Meurtres sous contrôle : une enquête policière singulière et absconse (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (3/5)

Synopsis

À New York, l'inspecteur Nicholas enquête sur une série de meurtres sans mobile apparent. Les différents assassins prétendent tous avoir agi à la demande de Dieu. Détail étrange : aucun d'eux n'est un expert en armes à feu, et pourtant tous ont fait preuve d'une précision remarquable.

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• Titre original : God Told Me To
• Support testé : Blu-ray
• Genre : science-fiction, horreur, policier
• Année : 1976
• Réalisation : Larry Cohen
• Casting : Tony Lo Bianco, Deborah Raffin, Sandy Dennis, Sylvia Sidney, Sam Levene, Robert Drivas, Mike Kellin, Richard Lynch, Andy Kaufman
• Durée : 1 h 29 mn 35
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 et 2.0 anglais - DTS-HD MA 2.0 monophonique français
• Bonus : boîtier Digipack 3 volets avec le Blu-ray et le DVD du film - le livret « Rencontre du quatrième type » (24 pages)
• Bonus sur le Blu-ray : Dieu me l'a ordonné, texte et réalisation Alexandre Jousse (2021, 24 mn 43) - L’enfer et le paradis sur terre avec Tony Lo Bianco acteur (11 mn 31) - interview de Larry Cohen au New Beverly Cinema (2015, 21 mn 17) et au Lincoln Center (2002, 8 mn 08) - Souvenirs du bon vieux sang avec Steve Neil, responsable des effets spéciaux (Bloody Good Times, 9 mn 12) - film annonce version originale (1 mn 02) - Spots TV (2 mn 39)
• Éditeur : Rimini Éditions

Commentaire artistique

Dédié au grand compositeur Bernard Herrmann, qui est mort juste avant d’avoir pu écrire sa musique, Meurtres sous contrôle est aujourd’hui considéré comme un film culte d’horreur des années 70. Fiasco public à sortie, aux USA et en France, ce surprenant thriller, mystico-scientifique, à tout autant suscité une critique exagérément défavorable qu’un éloge surestimé : cocktail hétéroclite de genres, Meurtres sous contrôle a été, d’après l’aveu même de son auteur Larry Cohen, scénarisé en « écriture automatique » sans jamais se poser la moindre question « sur un thème quelconque, une morale à tirer de cette histoire ». Toute l’originalité apparente de l’intrigue, basée sur une interprétation personnelle et décalée de la Bible, est d’avoir imaginé que des extraterrestres auraient fécondés des femmes terrestres pour engendrer des créatures hybrides et faire évoluer l’humanité. Cet argument n’est pas sans rappeler celui de la géniale série de la BBC Quatermass and the Pit (1958-1959), devenue le film culte Les Monstres de l’espace (1967) de Roy Ward Baker ! Mais Larry Cohen l’affirme : son film, qui n’a rien de mystique et ne se veut pas une critique de la religion, raconte à sa manière, un tantinet subversive, une histoire d’extraterrestres. Produit avec des moyens dérisoires, dignes d’un film de Roger Corman, le tournage de Meurtres sous contrôle relève du système D. Ainsi la séquence fameuse du défilé policier de la Saint-Patrick a été filmée à la sauvette à New York puis, une fois intégrée au scénario du film en gestation, complétée par des plans faits à Los Angeles avec Andy Kaufman. Le film, malgré ses séquences surnaturelles, se passe volontiers d’effets spéciaux : le corps réellement déformé de l’acteur Richard Lynch (suite à une immolation par le feu) et des images empruntées à Cosmos 1999 évitent de grever le budget. Par son intrigue assez foutraque, son mélange de genres - science-fiction, horreur, policier - et ses conditions singulières de production, Meurtres sous contrôle est un film étonnant qui démarre avec une sacrée scène de tuerie de masse par un tireur embusqué… bien avant que cette scène ne devienne familière au cinéma et dans la vie. Le reste de l’histoire mélange allégrement les dérives de la société et leur commanditaire apparent, Dieu ! Le casting est excellent : Tony Lo Bianco (remplaçant Robert Forster « adepte du chewing-gum ») joue les flics mystiques avec assurance, l’actrice oscarisée Sandy Dennis et Deborah Raffin se partagent les rôles d’épouse et de maitresse tandis que Silvia Sidney, grande actrice des années 30 (Alfred Hitchcock : Agent Secret, 1936, William Wyler : Rue sans issue, 1937 et Fritz Lang : Furie, 1936, etc.) incarne la génitrice ambiguë Elizabeth Mullin. Réputé pour avoir créé la série Les Envahisseurs (1967-1968, The Invaders), Larry Cohen réalise Meurtres sous contrôle juste après son meilleur film Le Monstre est vivant (1974, It’s Alive) : les deux films ont été encensés au Festival d’Avoriaz par le Prix Spécial. À l’analyse, Meurtres sous contrôle, tout confus qu’il paraît, est nettement plus novateur, entremêlant savamment les notions d’identité, de maternité, de passivité et de néo-divinité avec, en prime, celles de virginité des génitrices et d’hermaphrodisme ! Du jamais vu dans un film de genre et qui mérite assurément la vision grâce à la très belle copie reprise de l’édition américaine ainsi que ses suppléments, hormis le commentaire audio de Larry Cohen et le remix 7.1.

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Commentaire technique

Image : copie HD, Master HD produit à partir d’un scan 4K du négatif caméra original, définition remarquable et piqué époustouflant sur les gros plans, grain argentique bien restitué et homogène (tournage en 35 mm), excellente gestion du contraste, image lumineuse aux noirs profonds, absence de défaut, étalonnage chatoyant à la colorimétrie vive et réaliste, tons nuancés, compression sans accroc

Son : mixage anglais 5.1 (remix car le film est monophonique, le Blu-ray américain offre même un remix 7.1), dialogues clairs au centre, excellente dynamique sur la musique de Frank Cordell et les ambiances, spatialisation assez contenue mais parfois immersive notamment sur la séquence d’ouverture (tirs, hélicoptère), LFE réservé ; la version anglaise 2.0 est plus proche du mixage original ; VF 2.0 monophonique, claire, très dynamique, doublage soigné mais voix désespérément détachées (exemple : commentateur radio-télé)