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Le Couteau dans l’eau - Répulsion - Cul-de-sac : les premiers films de Roman Polański, trois huis clos saisissants (en Blu-ray et DVD)

Blu ray 3 premiers films Roman Polanski 00

Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rouge(4,5/5)

Synopsis

Le Couteau dans l’eau : Andrzej et son épouse Krystyna décident de partir en croisière sur leur yacht. Sur une route de campagne déserte, ils prennent en stop un jeune étudiant et lui proposent de les accompagner en mer. La différence sociale entre le couple et leur invité va rapidement provoquer quelques frictions…

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Répulsion : une jeune manucure belge, Carole, travaille et vit à Londres avec sa soeur Hélène. Carole, introvertie, a des problèmes relationnels avec les hommes. Elle repousse Colin, qui la courtise et n'apprécie pas Michael, l'amant de sa soeur. Quand celle-ci part avec Michael, Carole sombre progressivement dans la névrose. Recluse, elle bascule dans la schizophrénie, et devient hantée par des bruits. Carol travaille et vit à Londres avec sa sœur Helen. Introvertie, la jeune femme éprouve des problèmes relationnels avec les hommes. Elle repousse Colin, qui la courtise, et n’apprécie pas Michael, l’amant de sa sœur. Alors que le couple part en vacances et qu’elle se retrouve seule dans leur grand appartement, Carol sombre progressivement dans la folie…

Cul-de-sac : Richard, gangster en cavale, et son acolyte Albert, qui est mourant, trouvent refuge dans un château irlandais. Richard ne tarde pas à semer le trouble au sein du couple étrange que forment la jeune et belle Teresa et George, un homme plus âgé qui vient de vendre son usine. George et Teresa forment un couple de petits bourgeois : lui est un homme d’âge mûr, extravagant et efféminé. Elle, beaucoup plus jeune, est sensuelle et mystérieuse. Ils vivent sur une île, à l’écart des autres habitants. L’arrivée de deux gangsters en cavale va bouleverser leur existence...

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• Titre français : Le Couteau dans l’eau - Répulsion - Cul-de-sac
• Titre original : Nóz w wodzie - Repulsion - Cul-de-sac
• Support testé : Blu-ray
• Genre : thriller, horreur, drame
• Année : 1962, 1965, 1966
• Réalisation : Roman Polański
• Casting : (1) Leon Niemczyk, Jolanta Umecka, Zygmunt Malanowicz (2) Catherine Deneuve, Ian Hendry, John Fraser, Yvonne Furneaux, Patrick Wymark, Renee Houston, Valerie Taylor, James Villiers (3) Donald Pleasence, Françoise Dorléac, Lionel Stander, Jack MacGowran, Iain Quarrier, Geoffrey Sumner, Renee Houston, Robert Dorning, Jacqueline Bisset
• Durée : 1 h 35 mn 37 - 1 h 45 mn 02 - 1 h 51 mn 52
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : (1) 1,37/1 Noir et Blanc - (2,3) 1,66/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : (1) DTS-HD MA 5.1 et 1.0 monophonique polonais (2) DTS-HD MA 1.0 monophonique anglais, français - (3) DTS-HD MA 1.0 monophonique anglais, français
• Bonus sur le Blu-ray Le Couteau dans l’eau : Un ticket pour l'ouest, retour sur la brève carrière polonaise de Roman Polański (VOST, 2003, 30 mn 36) - courts métrages de Roman Polański en version restaurées HD : Rire de toutes ses dents (Usmiech zebiczny, 1957, muet, 1 mn 56), Cassons le bal (Rozbijemy zabawe..., 1957, N&B, 8 mn 15), Deux hommes et une armoire (Dwaj ludzie z szafa, 1958, 14 mn 54)
• Bonus sur le Blu-ray Répulsion : Édition prestige limitée avec le Blu-ray et le DVD du film, le fac-similé du dépouillement du film et d'un extrait du scénario, un jeu de 5 photos, l'affiche du film (40 x 60) - commentaire audio de Catherine Deneuve et Roman Polański (VOST) - Grand Écran : Roman Polanski, reportage rare sur le tournage du film avec Roman Polański, Catherine Deneuve et Yvonne Furneaux, ORTF 29 octobre 1964 (21 mn 34) - Un film d'horreur britannique, retour sur le film avec Roman Polanski, Gilbert Taylor et Gene Gutowski (VOST, 2003, A British Horror Film, 24 mn 03) - entretien audio avec le professeur en neuropsychologie Richard L. Gregory (11 mn 25) - courts métrages de Roman Polański en versions restaurées HD : Meurtre (Morderstwo, 1957, muet, 1 mn 29), La Lampe (Lampa, 1958, 7 mn 40) - bandes annonces originales (5 mn 54)
• Bonus sur le Blu-ray Cul de sac : Deux gangsters et une île, documentaire autour du film (VOST, 2003, 23 mn 25) - courts métrages de Roman Polański en versions restaurées HD : Quand les anges tombent (Gdy spadaja anioly, 1959, 21 mn 43), Le Gros et le maigre (1961, inédit, 15 mn 04), Les Mammifères (Ssaki, 1962, 10 mn 50) - bande annonce (2 mn 42)
• Éditeur : Carlotta Films

Commentaire artistique

En 1955, le jeune comédien Roman Polański remporte le concours de l’Ecole nationale de cinéma de Łódź, ce qui lui permet de réaliser plusieurs court-métrages dont Deux hommes et une armoire (1958, cf. bonus) qui démontrent d’emblée son génie cinématographique et son indéniable originalité. C’est dans ces années 50 en Pologne que Roman Polański va nouer plusieurs liens d’amitié avec Andrzej Wajda, avec le jazzman Krzysztof Komeda, qui signe la musique de ses trois premiers long-métrages, et avec Jerzy Skolimowski avec qui il coécrit le scénario de son premier opus, Le Couteau dans l’eau qui marque le début d’une carrière prolifique.

Le Couteau dans l’eau, seul film en polonais de Roman Polański, est mal perçu dans son pays, verrouillé par le pouvoir politique en place, qui semble y voir une critique déguisée du communisme. C’est pourtant un film étatique réalisé avec des contraintes surréalistes (cf. bonus : la Mercedes remplacée par une 404…). L’intrigue se déroule en huis clos sur un lac et sur un bateau (ancienne propriété d’Hermann Goering) avec trois personnages. La modestie du budget imposa en effet un tournage à l’économie avec simplification du nombre de protagonistes : un journaliste établi et brutal, sa jolie épouse et un étudiant effronté. Hormis Leon Niemczyk, acteur professionnel, qui incarne André le journaliste, Jolanta Umecka (Krystyna) et Zygmunt Malanowicz sont des novices dont les dialogues seront doublés. L’ingéniosité de Roman Polański est totale dans le découpage de la narration comme dans la mise en scène qui joue habilement avec les limites exiguës du voilier : la photographie de Jerzy Lipman sera parfois acrobatique avec même la perte d’une caméra Arriflex (cf. bonus). Le thème abordé se résume à une rivalité entre mâles émoustillés par la jeune femme sexy au potentiel érotique manifeste (quasiment toujours en bikini) : il est question de pulsions plus ou moins contrôlées que le cadre étroit du bateau suffit à décupler avec un glissement progressif vers le morbide. Cette rivalité passionnelle et dangereuse est exprimée par une savante combinaison de cadrages sophistiqués et de scènes suggestives. Le Couteau dans l’eau va séduire les critiques étrangers : il remporte le prix FIPRESCI à Venise et il est nommé à l’Oscar (battu par Huit-et-demi). C’est à la suite de ce long-métrage que Roman Polański émigrera en France, où il rencontrera Gérard Brach, le scénariste de ses deux films suivants tournés à Londres où il s'installe ensuite. Le succès de son film Le Couteau dans l’eau va lui permettre de réaliser avec la société de production britannique Compton deux nouveaux huis clos morbides, Répulsion (Ours d’argent à Berlin) et Cul-de-sac (Ours d’or à Berlin), avant de partir aux USA où il réalisera Le Bal des Vampires (1967).

Répulsion est son second long métrage, présenté ici dans la collection édition prestige n° 14 (limité à 1000 exemplaires). Le film était d’abord prévu en relief 3D selon le professeur en neuropsychologie Richard L. Gregory (cf. bonus), auteur de « L’œil et le cerveau » (1968), mais aucun procédé n’a satisfait Roman Polański. Répulsion est, pour sa plus grande partie, un huis clos morbide qui se déroule dans un appartement de Londres (Kensington) où sévit Carol (Catherine Deneuve), une jeune femme frustrée et schizophrène digne d’Alan Bates. Selon Roman Polański, ce film commercial, qui était destiné à financer Cul-de-sac, n’intéressa aucun grand studio : c’est la Compton Productions, jusque-là spécialisée dans l’érotique, qui acceptera de financer, à l’économie, Répulsion en pensant qu’il s’agissait d’un film d’horreur. En réalité l’intrigue privilégie l’angoisse psychologique suscitée par son héroïne déstabilisée par sa sexualité refoulée et en proie à des hallucinations : à cet effet, le tournage en noir et blanc bénéficiera des éclairages contrastés et suggestifs de Gilbert Taylor et d’effets spéciaux mécaniques efficaces. Si bien sûr l’interprétation habitée de Catherine Deneuve en jeune femme introvertie, alliance idéale de candeur et de monstruosité, est essentiel à la crédibilité de cette histoire sanglante, le reste du casting est tout aussi excellent, à commencer par la remarquable et séduisante Yvonne Furneaux. La maîtrise de la réalisation, qui annonce d’autres grands films d’épouvante en chambre (Le Locataire, 1976), toute en nuances subtiles, semant à bon escient les doutes et les indices (fissures, lapin qui se décompose, pommes de terre qui germent, etc.), est exceptionnelle, nous convaincant vraiment de l’inexorable basculement de Carol dans un univers irréel qui la conduit à extérioriser sa folie latente de manière meurtrière. Glaçant.

Cul-de-sac était un projet plus personnel, coécrit avec Gérard Brach : son intrigue qui penchait vers l’humour noir et l’absurde n’a pas convaincu, excepté en Europe. Il s’agit, encore une fois d’un huis clos, cette fois-ci tourné à Lindisfarne Castle, Holy Island (Northumberland). Ce château assez spectaculaire, qui date du 16ème siècle (restauré au 19ème siècle), n’est accessible que par une chaussée submersible : le cadre idéal pour un récit narrant l’intrusion dans cette demeure, habitée par George et sa jeune épouse Teresa, par Richard, un truand fort en gueule. Contrairement à Répulsion, ce tournage fut difficile : Roman Polański indique (cf. bonus) que, dû à son anglais imparfait à l’époque, il eut à affronter les reproches de ses comédiens, en plus de nombreux problèmes techniques comme le mauvais temps : durant la scène de la plage, qui dure plus de 7 minutes avec survol d’un avion (un exploit technique), Françoise Dorléac (Teresa) s’est évanouie en se baignant nue dans l’eau glacée. N’ayant aucune actrice en vue au début du tournage, il l’avait engagé à la dernière minute, préférant cantonner Jacqueline Bisset (pour son second film) dans un petit rôle. Le cinéaste aura surtout beaucoup de difficulté avec l’acteur américain Lionel Stander (Richard) ingérable et, dans une moindre mesure, avec le britannique Donald Pleasance (George). Dans le rôle inénarrable d’Albie, Roman Polański a la chance d’avoir disposé du génial Jack McGowran qui, dans Le Bal des vampires, jouera le professeur Abronsius. Cul-de-sac, malgré son suspense et sa tonalité burlesque, n’en n’est pas moins une œuvre fascinante qui propose une réflexion intéressante sur la fragilité du couple et sur les travers de l’humanité : couardise, bêtise, jalousie, manipulation, libertinage, etc. Si le huis clos est rigoureusement délimité, avec la marée en guise de verrou, le cul-de-sac n’est pas que physique ; cet ilot rocheux marque la fin des illusions du mari, des gangsters, des relations amicales. Une fois encore, maniant l’absurde comme personne, Roman Polański transcende les codes du film à suspense en nous livrant une succession réjouissante de situations burlesques (poulailler, réception des amis avec enfant) non dénuées de dimension horrifique (marée, enterrement). La très belle photographie de Gilbert Taylor, la musique colorée de Krzysztof Komeda et la qualité globale de l’interprétation font de Cul-de-sac un bijou filmique, avec de surcroît la prestation de Françoise Dorléac qui mérite, à elle seule, la vision.

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Blu ray 3 premiers films Roman Polanski

Commentaire technique

Le Couteau dans l’eau

Image : copie HD, nouvelle restauration 4K, superbe définition, extrême précision sur les gros plans, grain argentique régulier et discret (tournage en 35 mm, Master Format 4K), image très propre, contraste bien maitrisé respectant la photographie admirable de Jerzy Lipman avec des noirs denses et une échelle de gris très homogène
Son : mixage polonais 5.1 (remix car le film est en monophonie), dialogues très clairs et équilibrés, pas de distorsion ou de saturation, excellente dynamique qui profite à la partition colorée de Krzysztof Komeda, remixage à la spatialisation très discrète aux ambiances à peine perceptibles (tempête, vent, clapotis de l’eau), sans aucun effet hypertrophié mais très signifiant (moustique) ; VO 1.0 monophonique légèrement plus dynamique

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Répulsion

Ce transfert haute définition, approuvé par Roman Polanski, a été réalisé sur un scanner Datacine Spirit 2K. Une restauration 2K effectuée à partir du négatif original 35 mm, d'un Master positif composite 35 mm à grain fin et d'un négatif dupliqué 35 mm. La numérisation des films et la composition photochimique ont été réalisées à Soho Images, Londres. Grover Crisp était le superviseur du télécinéma tandis que Scott Ostrowsky était le coloriste du télécinéma, tous deux de Sony Pictures.

Image : copie HD, nouvelle restauration 2K, très bonne définition, excellente restitution des textures, image propre, grain argentique visible mais homogène (tournage en 35 mm, Master Format 2K), contraste tranché avec des noirs très denses et des blancs éclatants, échelle des gris harmonieuse
Son : mixage anglais monophonique 1.0, dialogues clairs, pas de distorsion ou de souffle, excellente dynamique qui restitue parfaitement la sophistication du mixage avec des longues séquences aux sons ténus ; VF 1.0 monophonique, excellent doublage, bonne dynamique, voix un peu trop présentes

Cul-de-sac

Le transfert numérique haute définition, approuvé par le réalisateur Roman Polanski, a été créé sur un Spirit Datacine à partir du Master positif original composite 35 mm à grain fin. Des milliers de défauts (saleté, débris, rayures, épissures), les déformations, l’instabilité et le scintillement ont été supprimés manuellement à l'aide du système DRS de MTI et du système PFClean de Pixel Farm, tandis que les systèmes DVNR et Phoenix de Digital Vision ont été utilisés pour réduire la saleté, le grain et le bruit. La bande son monophonique d'origine a été remastérisée en 24 bits à partir d’une copie Master sonore positive à grain fin 35mm. Les clocs, les bruits sourds, les sifflements et les bourdonnements ont été supprimés manuellement à l'aide de Pro Tools HD. Les craquements ont été atténués à l'aide de la station de travail intégrée AudioCube

Image : copie HD, nouvelle restauration HD, excellente définition, très bon rendu des textures, grain argentique homogène (tournage en 35 mm), très bonne gestion du contraste avec des éclairages tranchés mais nuancés en basse lumière (extérieurs), noirs profonds, gris étagés, image très propre
Son : mixage anglais 1.0 monophonique, dialogues clairs et équilibrés, pas de distorsion, belle dynamique qui profite à la musique de Krzysztof Komeda, pas de défaut sonore ; VF 1.0 monophonique, voix claires, doublage soigné, pas de saturation

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge(5/5)
Mixages sonores : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile grise(4/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Packaging : Répulsion etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile grise(4/5) autres films etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile griseetoile grise(3/5)

IMDb
Le Couteau dans l’eau : https://www.imdb.com/title/tt0056291/
Répulsion : https://www.imdb.com/title/tt0059646/
Cul-de-sac : https://www.imdb.com/title/tt0060268/

 

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