Skip to main content
PUBLICITÉ

Queimada : une diatribe édifiante contre tout cynisme colonialiste (en Blu-ray et DVD)

Blu ray Qeimada 00

Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)

Synopsis

Au début du XIXè siècle, Sir William Walker débarque à Queimada, une île des Antilles. Officiellement, il est là pour son plaisir. En réalité, il a été envoyé par le gouvernement britannique pour une mission secrète : fomenter une révolte des esclaves qui avantagera les anglais.

LA SUITE APRÈS LA PUB

• Titre original : Queimada
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1969
• Réalisation : Gillo Pontecorvo
• Casting : Marlon Brando, Evaristo Márquez, Renato Salvatori, Dana Ghia, Valeria Ferran Wanani, Giampiero Albertini, Carlo Palmucci, Norman Hill
• Durée : 2 h 08 mn 51 (version longue) - 1 h 51 mn 47 (version courte)
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,66/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique italien (version longue) - DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais, français (version courte)
• Bonus : boîtier Blu-ray avec fourreau contenant le Blu-ray du film en version courte et le Blu-ray du film en version longue - livret (24 pages) « Marlon Brando Qeimada » par Stéphane Chevalier - La Révolution du capitalisme, interview de Giorgio Arlorio, scénariste (38 mn 53) - Gillo et moi, interview de Mario Morra, monteur (2021, 23 mn 21) - interview de Gillo Pontecorvo (archives RTBF, 4 mn 42) - film annonce (2 mn 57)
• Éditeur : Rimini Éditions

Commentaire artistique

Réalisé par Gillo Pontecorvo, après son chef-d’œuvre La Bataille d’Alger (1966), Queimada (1969) traite d’une autre facette du colonialisme : le scénario de Franco Solinas et Giorgo Artorio (cf. bonus) aborde le mécanisme de la révolution haïtienne par le biais d’une fiction qui ne masque rien du contenu politique de ce film décrivant une révolution réussie d’esclaves sur une ile imaginaire, Queimada, et les conséquences qui s’en suivirent. Ce qui n’est pas vraiment surprenant du marxisme convaincu que fut le cinéaste et du combat de gauche mené par sa star, Marlon Brando. Filmé en décors naturels dans la région de Carthagène en Colombie, Queimada devait évoquer une révolte contre l’autorité espagnole mais à la fin du tournage, moyennent quelques modifications (Quemada espagnol deviendra Queimada portugais), l’intrigue est transformée pour ne pas heurter la susceptibilité du gouvernement franquiste et c’est désormais le Portugal qui fait faussement office de puissance colonialiste aux Antilles. Le personnage campé par Marlon Brando, William Walker, a lui réellement existé mais il n’était pas comme dans le film un représentant officieux du gouvernement britannique : c’était en réalité un aventurier américain qui aura surtout sévi en Amérique Latine. José Dolorès, le chef, bien malgré lui, des esclaves révoltés, est incarné par un non professionnel Evaristo Márquez, villageois repéré par Gillo Pontecorvo, tandis que le rôle de Teddy Sanchez, futur maître des créoles nantis, est joué par Renato Salvatori, abusivement maquillé. Malgré ses rapports difficiles avec le réalisateur (cf. bonus), la star Marlon Brando déclarera par la suite que ce rôle fut un des meilleurs de sa carrière et proposera même au cinéaste de tourner un film (qui ne se fera pas) sur l’oppression des indiens en Amérique. C’est aussi grâce à l’envergure de l’acteur «bankable» que Gillo Pontecorvo a pu réaliser son film où il déploie son sens de la mise en scène critique au service d’un réel didactisme politique. Queimada est une magistrale leçon sur les mécanismes du colonialisme : la valeur métaphorique de l’intrigue est clairement universaliste et vaut pour toutes les oppressions politiques et économiques. Le film décortique avec talent, sans jamais verser dans la pédagogie ennuyeuse, les rapports de domination et le machiavélisme des manipulations opérées par Sir Walker. Dans l’unique but de sauvegarder les intérêts économiques de la Couronne, il suscitera la révolution des esclaves, puis aidera à la briser militairement : le cynisme du profit l’emporte sur toute notion d’idéologie et de moralité. Si son propos, toujours d’actualité, est fascinant et manifestement politisé (allusion à peine déguisée à la guerre du Vietnam), au point que le film ne sera distribué aux USA qu'en version tronquée, Queimada souffre d’une réalisation qui manque de conviction : malgré l’ampleur de la figuration dans les grandes scènes épiques, elle demeure assez quelconque. Pour mieux saisir les intentions de Gillo Pontecorvo, il conviendra de privilégier la vision de la version longue - un supplément remarquable de cette édition - qui, malgré son doublage intégralement en italien, rend mieux compte de la vision lucide de son auteur.

 

Blu ray Qeimada

LA SUITE APRÈS LA PUB

Commentaire technique

Image : copie HD, bonne définition et piqué sur les gros plans, grain argentique homogène (tournage en 35 mm), contraste manquant de vigueur, image terne (version courte ou longue), étalonnage chaud, colorimétrie naturaliste (Technicolor) aux teintes dépourvues de vivacité et aux tons peu saturés, image propre

Son : mixage original (version longue) italien 2.0 monophonique, dialogues clairs mais peu naturels qui fait perdre le jeu de Malon Brando et le timbre particulier de sa voix, excellente dynamique sur la musique d’Ennio Morricone, bruit de fond élevé et constant ; versions anglaise et française 2.0 monophoniques, dynamiques, doublages clairs peu intégrés aux ambiances, bruit de fond élevé et constant

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rougeetoile grise(3,5/5)
Mixages sonores : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile griseetoile grise(3/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile griseetoile grise(3/5)

IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0064866/

 

LA SUITE APRÈS LA PUB

Blu-ray et DVD disponibles sur Amazon



Autres articles sur ON-mag ou le Web pouvant vous intéresser


PUBLICITÉ