Juliette ou La Clef des songes : une évasion onirique et esthétique (en DVD)
Note artistique : (4/5)
Synopsis
Michel a volé par amour pour Juliette. Du fond de sa cellule, il songe à la jeune fille. Transporté par ses rêves, le voici dans un étrange village dont les habitants semblent avoir perdu la mémoire. Juliette, elle, est retenue captive par un mystérieux châtelain, fort jaloux, qu'elle doit bientôt épouser. Au fil de ses pérégrinations, Michel croise des personnages singuliers et retrouve enfin sa Juliette. Ivre d'amour, il lui fait une promesse - mais qu'en sera-t-il à son réveil ?
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• Titre original : Juliette ou La Clef des songes
• Support testé : DVD
• Genre : fantastique, drame
• Année : 1951
• Réalisation : Marcel Carné
• Casting : Gérard Philipe, Suzanne Cloutier, Gabrielle Fontan, Jean-Roger Caussimon, Édouard Delmont, René Génin, Roland Lesaffre, Arthur Devère, Louise Fouquet
• Durée : 1 h 29 mn
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : Dolby Digital 2.0 monophonique français
• Bonus : livret de 28 pages « L'histoire de Juliette ou la Clé des Songes » rédigé par Philippe Morisson
• Éditeur : Doriane Films
Commentaire artistique
C’est Georges Neveux, auteur de la pièce de théâtre « Juliette ou la clé des songes » (1930), qui a écrit les dialogues de son adaptation au cinéma scénarisée par Jacques Viot et Marcel Carné. Lorsque le cinéaste Marcel Carné réalise Juliette ou La Clef des songes en 1951, il possède l’aura d’un maestro pour avoir dirigé, entre autre, Les Visiteurs de soir (1942) et Les Enfants du paradis (1945). Juste avant ce film, son adaptation de Simenon avec Jean Gabin La Marie du port (1950) connaît un franc succès en salle. Si sa collaboration avec Jacques Prévert a cessé, Marcel Carné réunit pour Juliette ou La Clé des songes ses familiers : Alexandre Trauner pour les décors (intérieurs du château, forêt), Joseph Kosma pour la musique et Mayo (Antoine Malliarakis) pour les costumes et compte sur le grand talent d’Henri Alekan qui était déjà son directeur photo sur La Marie du port. Ce film est un ancien projet que Marcel Carné avait en tête après avoir vu la pièce en mars 1930 avec Renée Falconetti dans le rôle-titre. Amorcé en 1941, avec l’aide de Jean Cocteau et prévu pour Jean Marais et Micheline Presle, le film avait été stoppé par le conflit. La version 1951 est sensiblement différente : Marcel Carné cherche à retrouver l’esprit de poésie fantastique qu’il avait su si bien communiquer à son film Les Visiteurs du soir écrit par Jacques Prévert. Le résultat est sans doute différent mais Juliette ou La Clef des songes cultive avec bonheur l’onirisme romantique lié à l’intrigue qui est excellemment servi par la prestation convaincante de ses acteurs : Gérard Philipe toujours aussi charismatique, Suzanne Cloutier étonnante en charmante héroïne éthérée dans l’un de ses rares rôles au cinéma et Jean-Marie Caussimon idéal en brutal châtelain « barbe-bleue » sans oublier la composition élégante d’Yves Robert en accordéoniste ; comme souvent chez Marcel Carné les seconds rôles sont empathiques (le garde-champêtre joué par Édouard Delmont). Quelle intéressante histoire que ce pays où la mémoire fait défaut à tout le monde ! Même si cette échappée imaginaire manque parfois de dimension surnaturelle avec ses décors omniprésents et sa trivialité rarement décalée, Juliette ou La Clef des songes dégage une atmosphère singulière fascinante et une dimension rare dans le cinéma français de l’époque : le sens du merveilleux. Ce film ne méritait pas l’accueil catastrophique reçu à sa sortie (Cannes). Depuis les querelles critiques se sont tues et même si Juliette ou La Clef des songes n’a pas atteint le rang de film-culte des grands œuvres de Marcel Carné/Jacques Prévert, cette évasion onirique et ce drame romanesque sur l’amour impossible peut se revoir avec grand intérêt. C’était l’un des films préférés de Marcel Carné qui trouvait pertinent le ton kafkaïen que certains avait cru voir dans le traitement de Juliette ou La Clé des songes et il définissait son œuvre comme hardie mais esthétique et chaleureuse en insistant sur sa structure reprenant les « quatre mouvements d’une symphonie » : une analyse lucide et sensible. Cette évocation est néanmoins plus profonde qu’il n’y parait, abordant, par le songe, la grande question existentielle du passage du temps. Beau et attachant.
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Commentaire technique
Image : copie SD, film restauré, nouveau Master, très bonne définition dans la limite étroite du support DVD, grain argentique très présent (tournage en 35 mm), contraste appuyé qui renforce parfois un peu trop les écarts lumineux, image nettoyée très propre, noirs denses, gris étagés, blancs francs
Son : mixage français 2.0 monophonique, dialogues clairs, pas de distorsion, spectre très limité et fluctuations sur la musique, ambiances manquant de clarté
Notre avis
Image : (3,5/5)
Mixage sonore : (3/5)
Bonus : (2/5)
Packaging : (3,5/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0042621/
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