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Moranbong, chronique coréenne : seule fiction franco-nord-coréenne, un film exceptionnel (en DVD)

DVD Moranbong 00

Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)

Synopsis

Pendant la guerre de Corée, dans le village de Kaesong, un jeune ouvrier et la fille d'un vieux musicien traditionnel s'aiment. La veille du conflit, le père est arrêté par la police du sud et son ami cherche désespérément à la prévenir. La nuit même, les hostilités éclatent et le village est occupé par les troupes du Nord dans lesquelles s'engage le jeune homme. Blessé, il est recueilli par la jeune fille qui le cache. Rétabli, il reprend les armes mais est arrêté…

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• Titre original : Moranbong, chronique coréenne
• Support testé : DVD
• Genre : drame, historique
• Année : 1958
• Réalisation : Jean-Claude Bonnardot
• Casting : Do-Soun Oeum, Djoeung-Hi Ouan, Hong-Sig Kang, Si Mieun, Ou-Sun Sin, Jean-Claude Bonnardot, Sang-Sun Djo, Gui-Nam Gong, Dong-Soeug Ha
• Durée : 1 h 25 mn 12
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,35/1 Dyaliscope, Noir et Blanc
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : Dolby Digital 2.0 monophonique coréen/français
• Bonus : entretien avec Jean-Jacques Hocquard du Fonds de Dotation Armand Gatti (43 mn 20) - livret illustré « Pour venir à bout de ces ruines » (18 pages) par Nicole Brenez
• Éditeur : Doriane Films

Commentaire artistique

Prix Spécial du Comité du 12ème Festival du Film International de Pyongyang en Corée du Nord en 2010, Moranbong Chronique coréenne est un film exceptionnel réalisé par Jean-Claude (Claude-Jean) Bonnardot et écrit et dialogué par Armand Gatti. Sorti en France le 15 mai 1960, cette fiction unique est ensuite interdite pour raisons politiques jusqu’en 1963 et ne fera l’objet d’une restauration (cf. bonus) que très récemment, en 2010, lorsqu’il est, pour la première fois, montré en Corée du Nord, puis en France le 8 septembre 2011 à L’Étrange festival, mais le film demeurera inédit en vidéo. La pertinence de cette édition DVD, assortie d’une interview passionnante de Jean-Jacques Hocquard du Fonds de Dotation Armand Gatti et d’un livret très instructif de Nicole Brenez, est donc à souligner et à saluer. On apprendra, avec force anecdotes (cf. bonus), les conditions étonnantes du tournage de cette « fiction documentaire » réalisé en Corée du Nord sous la présidence de Kim Il-Sung et seule production cinématographique du genre coproduite par l’autorité communiste coréenne et la France. L’aventure du film débute en 1958 lorsque la Corée du Nord invite une délégation d’intellectuels français tels que Chris Marker et Claude Lanzmann ainsi qu’Armand Gatti et le journaliste et comédien Jean-Claude Bonnardot. Pour la petite histoire un des participants est le chanteur Francis Lemarque qui filmera en partie ce voyage en 16 mm. Suite à un accident à Moscou (cf. bonus), Armand Gatti arrive en Corée le bras cassé et son projet initial d’un documentaire, avec Jean-Claude Bonnardot venu avec caméra et négatifs, est modifié sur place à la demande des autorités. La découverte du pays dévasté, cinq ans après la fin du conflit, lui donne l’idée d’une fiction sur un « champ de ruines ». La vision de la salle du théâtre Moranbong de Pyongyang bombardée et reconstituée en souterrain suggère, sur fond de pansori, sorte d’opéra populaire garant de la tradition locale, une romance entre une future chanteuse de ce théâtre et son amoureux, un soldat capturé par les sud-coréens. Après le retour en France d’Armand Gatti, Jean-Claude Bonnardot va assurer la réalisation en s’octroyant aussi le rôle d’un reporter français. Malgré l’appui des autorités et le concours de techniciens hors pair, comme le directeur de la photographie Kiung-Ouan Pak et le musicien Nam-Hi Djoeung, le manque de moyens rend le tournage lent et compliqué et ne s’achève qu’à l’été 1959. Le film une fois monté en France est interdit mais montré, hors compétition, à Cannes en mai 1960 où il est encensé. Alain Peyrefitte libère sa diffusion en 1963, ce qui autorise le Parti Communiste à le transformer en un film militant… contre les intentions de ses auteurs. Puis le film sombre dans l’oubli jusqu’en 2007 (cf. bonus). Une fois restauré il sera enfin présenté en 2010 aux nord-coréens qui ne l’avaient jamais vu mais qui interdiront toute recherche sur les acteurs et sur les lieux de tournage. Visionner Moranbong Chronique coréenne est donc une expérience peu commune : outre la belle histoire d’amour servie par deux interprètes coréens remarquables, le film propose une plongée inédite dans la culture du pays et sur la situation de la Corée du Nord d’après-guerre avec toute l’authenticité du témoignage direct résultant d’un tournage effectué sur les lieux réels, loin des studios. S’il faut nécessairement remettre en contexte historique et politique (cf. livret bonus) la production de ce film, Moranbong Chronique coréenne n’a rien du pensum propagandiste qu’on aurait pu craindre. Bien au contraire, l’ingéniosité du scénario évite tout manichéisme primaire et « neutralise » toute allusion politique partisane au profit de notions plus universalistes telles que le pacifisme et l’entente. À cet égard, Moranbong Chronique coréenne constitue un très beau plaidoyer humaniste contre l’absurdité de la guerre, même si l’espoir, à l’époque, d’une future unification de la Corée s’est révélé depuis bien illusoire ! Moranbong Chronique coréenne est un film étonnant à plus d’un titre et cette aventure artistique sans précédent mérite, incontestablement, d’être vue.

 

DVD Moranbong

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Commentaire technique

Tournage en 35 mm avec le procédé Dyaliscope de la société SATEC de Saint-Cloud (anamorphose au coefficient 2) sur de la pellicule apportée de France et développée à Gennevilliers LTC, tous les éléments dont les négatifs ont été déposés (cf. bonus) aux Archives du CNC

Image : copie SD, film restauré par les Archives Françaises du Film du CNC, définition variable selon les plans et piqué pénalisé par le support DVD, grain argentique minoré, légère instabilité du cadre, quelques défauts subsistent (rayures), contraste variable avec fluctuations de densité sur certaines images et parfois une densité excessive sur les visages, échelle des gris assez régulière

Son : mixage 2.0 monophonique, dialogues (surtout coréens, parfois français) clairs mais niveau irrégulier, souffle ponctuellement important et grésillements occasionnels, légère saturation non pénalisante, spectre limité aux extrémités (aigus/graves)

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile griseetoile grise(3/5)
Mixage sonore : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile griseetoile grise(3/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(3,5/5)

IMDb : https://www.imdb.com/title/tt1593748/

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