Fear and Desire : le premier long-métrage de Stanley Kubrick (en Blu-ray et DVD)
Note artistique : 
(3,5/5)
Synopsis
Lors d'un conflit non nommé, dans un pays inconnu, 4 militaires se retrouvent coincés derrière les lignes ennemies. Après avoir massacré deux soldats, ils se rendent compte qu'une jeune femme a été témoin de la scène. Ils l'attachent à un arbre par peur d'être dénoncés…
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• Titre original : Fear and Desire
• Support testé : Blu-ray
• Genre : guerre, drame
• Année : 1953
• Réalisation : Stanley Kubrick
• Casting : Frank Silvera, Paul Mazursky, Kenneth Harp, Stephen Coit, Virginia Leith, David Allen
• Durée : 1 h 00 mn 48
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais
• Bonus : boîtier Blu-ray avec sur-étui et jaquette réversible contenant le Blu-ray et le DVD du film - le film par Nachiketas Wignesan, enseignant de cinéma (2021, 29 mn 31) - bande annonce (VOST, 1 mn 29) - dans la même collection : 4 bandes annonces
• Éditeur : Elephant Films
Commentaire artistique
Compte tenu de la filmographie particulièrement brillante de Stanley Kubrick, il est tentant de voir et d’analyser ses premières œuvres, histoire de déceler si les germes de son futur génie cinématographique sont déjà présents. Fear and Desire, qui est son premier long métrage, peut être évidemment scruté dans ce sens, même si son auteur a tout fait pour éliminer ce titre des mémoires et de sa filmographie (cf. bonus) ! Lorsqu’il réalise ce film de guerre psychologique à l’âge de 25 ans, il a déjà la réputation d’un jeune photographe professionnel expérimenté qui a travaillé plusieurs années pour le magazine Look. En même temps il se passionne pour le cinéma d’auteur européen et se lance dans la réalisation de deux documentaires pour lesquels il fait fonction de réalisateur mais aussi de scénariste, cadreur, ingénieur du son, bref d’homme-orchestre dont les compétences techniques épateront, par la suite, toutes ses équipes de tournage. Remarqué pour la qualité de son cadre et de ses éclairages de ses documentaires fiction, il devient assistant réalisateur. En 1951, avec l’aide financière de ses parents et de son oncle, Stanley Kubrick entreprend de tourner The Trap, ou The Shape of Fear, titres de travail du futur Fear and Desire, à partir du scénario que lui écrit Howard O. Sackler, un ancien camarade de classe. Le budget étriqué permettra d’engager cinq acteurs et une dizaine de techniciens mais, voulant économiser en filmant sans prise de son, Stanley Kubrick grève son budget pour la postsynchronisation et les bruitages en studio qui nécessiteront l’aide du producteur Richard de Rochemont. À sa sortie, le film ne draine pas les foules : il est distribué avec L’Enjôleuse (1953), film mexicain de Luis Buñuel, un choix orienté qui laisse croire que ces deux films traitent de sexe ! Joué par des acteurs inconnus et filmé dans l’action par Stanley Kubrick, caméra Mitchell au poing, Fear and Desire possède une photographie sur le vif remarquable bien que son auteur qualifiera son travail d’amateurisme inepte et prétentieux. Il décide de ne plus projeter son film et d’attendre que toutes les copies disparaissent. Ignorant qu’un négatif en double est conservé par Kodak à Rochester, il veut faire détruire le négatif original : c’est dire si Stanley Kubrick exécrait ce premier film. Le négatif sera finalement découvert à Porto Rico en 1980 et racheté en 1993 par la Bibliothèque du Congrès (Washington DC). Il est à la base de toutes les éditions du film en vidéo et permettra d’apprécier l’esthétique hors pair de son réalisateur-cadreur et de deviner toutes les prouesses qu’il a déployé (travelling à la poussette…) pour mener à bout son tournage fauché. Si Fear and Desire atteste d’un travail méthodique de photographie avec de sacrés gros plans, les quelques imperfections techniques (vignettage) sont surtout à mettre au compte du manque de budget. Loin d’une intrigue basique de guerre indéterminée et absurde, son film joue dans un registre existentiel, avec interrogations psychologiques et réflexions sur la condition humaine dans un conflit, caractérisées par la surabondance des dialogues «intériorisés» en voix off. Accumulant les références aux grands cinéastes de l’époque, semant des symboles bien ostentatoires (Shakespeare, chien doberman, folie, etc.), le cinéaste ne fait dans la légèreté. Desservi par une interprétation peu convaincante et un montage peu rigoureux, il parvient néanmoins à compenser ces maladresses par son approche formelle extraordinaire. Fear and Desire est certes un film mineur mais certains de ses plans mémorables témoignent du talent en gestation du futur réalisateur de génie et c’est à ce titre, qu’il mérite d’être visionné. Ce film très court, une heure tout juste, aurait mérité d’être accompagné des deux documentaires avec lesquels Stanley Kubrick s’exerça avec talent à son futur métier de cinéaste.
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Commentaire technique
Image : copie HD, nouveau Master restauré HD, excellente définition avec un piqué spectaculaire sur les nombreux gros plans de visage, grain argentique discret et homogène (tournage en 35 mm avec caméra Mitchell NC), image assez stable et en grande partie nettoyée de ses scories (excepté le vignettage résultant d’optiques mal adaptées à la caméra et quelques taches blanches), très bonne gestion du contraste, image à la luminosité homogène et nuancée, noirs soutenus, gamme de gris régulière
Son : mixage anglais monophonique 2.0, voix claires et équilibrées mais postsynchronisation manquant de naturel, pas de souffle appuyé ou de distorsion, très bonne dynamique qui profite aux ambiances (avion, tirs, nature) et à la musique de Gerald Field, spectre limité dans les aigus
Notre avis
Image : (4/5)
Mixages sonores : 
(3,5/5)
Bonus : (2,5/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0045758/
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