Fernando Di Leo La Trilogie du milieu : un triptyque culte du genre poliziottesco (en Blu-ray et DVD)
Note artistique : 
(3,5/5)
Synopsis
Milan calibre 9 : après avoir purgé une peine de quatre ans de prison, Ugo Piazza est relâché pour bonne conduite. Son ancien complice, Rocco, un dangereux homme de main au service de « l'Américain », lui rafraîchit la mémoire : une somme importante a été dérobée avant son incarcération et Ugo était le dernier à avoir accès au magot…
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Passeport pour deux tueurs : rien ne va plus entre la mafia New-Yorkaise et celle de Milan, la tension est à son comble. Une cargaison de drogue envoyée en Italie par Corso, parrain américain, a été volée. Le parrain américain, Corso, décide d'employer la manière forte. Il envoie en Italie Dave Catania et Frank Webster, deux tueurs à gages des plus efficaces et leur donne pour consigne de se montrer les plus brutaux possible…
Le Boss : homme de main de Don Giuseppe Daniello, lui-même principal lieutenant de Don Corrasco, Nick Lanzetta profite que la famille ennemie soit réunie dans un cinéma pour la décimer à coups de lance-grenade. Cet évènement sera le déclencheur d'une montée de violence entre les deux familles, entre chantage, enlèvement et meurtres…
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• Titre français : Milan calibre 9 - Passeport pour deux tueurs - Le Boss
• Titre original : Milano Calibro 9 - La Mala ordina - Il Boss
• Support testé : Blu-ray
• Genre : policier, thriller, drame
• Année : 1972, 1972, 1973
• Réalisation : Fernando Di Leo
• Casting : (1) Gastone Moschin, Barbara Bouchet, Mario Adorf, Frank Wolff, Luigi Pistilli, Ivo Garrani, Philippe Leroy, Lionel Stander (2) Henry Silva, Woody Strode, Mario Adorf, Adolfo Celi, Luciana Paluzzi, Franco Fabrizi, Femi Benussi, Gianni Macchia, Sylva Koscina (3) Henry Silva, Richard Conte, Gianni Garko, Antonia Santilli, Corrado Gaipa, Marino Masé, Howard Ross, Claudio Nicastro
• Durée : 1 h 41 mn 44 (VF courte : 1 h 35 mn 49) - 1 h 35 mn 37 (VF courte : 1 h 28 mn 02) - 1 h 47 mn 36 (VF courte : 1 h 30 mn 03)
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique italien, français
• Bonus : les films par René Marx de « L’Avant-scène cinéma » (23 mn 39, 21 mn 24, 17 mn 20) - bande annonce de La Trilogie du milieu (1 mn 45) - livret « Fernando Di Leo La Trilogie du Milieu » par Alain Petit (52 pages)
• Bonus sur le Blu-ray Milan calibre 9 : Milan Calibre 9, documentaire (2004, Calibro 9, VOST, 29 mn 42, réalisation Manlio Gomarasca) - La morale du genre sur Fernando Di Leo (2004, Fernando di Leo La morale del genere, VOST, 30 mn 13, réalisation Manlio Gomarasca) - Giorgio Scerbanenco : le maître du polar italien (2004, VOST, Scerbanenco noir, 26 mn 11, réalisation Manlio Gomarasca et Davide Pulici) - galerie de photographies commentée par Gastone Moshin (VOST, 3 mn 28) - bane annonce (3 mn 15)
• Bonus sur le Blu-ray Passeport pour deux tueurs : Fernando Di Leo par Laurent Aknin (22 mn 39) - A l’Origine du milieu, documentaire (2004, Alle origini della mala, VOST, 19 mn 47, réalisation Manlio Gomarasca et Davide Pulici)
• Bonus sur le Blu-ray Le Boss : Histoires de mafia, documentaire (2004, Storie di Mafia, VOST, 23 mn 21, réalisation Manlio Gomarasca et Davide Pulici)
• Éditeur : Elephant Films
Commentaire artistique
Le coffret « La Trilogie du milieu » réunit trois films de Fernando Di Leo : Milan calibre 9 et Passeport pour deux tueurs, réalisés en 1972, ainsi que Le Boss tourné en 1973. Le réalisateur (cf. bonus livret) a d’abord été un scénariste prolifique avant de passer à la réalisation dans les années 60 et d’aborder, tour à tour, la comédie, la guerre, l’érotisme et l’horreur ! Son triptyque relève du poliziottesco ou néo-polar, un genre policier qui s’est développé dans le cinéma italien autour des années 60/80, qualifiées politiquement d’années de plomb, c'est-à-dire une époque frappée par la violence terroriste issue des milieux extrémistes de droite comme de gauche. Tout en se revendiquant dans la lignée du film noir, ce genre se caractérise par un aspect baroque exacerbé utilisant les décors urbains, les personnages au caractère excessif et une touche d'horreur gore. La trilogie a été produite au début des années 70 au moment où le poliziottesco atteint sa forme « classique », un genre qui a récemment gagné en renommée après les louanges appuyées de Quentin Tarantino. À l’égale de la trilogie du dollar de Sergio Leone, la trilogie poliziottesca de Fernando Di Leo fait d’ailleurs figure de référence culte. Souvent exploités en version française raccourcie, les trois films édités en Blu-ray gagnent en qualité technique et sont enfin visibles en version intégrale.
Son œuvre la plus ambitieuse sera Milan calibre 9 (), le premier opus de la trilogie sur la mafia, dont il écrit le scénario à partir des nouvelles publiées en 1969 par un maître du polar italien, Giorgio Scerbanenco (cf. bonus). La trame narrative simplissime tourne autour de Piazza, un personnage taiseux, fraîchement sorti de prison et que tout le monde traque : l’excellente idée est d’avoir confié ce rôle grave et intense à Gastone Moschin, formidable interprète dans Le Conformiste (1970) et qui confirmera, peu après, tout son talent dans Le Parrain 2 (1974). Si l’intrigue rappelle celle du classique Quand la ville dort de John Huston (Asphalt Jungle, 1950), c’est parce que le cinéaste est un grand cinéphile et avoue volontiers ses inspirations, en particulier son admiration pour l’œuvre de Jean-Pierre Melville : il est possible de relever quelques correspondances de scénario avec celui du film Le Deuxième Souffle (1966). Cependant, au-delà des différentes influences cinématographiques qu’on peut déceler dans Milan calibre 9, la mise en scène de Fernando Di Leo est néanmoins extrêmement personnelle et dénote un style singulier clairement identifiable. Autour de Gaston Moschin, le casting est éclectique : on n’oubliera pas de sitôt les prestations de Mario Adorf en homme de main sadique et Barbara Bouchet, en danseuse sexy. Filmé à Milan, dont les rues et les édifices (cathédrale) accentuent le poids de la violence urbaine sur le récit, Milan calibre 9 bénéficie d’une atmosphère si spécifique que l’action exacerbée, voir caricaturale, présente dans ce polar deviendra, en effet, la marque du genre et inspirera un certain Reservoir Dogs (1992).
Le succès critique et public de Milan calibre 9 avec son casting international et son atmosphère unique déclenche la production de l’opus suivant, Passeport pour deux tueurs ()basé sur le même modèle : intrigue impliquant un homme suspecté par la Mafia, adaptation des nouvelles de Giorgo Scerbanenco et action urbaine à Milan. Mais cette fois-ci, comme l’explicite le titre français, il est question de tueurs mafieux envoyés des États-Unis incarnés par les photogéniques Henry Silva (abonné au rôle de méchants) et Woody Strode (Le Sergent noir, 1960, Spartacus, 1960). Dans ce film, l’excellent Mario Adorf jouera avec conviction le proxénète traqué et doté d’une fort jolie épouse ayant la plastique de Sylva Koscina. Le film culmine avec un furieux règlement de comptes dans une casse automobile. Passeport pour deux tueurs, qui ne peut rivaliser avec la noirceur de Milan calibre 9 et son environnement urbain désenchanté, joue la carte de l’ironie et le spectacle plus coloré d’un intrigue ensoleillée et plus légère.
Le Boss, () troisième film qui conclue la trilogie, donne à Henry Silva le rôle principal : son incroyable photogénie fait merveille dans le rôle du truand inflexible. Cette fois-ci l’intrigue se déroule à Palerme mais la ville n’est pas clairement identifiable, peut-être parce que le roman « Il mafioso » de Peter McCurtin, dont est tiré le scénario, situait l’action à New York. Avec sa fin ambiguë et son impertinence, Le Boss évoque les liens étroits qui existent entre le politique, l’establishment et la pègre. Le film faillit être interdit suite à une plainte en diffamation. Le tableau implacable dénonçait autant les postures sordides des policiers que la brutalité paroxystique de la Mafia locale. Soutenu par la musique mémorable de Luis Bacalov, Le Boss livre un portait sans concession du mafieux cynique et déterminé n’obéissant plus aux codes de la famille. On retrouve Richard Conte en parrain tout puissant (Don Corrasco) et la jolie Antonia Santilli dans son avant dernier film, jouant Rina, la fille dévergondée de Don Giuseppe Danielo (Claudio Nicastro). Sans faire jeu égal avec Milan calibre 9, décidément le meilleur film de la trilogie, ce troisième opus, particulièrement violent, clôt brillamment la série des œuvres de Fernando Di Leo consacrées au Milieu.
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Commentaire technique
Image : copies HD, nouveaux Masters HD, définition remarquable avec un piqué exceptionnel sur les détails, grain argentique respecté, homogène et discret (tournages en 35 mm, Master Format 2K), splendide gestion du contraste pour une image très lumineuse aux noirs profonds, étalonnage chatoyant à tendance chaude, palette chromatique vive aux teintes riches et tons nuancés, défauts nettoyés et compression sans faille
Son : mixage italien 2.0 monophonique, dialogues clairs mais manquant de naturel (doublage en studio selon l’habitude du cinéma transalpin), superbe dynamique qui profite aux scènes d’action (coups de feu, bagarre, voitures) et aux musiques enlevées de Luis Bacalov, Osanna, Armando Trovajoli et Armando Novelli ; VF 2.0 monophonique claire, bonne dynamique mais plus réduite que celle de la VO, voix peu naturelles en raison d’un mixage décollé des ambiances
Notre avis
Image : (4,5/5)
Mixages sonores : 
(3,5/5)
Bonus : (4/5)
Packaging : (3,5/5)
IMDb
Milan calibre 9 : https://www.imdb.com/title/tt0067429/
Passeport pour deux tueurs : https://www.imdb.com/title/tt0068902/
Le Boss : https://www.imdb.com/title/tt0069818/
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