Justice est faite : sur la faillibilité du jury populaire (en Blu-ray)
Note artistique : (4/5)
Synopsis
Versailles, 1950. Une jeune femme, Elsa, est jugée devant une Cour d'assises pour avoir euthanasié son amant qui dirigeait un groupe pharmaceutique. Acte d'amour désespéré ou homicide ? Aux jurés, en leur âme et conscience, de répondre. Mais le procès, bien que dévoilant un autre homme dans sa vie et la perspective d'un bel héritage, ne parvient qu'à pointer les failles de la justice telle qu'elle sera rendue par les jurés.
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• Titre original : Justice est faite
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1950
• Réalisation : André Cayatte
• Casting : Michel Auclair, Balpêtré, Raymond Bussières, Jacques Castelot, Jean Debucourt, Jean-Pierre Grenier, Claude Nollier, Marcel Pérès, Noël Roquevert, Valentine Tessier, Jean D'Yd, Mouloudji, Nane Germont
• Durée : 1 h 47 mn 17
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 Noir et blanc
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : DTS-HD Master 2.0 monophonique français
• Bonus : Justice pour Cayatte par Didier Gislain, spécialiste du cinéma français 1930-1960 (27 mn 21) - Justice est faite restauré (2 mn 27)
• Éditeur : Gaumont
Commentaire artistique
Justice est faite a été réalisé en 1950 par André Cayatte et initie le « cycle » de ses films à thèse tournant autour du droit et de la justice. Avant de devenir un cinéaste confirmé, André Cayatte fut un écrivain romancier reconnu et un avocat au barreau de Toulouse. Comme le détaille Didier Gislain dans le bonus du blu-ray, il débute pendant la Seconde Guerre une carrière de réalisateur au sein de la Continental à capitaux allemands. A la Libération, il sera relaxé et pourra continuer d’exercer, dirigeant plusieurs films classiques comme Les Amants de Vérone (1949) mais ne peut mener à bien son projet d’un « docu-fiction » sur l’affaire Seznec. Il décide alors de consacrer plusieurs films au mécanisme de la justice et commence par Justice est faite dans lequel il montre comment un jury d’assises fonctionne. C’est avec Charles Spaak, qui dialogue aussi le film, qu’André Cayatte rédige le scénario qui narre le déroulement d’un procès d’assise avec en parallèle le portrait des jurés dans leur vie quotidienne : considéré comme un « film plaidoyer », Justice est faite cherche à démontrer les limites du système puisque chaque juré est soumis à ses préjugés et ne peut jamais atteindre l’impartialité théorique requise. Le casting, qui réunit bon nombre de grands acteurs des années 50, va donc présenter un échantillonnage édifiant de ces jurés : Noël Roquevert joue un ex-militaire buté et réactionnaire, Valentine Tessier est une amie des animaux, Raymond Bussières fait le garçon de café perspicace et Marcel Perès l’agriculteur surtout préoccupé par sa terre et par sa femme (Nane Germon) restée seule avec le garçon de ferme (Mouloudji). Jacques Castelot incarne un propriétaire équestre poursuivi par son ex-fiancée (Dita Parlo dont c’est le retour sur les écrans), Jacques Debucourt n’a d’yeux que pour une des jurés et Michel Auclair veut défendre coûte que coûte l’accusée (Claude Nollier) dont il est l’amant. Justice est faite aura le privilège de remporter le Lion d’or à la Mostra de Venise et l’Ours d’or de Berlin : c’est dire que son impact est fort. Très différent des films de prétoire, Justice est faite ne s’attarde pas sur les échanges de plaidoiries mais cherche à brosser avec toute la subtilité possible le portrait d’êtres humains dans leur quotidien subitement propulsés dans une cour de justice pour prononcer une sentence lourde (jusqu’à la peine de mort à l’époque). André Cayatte ne prend pas parti mais propose une analyse démonstrative sur la prétendue impartialité de la justice : un jury populaire n’est que la somme des préjugés de chaque participant, autrement dit la justice humaine n’est pas infaillible… Une intéressante réflexion sur le système judicaire français qui suscita de nombreux débats à sa sortie. Classique du film judicaire, Justice est faite bénéficie d’une mise en scène rigoureuse et efficace d’un nouveau genre, mêlant fiction romanesque et expérimentation vécue, et d’une interprétation des plus convaincantes.
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Commentaire technique
Collection Gaumont restauré : restauration 2K en 2019 par le laboratoire numérique pour les images : Eclair et pour le son : L.E. Diapason
Image : copie HD, excellente définition et grain argentique perceptible mais homogène (tournage en 35 mm), image débarrassée de ses défauts, excellent contraste avec des noirs profonds, des blancs nuancés et une échelle des gris régulière, étalonnage variable
Son : mixage français 2.0 monophonique, dialogues clairs sans distorsion, bonne dynamique, pas de souffle appuyé, spectre un peu limité dans les aigus
Notre avis
Image : (4/5)
Mixage sonore : (3/5)
Bonus : (2,5/5)
Packaging : (2,5/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0042625/
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