The Amusement Park : une vision terrifiante de la vieillesse selon George A. Romero (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (4/5)

Synopsis

Alors qu'il pense passer une journée paisible et ordinaire, un vieil homme se rend dans un parc d'attractions pour y vivre un véritable cauchemar.

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• Titre original : The Amusement Park
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1973
• Réalisation : George A. Romero
• Casting : Lincoln Maazel, Harry Albacker, Phyllis Casterwiler, Pete Chovan, Marion Cook, Sally Erwin, Michael Gornick, Jack Gottlob
• Durée : 53 mn 42
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais
• Bonus : boîtier Digipack avec fourreau avec le Blu-ray du film et le livre « George A. Romero, 1963-1976, les années commerciales » (60 pages) de Julien Sévéon - présentation du film par Maxime Lachaud, programmateur, auteur, journaliste (7 mn 57) - entretien avec Julien Sévéon, auteur de « George A. Romero, révolutions, zombies et chevalerie » (2021, 29 mn 18) - bande annonce (1 mn 38)
• Éditeur : Potemkine

Commentaire artistique

The Amusement Park est une rareté vite mise de côté par son commanditaire The Lutheran Society et oublié totalement après une diffusion en 1975 par l’American Films Festival. Redécouvert il y a peu, sous la forme de deux copies 16 mm très fatiguées qui sont le seul témoignage subsistant de ce film à part, The Amusement Park a été réalisé par George A. Romeo, cinéaste ayant acquis la notoriété avec un film d’horreur à petit budget La Nuit des mort-vivants (1968). Il avait ensuite essayé de capitaliser sur ce succès en appliquant sa recette (horreur et thème de société) dans ses longs métrages suivants comme La Nuit des fous-vivants (The Crazies, 1973). C’est à l’occasion de la sortie de ce film qu’il rencontre le journaliste et producteur Richard Rubinstein avec qui il réactive Laurel Productions. Il se lance dans le documentaire sportif en filmant l’équipe de football de Pittsburgh : The Winners (1973) deviendra un modèle du genre. La même année, il va réaliser, avec une équipe réduite, The Amusement Park selon une commande de The Lutheran Society de Pittsburgh qui désirait produire un film chargé de collecter des fonds pour aider les personnes âgées défavorisées. Pour ce tournage, qui sera effectué dans le parc d’attraction du West View Park au nord de Pittsburgh, George Romero recrute Lincoln Maazel, un acteur de théâtre du coin qu’il charge d’incarner un homme confronté au cauchemar d’un parc symbolisant le capitalisme américain triomphant et le lieu de divertissement de la jeunesse. Alors que The Lutheran Society comptait sur un film d’information, le réalisateur s’engage dans la voie du film de fiction qui fonctionnerait comme un électrochoc sur le sujet. De ce film commercial de commande, son auteur ne sera pas spécialement enchanté, pourtant ce moyen métrage n’est pas exempt de tout ce qui constituait ce style singulier qu’il mettra à profit dans ses films de cinéma. La déambulation du personnage dans le parc d’attraction et ses multiples rencontres métaphoriques font ressentir à quel point cet homme âgé est déconnecté de son environnement dans lequel il a perdu tout repère. La sénilité est perçue comme une tare sociale qui doit être exclue : la cruauté sadique du film dénonce le rejet du protagoniste par tous, y compris par les enfants. Plus qu’une histoire cauchemardesque, The Amusement Park propose une expérience extrême sur l’abomination d’être un exclu dans son propre monde. Pour y parvenir, George Romero filme les rencontres de son personnage vêtu de blanc comme autant de séquences semi-fantastiques et terrifiantes marquées par un sentiment permanent d’oppression et par l’écart qui se creuse inexorablement avec les autres générations : la conclusion radicale est affreusement pessimiste. Cette réflexion sur le sort que la société réserve aux démunis et aux personnes âgées se révèle assurément intemporelle puisque la société mercantile n’a que faire des inactifs. The Amusement Park est un film éminemment politique : sa prise de position prémonitoire, qui reste toujours d’actualité, invite à saluer la détermination de son auteur. Fascinant et engagé.

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Commentaire technique

La restauration numérique en 4K a été effectué en 2020 sous la supervision de Suzanne Desrocher-Romero avec l’aide de The George A. Romero Foundation. La numérisation a été faite par le laboratoire IndieCollect@ pour Icon & Idiom , Inc. sur un scanner 5K Kinetta à partir de deux copies 16 mm décolorées. Travail accompli avec Blackmagic Design DaVinci Resolve Studio sur des stations de travail Dell Precision avec des cartes NVIDIA Quadro Graphics. L’audio a été numérisée et restaurée à partir d’une des copies 16 mm en utilisant AEO Light, travail effectué par Sal Ojeda, Bisby Studios, L.A.

Image : copie HD, définition honorable et variable compte tenu des sources qui ne sont pas des originaux mais des copies (tournage en 16 mm avec caméra Arriflex, Master Format 4K) avec un grain argentique très prononcé mais homogène, image modérément propre (taches, rayures) et stable, gestion du contraste relativement harmonieuse avec un seuil de luminosité parfois élevé, noirs manquant de densité, étalonnage chaud mais image très désaturée et colorimétrie peu naturelle, teintes assez ternes à dominante magenta

Son : mixage anglais 2.0 monophonique, voix assez claires et stridentes mais rendu nasillard, la dynamique fait ressortir des imperfections de la prise de son, souffle et défauts omniprésents mais tolérables, extrémités du spectre écrêtées