La Grande pagaille : comédie grinçante sur la déconfiture de la société italienne en 1943 (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (4/5)

Synopsis

Le 8 septembre 1943. Mussolini est destitué et l'Italie signe l'armistice avec les alliés. Le sous-lieutenant Innocenzi et son détachement trouvent leur caserne abandonnée et constatent que les troupes allemandes les considèrent comme des ennemis. Abandonné par ses hommes, Innocenzi n’est plus accompagné que de Ceccarelli. Déguisés en civils, ils devront traverser des situations rocambolesques et tragiques…

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• Titre original : Tutti a casa
• Support testé : Blu-ray
• Genre : comédie dramatique
• Année : 1960
• Réalisation : Luigi Comencini
• Casting : Alberto Sordi, Serge Reggiani, Carla Gravina, Martin Balsam, Didi Perego, Nino Castelnuovo, Alex Nicol, Claudio Gora
• Durée : 1 h 54 mn 32
• Format vidéo : 16/9 (1,78/1)
• Format ciné : 1,85/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique italien, français
• Bonus : Boîtier Digipack avec fourreau avec le Blu-ray et le DVD du film, le DVD de bonus
• Bonus sur le Blu-ray : Drôles, tendres et méchants, documentaire sur la comédie italienne (52 mn 58) - entretien avec René Marx, rédacteur en chef adjoint de L'Avant-Scène cinéma (30 mn 31) - scènes coupées par les propriétaires du film au moment de la maternisation HD (6 mn 58)
• Éditeur : Rimini Éditions

Commentaire artistique

Lorsqu’il réalise La Grande pagaille, Luigi Comencini a acquis une certaine réputation populaire avec ses comédies italiennes Pain, Amour et Fantaisie (1953) et Pain, Amour et Jalousie (1954). En 1959 Dino de Laurentis vient de produire le film de Mario Monicelli La Grande Guerre avec Alberto Sordi et Vittorio Gassman : un succès immédiat et un Lion d’or à Venise. Tenté par une suite à ce succès, le producteur est finalement séduit par le scénario que lui propose Luigi Comencini, coécrit avec Marcello Fondato à partir d’une histoire d’Agenore Incrocci et Furio Scarpelli. Il est question d’une sorte de road-movie en pleine période de confusion qu’entraîne l’armistice de 1943 et qui fait des allemands, ex-alliés, des ennemis en puissance. La Grande pagaille, « Tout le monde à la maison » selon le titre italien, qui n’est pas un film de guerre selon son réalisateur, raconte le voyage de quelques soldats décidés à rentrer chez eux et qui, au cours de leurs pérégrinations, vont subir et constater l’absurdité de la situation dans laquelle se mêle sans cesse le tragique à la farce. Le personnage central est incarné avec un talent indiscutable par Alberto Sordi qui semble incarner, en une seule personnalité, toutes les qualités et tous les défauts du quidam italien et laisse entrevoir des valeurs contradictoires, entre lâcheté et noblesse d’esprit, capable de déboucher sur une vraie rédemption. Si la comédie est grinçante, la description est éminemment naturaliste et Luigi Comencini n’hésite pas à montrer avec acuité des actions de guerre singulièrement fortes. Soutenue par la très belle photographie de Carlo Carlini et par un casting de choix, dont les excellents Serge Reggiani et Martin Balsam, la réalisation efficace enchaine des séquences poignantes et dramatiques : la jeune juive qui risque d’être coffrée, le train de déportés, les combats de rue, etc. La Grande pagaille dépasse de loin la simple comédie de guerre : sous son aspect parodique c’est un tableau d’une incroyable profondeur, en particulier sur l’attitude de l’armée italienne prise au dépourvue, et une étude lucide de l’humanité lorsqu’elle est livrée sans frein à ses pulsions, bonnes ou mauvaises. On ne peut qu’en recommander la vision et prendre conscience que le futur auteur d’un Pinocchio de télévision renommé (1972) était un formidable observateur de la condition humaine. À sa sortie en Italie, le film obtiendra de nombreux prix et un vrai succès populaire.

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Commentaire technique

Image : copie HD, très bonne définition et excellent piqué, excepté sur quelques plans, grain argentique présent mais homogène (tournage en 35 mm), format cinéma non respecté, image pas complètement nettoyée avec des salves ponctuelles de points blancs (générique entre autre), excellent contraste, noirs profonds, gris étagés

Son : mixage monophonique 2.0 italien, grande clarté des dialogues, excellent dynamique (explosions, tirs, véhicules) au niveau élevé, bien équilibré, sans distorsion, ni souffle accusé ; VF 2.0 claire et dynamique, doublage plutôt conforme à la version originale, assez bien équilibrée avec les ambiances