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The Pawnbroker (Le Prêteur sur gages) : les fantômes du passé (en Blu-ray et DVD)

Blu ray The Pawnbroker 00

Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5)

Synopsis

Un rescapé des camps de concentration nazis devenu propriétaire d'un magasin de prêt sur gage doit à la fois affronter les cauchemars de son passé et l'environnement hostile du ghetto new-yorkais dans lequel il vit.

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• Titre original : The Pawnbroker
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1964
• Réalisation : Sidney Lumet
• Casting : Rod Steiger, Geraldine Fitzgerald, Brock Peters, Jaime Sánchez, Thelma Oliver, Marketa Kimbrell, Baruch Lumet, Juano Hernandez
• Durée : 1 h 55 mn 31
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais
• Bonus : The Pawnbroker Hollywood Breakdown, Le mélange comme style, analyse du film par Nicolas Saada (2021, 13 mn 44) - La Shoah au cinéma, par Jean-Michel Frodon, critique, enseignant et historien du cinéma (2021, 23 mn 19, réalisation Pierre Denoits) - bande annonce d'époque (VOST, 2 mn 23)
• Éditeur : Potemkine

Commentaire artistique

Primé à Berlin et aux BAFTA, The Pawnbroker (Le Prêteur sur gages) est adapté du roman d’Edward Lewis Wallant paru en France en 1963 : l’auteur raconte l’existence d’un juif allemand rescapé de la Shoah, Sol Nazerman, qui, exerçant le métier de prêteur sur gages à Harlem, est devenu amoral, apathique et insensible, mais qui va progressivement recouvrer son humanité au contact de son employé portoricain Jesus Ortiz et de Marilyn Birchfield en charge de la jeunesse locale. Magnifique sujet littéraire s’il en est, cette histoire avait tout pour être transposée en une œuvre cinématographique puissante. Ce sera le septième long métrage de Sidney Lumet, cinéaste reconnu pour son appétence aux adaptations de pièces de théâtre marquantes de dramaturges reconnus : Reginald Rose (Douze hommes en colère, 1957, son premier film), Tennessee Williams (L’Homme à la peau de serpent, 1960), Arthur Miller (Vu du pont, 1961), Eugene O’Neil (Long Voyage vers la nuit, 1962). Si The Pawnbroker est tiré d’un roman, son thème n’en n’est pas moins fascinant. Malgré un budget limité, le film bénéficie du concours d’artistes compétents comme Boris Kaufman à la photographie, Richard Sylbert pour les décors et Quincy Jones qui signe sa première musique de film. Le casting est à la hauteur : Rod Steiger (Sol), Geraldine Fitzgerald (Marilyn), Jaime Sánchez (Jesus) sont remarquables, même si Rod Steiger dans le rôle principal (qui accepta de baisser son salaire et frôla l’Oscar) livre une interprétation mémorable, plus subtile et réservée qu’à son habitude. Il faut aussi noter que The Pawnbroker est le premier film du jeune Morgan Freeman (non crédité qui joue un passant) et qu’il est aussi le premier film américain à montrer les seins nus d’une actrice (Thelma Olivier) contre l’avis de la censure (code MPAA). Pour ce film, Sidney Pollack reconnaît l’influence essentielle du cinéma d’Alain Resnais et de la Nouvelle vague : tendance au naturalisme d’un tournage en décors réels, soin tout particulier porté à la signification de l’image avec le choix d’un bâtiment grisâtre de Manhattan et une insistance accordée aux grilles, barreaux et serrures, etc. The Pawnbroker est un film novateur sur le traitement de l’Holocauste qui est montrée de l’intérieur par une victime (une première) et travaillé comme une pièce de théâtre (cadrage statique, abondance de dialogues, personnages typés, peu d’action) structurée par ses flashbacks spectaculaires et brutaux. Le sujet sensible de la Shoah et la nudité d’une actrice ont pesé lourd sur le montage financier de cette production indépendante qui n’hésitait pas à se lancer dans la voie de l’expérimentation, en transgressant les codes de production en vigueur, préfiguration des pratiques du Nouvel Hollywood. Par bien des aspects The Pawnbroker s’écarte des sentiers battus même si, revu un demi-siècle après sa sortie et suivi d’innombrables titres sur le même thème, il ne parait plus aussi singulier. Néanmoins il faut reconnaître que la mise en scène de Sidney Lumet ne manque pas d’audace pour mieux nous persuader que la tragédie d’hier n’est pas sans lendemain (parallèles avec les camps) et qu’il est bien difficile d’échapper à son destin. Tout dans la photographie et les décors rappelle l’enfermement que Sol, réchappé de la Shoah, continu de subir dans cette société d’accueil américaine oppressante mais qu’il ne compte pas remettre en question ! Si la solitude et la résignation sont au cœur de l’intrigue que la réalisation inspirée de Sidney Lumet fait ressortir avec force, The Pawnbroker n’est pas le film lugubre et désespérant attendu : le cinéaste sait faire preuve de compassion en nous montrant avec bienveillance que tout n’est pas perdu même chez l’être le plus endurci. Un film méconnu qui mérite amplement d’être redécouvert.

 

Blu ray The Pawnbroker

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Commentaire technique

Image : copie HD, excellente définition et très bon piqué sur les gros plans, grain argentique homogène et texture de l’image très cinéma (tournage en 35 mm), image propre sans défauts majeurs, très bonne gestion des contrastes avec des noirs francs et une belle restitution de la subtilité des éclairages, gris bien étagés, blancs nuancés

Son : mixage anglais 2.0 monophonique, dialogues très clairs et équilibrés, pas de distorsion ou de souffle notoire, très bonne dynamique sur la musique singulière et mémorable de Quincy Jones dont le thème est interprété par Sarah Vaughan

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Mixage sonore : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(3,5/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile griseetoile grise(3/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile griseetoile grise(3/5)

IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0059575/

 

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