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La Reine des cartes : une fascinante adaptation expressionniste de Pouchkine (en DVD)

DVD La Reine des cartes 00

Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)

Synopsis

Soldat russe à Saint-Pétersbourg en 1806, le capitaine Herman Suvorin, qui vient d'un milieu ouvrier, est méprisé par ses collègues officiers plus riches. Il apprend qu’une comtesse âgée, aurait vendu son âme au diable en échange du succès en jeu de cartes Faro : il entreprend de séduire sa pupille, Lizaveta, pour découvrir le secret du succès de la comtesse…

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• Titre original : The Queen of Spades
• Support testé : DVD
• Genre : drame, fantastique
• Année : 1949
• Réalisation : Thorold Dickinson
• Casting : Anton Walbrook, Edith Evans, Yvonne Mitchell, Ronald Howard, Mary Jerrold, Anthony Dawson, Miles Malleson, Michael Medwin
• Durée : 1 h 31 mn 30
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : Dolby Digital 2.0 monophonique anglais
• Bonus : livret illustré « Thorold Dickinson un cinéaste singulier » par Jean-François Baillon, professeur à l’Université Bordeaux Montaigne (16 pages) avec l'extrait d'un entretien avec Martin Scorsese par Philip Horne dans Sight and Sound, novembre 2003
• Éditeur : Doriane Films

Commentaire artistique

En 1834, Alexandre Pouchkine publie dans la revue Cabinet de lecture une nouvelle fantastique « La dame de pique » que Fiodor Dostoïevski considèrera comme un chef-d’œuvre du genre. Devenue un opéra de Piotr Ilitch Tchaïkovski en 1890, la nouvelle intéresse autant le cinéma, avec pas moins de sept versions, que la télévision, avec quatre adaptations (en France par Stellio Lorenzi en 1958). La Reine des cartes, que Thorold Dickinson réalise en 1949 est la seule version cinématographique en anglais, qui avait donc toute sa place dans la collection « Typiquement British » de l’éditeur. Ayant débuté comme monteur, puis documentariste, le réalisateur Thorold Dickinson n’a dirigé qu’une quinzaine de long-métrages. Il fait ses armes sur Gaslight (1940) avec l’acteur Anton Walbrook : aussi quand la production de La Reine des cartes menace de s’arrêter à la suite du désaccord entre le réalisateur et coauteur de l’adaptation Rodney Ackland et le studio, c’est le comédien qui propose de confier la direction du film à Thorold Dickinson. Bien que foncièrement russe, l’histoire est interprétée par un casting britannique : outre le comédien qui joue Herman Suvorin, il réunit des actrices de théâtre réputées qui font leur début au cinéma comme Edith Evans qui incarne la vieille comtesse et Yvonne Mitchell qui joue sa pupille, Lizaveta Ivanovna. Entièrement filmé en studio avec des éclairages contrastés par Otto Heller, La Reine des cartes dispose de très beaux décors créés par William Kellner d’après des dessins de l’artiste Oliver Messel. Formellement fascinant, cette adaptation britannique bénéficie d’une interprétation solide : Anton Walbrook traduit à merveille le machiavélisme de son personnage, véritablement antipathique, et prêt à tout pour parvenir à ses fins, n’hésitant pas à manipuler son entourage, au mépris de tout sentiment d’amitié et d’amour. D’une grande noirceur, l’intrigue est centrée sur ce personnage ambitieux et amoral désireux de s’élever par la fortune dans la société. La dimension fantastique ambiguë de la nouvelle est admirablement servie par l’excellence de l’interprétation et par la superbe esthétique, toutes deux orientées vers un style expressionniste ardemment défendu par le réalisateur (cf. livret) qui décida de ne pas verser dans le fantastique et de demander à ses comédiens de forcer leur jeu. La mise en scène, qui utilise habilement les possibilités scénographiques des décors et les prises de vue tarabiscotées, se livre un jeu subtil de miroirs, de reflets et d’ombres projetées. Une construction sophistiquée qui s’appuie également sur les ambiances suggestives évoquées par la musique de Georges Auric. À l’égal de Gaslight, Martin Scorsese considérait La Reine des cartes comme un chef-d’œuvre des années 40 et Thorold Dickinson comme « un des metteurs en scènes les plus ambitieux et les plus talentueux de son temps » tout en soulignant les similitudes de ces deux films réalisé dans l’urgence et témoignages fascinants d’un expressionnisme peu ordinaire dans le cinéma britannique. À découvrir donc sans attendre avec ce DVD dont le plus grand regret est son choix technique basse résolution et l’absence des nombreux suppléments présents sur la version anglaise blu-ray sortie en octobre 2019…

 

DVD La Reine des cartes

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Commentaire technique

Image : copie SD, bonne définition dans la limite du support DVD manquant de piqué, cadre instable, grain argentique discret (tournage en 35 mm), excellente gestion du contraste qui restitue les beaux éclairages expressionnistes d’Otto Heller, noirs denses, gris étagés et nuancés, blancs modulés, image propre

Son : mixage anglais 2.0 monophonique, dialogues clairs un peu métalliques mais équilibrés, bonne dynamique, pas de souffle appuyé ni de distorsion, spectre limité dans les aigus

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Mixage sonore : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile griseetoile grise(3/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile griseetoile grise(3/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile griseetoile grise(3/5)

IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0041776/

 

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