Le Vampire de Düsseldorf : un portrait épuré du serial-killer Peter Kürten (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (4/5)

Synopsis

En Allemagne, au début des années 1930, tandis que les nazis resserrent leur étau sur toute la société, l'ouvrier Peter Kürten semble mener une existence banale. Rien n'indique qu'il pourrait être le tueur de femmes que la presse surnomme «le vampire de Düsseldorf». Épris d'Anna, une chanteuse de cabaret, c'est pourtant lui ce redoutable prédateur qui séduit ses victimes avant de les assassiner…

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• Titre original : Le Vampire de Düsseldorf
• Support testé : Blu-ray
• Genre : thriller, biopic
• Année : 1965
• Réalisation : Robert Hossein
• Casting : Robert Hossein, Marie-France Pisier, Danick Pattison, Paloma Valdes,, Anne Carrère, Roger Dutoit, Annie Anderson, Michel Dacquin
• Durée : 1 h 30 mn 38
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,35/1 Franscope Noir et Blanc
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 monophonique français
• Bonus : combo Blu-ray et DVD - présentation du film par Patrick Brion (2021, 8 mn 57) et François Guérif (2021, 13 mn 28) - interviews de Robert Hossein (2004, 18 mn 12), Marie-France Pisier (1 mn 36), Marcel Schneider, co-auteur avec Philippe Brunet en 1975 de « Le vampire de Düsseldorf » (2004, 17 mn 31) - bande annonce (4 mn 06)
• Éditeur : Sidonis Calysta

Commentaire artistique

Si le nom du tueur en série allemand Peter Kürten, exécuté à Cologne en juillet 1931, n’est pas forcément familier, son évocation au cinéma par Fritz Lang dans son saisissant M le Maudit (1931) est en revanche universellement connue. À son tour, en 1965, Robert Hossein décide de proposer son portrait du psychopathe dans un film en noir et blanc d’une grande sobriété, Le Vampire de Düsseldorf, qu’il va réaliser tout en interprétant le rôle principal de Peter Kürten. Coproduit par George de Beauregard, qui lui laisse toute liberté artistique (cf. bonus avec Robert Hossein), le film ne sera pas tourné en Allemagne mais en France (Versailles) et dans les studios Bronston en Espagne. Robert Hossein, ne va pas reconstituer précisément la personnalité du tueur (cf. bonus avec Marcel Schneider) et l’exactitude des faits et des lieux malgré ce qui est annoncé au générique. Mais il va très bien s’accommoder de ses localités de tournage (notamment un cabaret aux allures extérieures de saloon) pour son évocation du contexte historique, car le «vampire» a sévi dans une Allemagne d’après la Dépression en pleine tourmente sociale et économique (présentée en préambule à l’aide d’archives d’actualités) avec la montée des nationalistes revanchards. La superbe photographie en Franscope, aux éclairages suggestifs contrastés, d’Alain Levent rend partiellement hommage à l’expressionnisme de M le Maudit. Selon Robert Hossein, c’est la vision du chef-d’œuvre de Fritz Lang qui a déclenché sa curiosité de vouloir comprendre les motivations réelles de Peter Kürten car dans M le Maudit, le tueur (Peter Lorre) s’en prend aux enfants alors que le vrai psychopathe assassinait des femmes et des prostituées qu’il violait. Délinquant juvénile, commettant son premier crime à la trentaine, il devint tueur en série dans une période chaotique lorsque les SA éliminaient les juifs et les noirs en toute impunité : il estimait pouvoir faire de même avec les femmes… C’est cette causalité historique qu’explore Le Vampire de Düsseldorf, non pas pour excuser l’assassin mais pour le décrypter. En endossant la personnalité du tueur, l'acteur Robert Hossein donne la preuve d’une grande qualité d’interprétation en ne tombant jamais dans la caricature et fort efficacement dirigé… par lui-même. Évitant tout sensationnalisme, Le Vampire de Düsseldorf montre les crimes de manière stylisée, parfois même en hors-champ, preuve de la volonté du cinéaste de traiter son sujet de manière épurée, voire même énigmatique (séquence dans l’église), jusque dans sa conclusion. Une grande attention est portée aux détails et aux rituels qui sont la marque des psychopathes : succédané inversé du Dr. Jekyll et Mr. Hyde, le chômeur aux petits métiers le jour se transforme en élégant séducteur la nuit pour commettre ses forfaits. L’acteur soigne son allure, joue sur sa séduction dénuée de la moindre compassion et fascine par sa maniaquerie comportementale. C’est la compagne d’alors du réalisateur, Marie-France Pisier, qui interprète une des jolies femmes convoitées, une chanteuse de cabaret dont l’apparence est une allusion manifeste aux sulfureuses héroïnes allemandes des années 30 qu’ont été Louise Brooks dans Loulou (1929) et Marlene Dietrich dans L’Ange bleu (1930). Si l’on peut tiquer sur les partis pris retenus, les acteurs parlent français et les décors n’ont rien de germanique, le film réussit parfaitement à évoquer l’atmosphère de solitude et d’oppression dans laquelle baignent les protagonistes. Réfutant toute intention de diriger un petit film d’horreur (c. bonus), Robert Hossein a toujours considéré Le Vampire de Düsseldorf comme un de ses meilleurs films. Cette belle édition HD, dont les suppléments les plus passionnants datent du DVD de 2004, permettra de s’en rendre compte.

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Commentaire technique

Image : copie HD, image restaurée, excellente définition, superbe piqué sur les gros plans, texture argentique avec une granulation homogène et discrète (tournage en 35 mm), image propre, contraste très bien restitué avec des noirs denses, des blancs nuancés et une gamme de gris harmonieuse

Son : mixage français 2.0 monophonique, dialogues clairs et équilibrés, excellente dynamique qui profite au travail sur les ambiances (bruit de pas) et sur la musique suggestive composée par André Hossein, pas de distorsion ou de bruit de fond