L'Homme qui voulut être roi : un très grand film d’aventures (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (4,5/5).

Synopsis :

Les Indes en 1880. Les anciens sergents de l'armée britannique Daniel Dravot et Peachy Carnehan partent pour la mystérieuse province du Kafiristan, où aucun homme blanc ne s'est aventuré depuis Alexandre le Grand, afin d'en devenir les souverains. Après un périple dans des contrées inhospitalières, les deux amis atteignent la Terre promise. Ils conquièrent et unifient les peuplades locales. Au cours des combats, Daniel est touché d'une flèche, miraculeusement arrêtée par sa cartouchière. Mais aux yeux du peuple, il passe pour un Dieu. Daniel va connaître les affres de la déification…

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• Titre original : The Man Who Would Be King
• Support testé : Blu-ray
• Genre : aventure
• Année : 1975
• Réalisation : John Huston
• Casting : Sean Connery, Michael Caine, Christopher Plummer, Saeed Jaffrey, Doghmi Larbi, Jack May, Albert Moses, Shakira Caine
• Durée : 2 h 09 mn 08
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,35/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais, français
• Bonus : coffret collector, format 23,5 (largeur) x 24 (hauteur) x 3,3 cm (épaisseur) contenant le Blu-ray et le DVD du film - un livre exclusif grand format « La matière dont les rêves sont faits L’Inde à Marrakech » écrit par Samuel Blumenfeld et illustré de photos et archives rares (200 pages)
• Bonus sur le Blu-ray : Quand l'aventure tutoie les sommets, entretien avec Angela Allen, scripte attitrée de Huston (2019, 43 mn 04, écrit et réalisé par Robert Fischer) - La cité magique, Making of d'époque (11 mn 32) - Le gentil géant, entretien avec Danny Huston, fils du réalisateur (2019, 8 mn 05) - John, Sean & Michael par Jean-Jacques Annaud (2020, 21 mn 07, réalisation Eric Paccoud) - Loin d'Hollywood : John Huston roi du Kafiristan, entretien avec le cinéaste Jean-Jacques Annaud (2020, 17 mn 15, réalisation Eric Paccoud) - bande annonce (1 mn 04)
• Éditeur : Wild Side Video

Commentaire artistique

Très beau coffret collector, en édition limitée à 2 000 exemplaires augmentée d’un épais livre explicatif rédigé par Samuel Blumenfeld et assortie, entre autres, de deux entretiens passionnants avec Jean-Jacques Annaud, pour L’Homme qui voulut être roi, film épique que réalisa John Huston en 1975 avec un trio de grands acteurs britanniques, dont le regretté Sean Connery qui nous a quitté le mois dernier. Le scénario, coécrit par Gladys Hill (cf. bonus) et John Huston, adapte très fidèlement une nouvelle de Rudyard Kipling publiée en 1888 racontant les aventures d’une paire d’aventuriers projetant de s’emparer de la couronne du royaume perdu du Kafiristan (Nouristan actuel) : une métaphore sur le pouvoir présentée avec toute la puissance narratrice du talentueux romancier. L’œuvre de ce dernier fascinait le cinéaste depuis bien longtemps et il avait prévu d’adapter la nouvelle avec Humphrey Bogart et Clark Gable, le sujet s’inscrivant parfaitement dans la thématique de l’aventurier ambigu et utopiste, chère à plusieurs de ses films majeurs. Mais la préparation tourne à l’épopée : décliné par les stars pressenties, le projet est pourtant envisagé dans les années 50 avec un tournage sur place. Le cinéaste effectue même des repérages en Inde en 1954, assortis d’une chasse au tigre ! Divers scénarios se succèdent et les nombreuses tentatives de monter le film échouent jusqu’à ce que la talentueuse Gladys Hill réécrive l'histoire. La nouvelle mouture du récit, fertile en péripéties et forte en émotion, réussit à convaincre le producteur Carl Foreman et les acteurs Michael Caine et Sean Connery. Ne pouvant, pour diverses raison, tourner ni en Afghanistan, ni en Turquie, John Huston consentira à diriger son film au Maroc (cf. bonus Making of) : les Berbères figureront les Kafirs et le grand décorateur Alexandre Trauner construira avec habileté dans l’Atlas marocain les décors en kit de la cité de Sikandergul, héritée d’Alexandre le Grand, avec temples à colonnes. Superbe. Le film, en Scope, va bénéficier de la photographie inspirée d’Oswald Morris, directeur photo habitué à travailler avec John Huston. D’autres talents ont aussi contribué à la qualité artistique du film : celui d’Edith Head, à qui l’on doit les magnifiques costumes, et celui de Maurice Jarre, qui a composé une musique digne du souffle épique de l’histoire. Malgré l’imprécision de la préparation, l’engagement à la dernière minute de Christopher Plummer pour jouer Rudyard Kipling, de l’épouse de Michael Caine, Shakira, pour incarner la princesse Roxanne et d’un veilleur de nuit indigène, Karroun Ben Bouih, pour être le grand prêtre, L’Homme qui voulut être roi deviendra le très grand film d’aventure que l’on connaît. La connivence totale entre les deux acteurs, Sean Connery et Michael Caine, et l’incroyable maîtrise de la mise en scène de John Huston, expliquent en grande partie que ce récit, assez irrévérencieux sur les aspects négatifs de l’impérialisme et non moins ironique avec son humour pince sans rire, soit devenu un chef-d’œuvre du genre. Surtout que L’Homme qui voulut être roi n’est pas qu’un banal film d’action exploitant la photogénie des paysages et les grandes scènes avec foule de figurants : l’étude de l’orgueil et de la vanité humaine, concrétisée par la soif de pouvoir - jusqu’à la déification - et de fortune des deux aventuriers sans scrupule, donne au récit une dimension philosophique plus universaliste. Lorsqu’il réalise en 1975 L’Homme qui voulut être roi, John Huston retrouvait l’esprit de divertissement qu’il avait intensément appliqué à son film de 1948, Le Trésor de la Sierra Madre. Ces deux œuvres essentielles attestent de l’inclination du cinéaste pour les personnages ambigus, aventuriers tragi-comiques bercés d’illusions, qu’il arrive à rendre sympathiques malgré leur turpitude. Brillant.

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Commentaire technique

Image : copie HD, superbe définition avec un piqué remarquable sur les détails (costumes, accessoires, paysages) bien que le film ait été tourné en 35 mm argentique, grain homogène et discret, image stable et d’une propreté exceptionnelle, gestion irréprochable des contrastes avec des noirs denses et une image très lumineuse, étalonnage chaud et chatoyant, colorimétrie naturelle somptueuse aux teintes vives et aux tons nuancés

Son : mixage anglais monophonique 2.0 (le film aurait été projeté en stéréo 4 pistes à sa sortie en salle : si c’est bien le cas, dommage d’avoir perdu la spatialisation qui devait accentuer le caractère épique de l’aventure…), équilibré, dialogues très clairs, pas de défaut ni de distorsion, excellente dynamique qui profite aux ambiances de foule et à la musique de Maurice Jarre ; VF 2.0 monophonique, claire, dynamique, mais même si l’on retrouve la voix des doubleurs attitrés des stars anglaises, rien ne vaut l’intonation originale, en particulier l’accent cockney imité avec délice par Michael Caine