Le Dénonciateur : le charme nostalgique d’un tournage en studio (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (3/5)

Synopsis

Deuxième Guerre Mondiale. Plusieurs agents américains sont envoyés dans l'Italie sous la botte allemande pour saboter un réseau ferroviaire. Dénoncés à l'ennemi, la plupart sont tués. L'Europe désormais en paix, le capitaine Carey, qui compte parmi les rares survivants, revient sur les lieux du drame, dans la région de Milan, bien déterminé à démasquer le traître…

LA SUITE APRÈS LA PUB

• Titre original : Captain Carey, U.S.A.
• Support testé : Blu-ray
• Genre : policier, drame
• Année : 1950
• Réalisation : Mitchell Leisen
• Casting : Alan Ladd, Wanda Hendrix, Francis Lederer, Joseph Calleia, Celia Lovsky, Richard Avonde, Frank Puglia, Luis Alberni
• Durée : 1 h 22 mn 48
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais, français
• Bonus : combo avec le Blu-ray et le DVD du film - présentation du film par Olivier Père (23 mn 44), Patrick Brion (10 mn 40) et François Guérif (12 mn 32) - bande annonce (2 mn 19)
• Éditeur : Sidonis Calysta

Commentaire artistique

Si les noms d’Alan Ladd et de Mitchell Leisen ne figuraient pas au générique, Le Dénonciateur aurait tout de la série B rapidement bouclée et vite oubliée. L’intrigue adaptée d’un polar de 1948, « After Night » (Les morts ne parlent plus), de Martha Albrand, est cousue de fil blanc, aucun acteur italien n’est au casting et le tournage en studio dans une Italie de pacotille (une version fantasmée des américains), avec un maximum de transparences artificielles, ne laissent aucune place à l’authenticité et à la crédibilité de l’histoire. Point positif du film, la chanson « Mona Lisa » a remporté l’Oscar de la meilleure chanson originale en 1950 : une récompense totalement inattendue pour une chanson interprétée dans une langue non anglaise (par Charlie Spivak dans le film). La version qu’en proposera ensuite Nat King Cole se classera en tête du hitparade. Si le récit narré dans Le Dénonciateur manque singulièrement de fascination, il serait inspiré de faits réels survenus dans la région du lac piémontais d’Orta impliquant la disparition mystérieuse, en décembre 1944, d’un major américain (William H. Holohan) et l’enquête de son frère à la libération pour élucider l’énigme. Cependant l’intérêt de découvrir (ou de revoir) Le Dénonciateur n’est pas historique mais cinématographique parce que ce film est indéniablement lié à la personnalité de son réalisateur, Mitchell Leisen. Ce célèbre chef décorateur et costumier hollywoodien, qui travailla sur les films muets de Cecil B. DeMille (Le Signe de la croix, 1932, Cléopâtre, 1934, etc.), est ensuite devenu un cinéaste de valeur (Le Mort prend des vacances, 1934). Le Dénonciateur, à défaut d’être un drame de la vengeance convaincant, possède une mise en scène qui ne manque ni de distinction, en privilégient le tournage non naturaliste en studio, ni d’intelligence, en dénonçant, avec la scène du tableau, les spoliations artistiques que les nazis ont perpétrées dans tous les pays occupés. En tête d’affiche, Alan Ladd incarne avec son charisme habituel le commandant Webb et parvient, malgré la banalité de l’intrigue, à conserver l’attention sur son personnage imperturbable. Sa partenaire Wanda Hendrix, alors femme d’Audie Murphy, est nettement moins captivante par manque de conviction, en dépit de sa photogénie naturelle. Dans un petit rôle (Pietro), on reconnaîtra dans un de ses premiers films Russ Tamblyn, futur Riff, le chef des Jets de West Side Story. Si l’on veut bien accepter les recettes nostalgiques de studio des productions hollywoodiennes d’après-guerre et le caractère exclusivement divertissant de cette histoire à énigme, Le Dénonciateur ne manque pas de charme.

LA SUITE APRÈS LA PUB

Commentaire technique

Image : copie HD, définition variable mais image assez douce au piqué limité, texture argentique discrète (tournage en 35 mm), image non exempte de défaut (tache blanches, rayures), contraste variable manquant parfois de vigueur, noir pas toujours dense, gamme de gris assez bien échelonnée

Son : mixage anglais 2.0 monophonique, dialogues clairs, dynamique correcte mais haut du spectre limité, pas de distorsion, craquements sonores ponctuels (début du film) ; VF 2.0 monophonique claire, niveau plus élevé que celui de la VO, doublage soigné mais très artificiel autant pour le timbre des voix que pour leur manque d’intégration aux ambiances