hyde au cinéma (John Barrymore, Fredric March, Spencer Tracy, Jerry Lewis, Ralph Bates, etc.), c’est Anthony Perkins, en fin de carrière, qui reprend le rôle. A la différence des acteurs qui l’on précédé il ne subira pas de transformation déformant son physique : seuls son maquillage et son jeu d’acteur différencieront Mr. Hyde du Dr. Jekyll. Dr. Jekyll & Mr. Hyde, filmé surtout en studio en Hongrie mais aussi en extérieurs à Londres, mélange les genres en ajoutant à la nature fantastique et scientifique de l’histoire des touches d’érotisme (Gérard Kikoïne est surtout un réalisateur de pornos) et de surnaturel. Avec ses nombreux anachronismes et sa dimension baroque, aux limites du surréalisme (certains y voit une esthétique à la Ken Russell), Dr. Jekyll & Mr. Hyde possède une tonalité caricaturale, soutenue par les éclairages forts suggestifs de Tony Spratling et la mise en scène jubilatoire à l’esbroufe façon clip musical : le film ne pourra donc vraiment s’apprécier qu’au second degré. Le casting ne démérite pas : Anthony Perkins fait du « Norman Bates » avec conviction, Glynis Barber (Elizabeth Jekyll) et surtout Sarah Maur Thorp (Susannah) assurent les principaux rôles féminins avec charme et efficacité. Les thèmes contemporains traités, drogue, homosexualité, émancipation, sont bien éloignés du texte originel et peuvent susciter la défiance sur la manière discutable de les aborder, sur le caractère machiste de l’intrigue et sur la tonalité érotique appuyée. Ce n’est, certes pas, l’adaptation la plus mémorable, ni assurément la plus fidèle, mais avec son allure expressionniste parodique, son évocation réussie des ruelles londoniennes ténébreuses et la présence de son acteur emblématique, cette version du Dr. Jekyll & Mr. Hyde pourra piquer la curiosité des amateurs du genre. Distrayant.

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Commentaire technique

Image : copie HD, excellente définition, très bon piqué sur les gros plans, texture argentique fine et homogène (tournage en 35 mm), image propre, belle gestion nuancée du contraste dans les basses lumières, noirs soutenus, étalonnage chaud, colorimétrie chatoyante aux teintes vives et tons saturés, excellente compression

Son : mixage 2.0 anglais (Dolby Stéréo au cinéma), dialogues équilibrés, pas de souffle prononcé ou de saturation, excellente dynamique sur les ambiances et la musique suggestive de Frédéric Talgorn, spatialisation frontale avec effets latéraux qui profitent à la musique ; VF 2.0 claire et dynamique, doublage ancien, moins typée que la VO avec le timbre bien particulier de la voix d’Anthony Perkins