Elmer Gantry, le charlatan : un film sans concession qui n’a pas vieilli (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (4,5/5)

Synopsis

Bel homme, opportuniste, immoral, le représentant de commerce Elmer Gantry est tout cela, et bien plus encore. Ainsi, lorsqu'il tombe par hasard sur la réunion d'un groupe de « Renouveau évangélique » et découvre qu'il peut se faire de l'argent facilement, Gantry se convertit à l'évangélisme. Rejoignant les rangs de Sœur Sharon Falconer, il livre des sermons éloquents contre le démon, qui lui valent gloire et fortune. Mais lorsqu'une ancienne maîtresse refait surface, Gantry doit affronter des démons d'un tout autre genre…

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• Titre original : Elmer Gantry
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1960
• Réalisation : Richard Brooks
• Casting : Burt Lancaster, Jean Simmons, Dean Jagger, Arthur Kennedy, Shirley Jones, Patti Page, Edward Andrews, John McIntire
• Durée : 2 h 26 mn 51
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,66 /1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 anglais, français
• Packaging Mediabook contenant : le Blu-ray et le DVD du film
• Bonus exclusifs sur le Blu-ray : L’Évangile selon Brooks, entretien avec Patrick Brion (44 mn 33) - Le Confidence Man chez Lewis Sinclair par Jean-Claude Zylberstein (13 mn 43) - bande annonce (3 mn 19) - livre exclusif (80 pages) sur le film rédigé par Philippe Garnier
• Éditeur : Wild Side Video

Commentaire artistique

Si la carrière de Richard Brooks n’a pas été aussi prolifique que celle d’autres cinéastes, son cinéma ne laisse pas indifférent et la plupart de ses films ont laissé une empreinte indéniable. Dès 1945, Richard Brooks a le projet d’adapter « Elmer Gantry » (1927), roman du prix Nobel de littérature Sinclair Lewis. Le dramaturge s’était inspiré de la vie de Billy Sunday, un joueur de baseball reconverti en évangéliste et devenu le plus célèbre prêcheur des USA au début du 20e siècle, tandis qu’une évangéliste pentecôtiste Aimée Semple McPherson l’a sans doute aidé à concevoir sœur Sharon. À partir de 1947, Richard Brooks coécrit le scénario avec Burt Lancaster. De ce roman mal perçu par Hollywood, ils tirent un scénario qui gomment les aspects trop offensant envers la religion et qui, pour s’adapter aux contraintes du code Hays, fait de Gantry un voyageur de commerce découvrant, en pleine époque de la prohibition, les profits substantiels du prosélytisme religieux. Mais en bons dramaturges, les compères n’oublieront les bons second rôles, comme celui du journaliste Jim Lefferts ou de la prostituée Lulu Baines, ni les scènes spectaculaires comme l’incendie. Elmer Gantry, le Charlatan sera réalisé en 1960 par Richard Brooks et récoltera trois Oscar : meilleur scénario adapté (Richard Brooks), meilleur acteur (Burt Lancaster, ce sera la seule statuette de sa carrière) et meilleure actrice de second rôle (Shirley Jones). En revanche ni André Prévin, pour sa superbe composition musicale dramatique, ni Jean Arthur et Arthur Kennedy, pour leur excellentes interprétations de sœur Sharon Falconer et du journaliste Jim Lefferts (inspiré du brillant écrivain et penseur américain H. L. Mencken) ne seront récompensés. Rôle mémorable pour Burt Lancaster, Elmer Gantry est un personnage de fiction dans lequel la star voyait le prédicateur médiatique Billy Graham. L’intrigue servira d’opportunité au roman et au film pour renvoyer dos à dos la religion « revivaliste », la politique et le pouvoir sur fond de foi, d’argent, d’alcool et de sexe. Enchaînant des séquences puissantes, notamment les prêches enflammés de Gantry, magnifiquement photographiés par John Alcott, le film offre aux divers acteurs de superbes opportunités de prouver l’étendue de leur talents : Burt Lancaster, Jean Simmons et Shirley Jones sont impressionnants dans leurs rôles respectifs. Le film ne creuse pas complètement les tréfonds et les conséquences de l’intrigue conservant, à raison, une certaine ambiguïté à propos des croyances réelles des divers protagonistes. Leur complexité psychologique enrichie foncièrement l’approche et malgré leurs défauts respectifs les divers personnages, Elmer Gantry en tête, ont une part d’humanité qui les rend tous digne d’intérêt. Entre mission de conversion avec obligation de résultat et sincère adhésion religieuse, ce drame, assez sévère sur le fanatisme évangélique, propose une plongée vertigineuse sur la manipulation par la croyance d’une société où le mensonge est un moyen comme un autre pour obtenir l’adhésion à la foi : pour le dire plus crûment, comment parvenir au Bien en agissant par le Mal. Sur la fascination américaine pour les bonimenteurs, maîtres du spectacle politico-religieux, ce chef-d’œuvre de Richard Brooks est plus que jamais d’actualité.

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Commentaire technique

Image : copie HD, en dépit d’un grain argentique assez prononcé et renforcé par un fort contraste qui sature les couleurs et un choix photographique d’optiques diffuses, le film possède une assez bonne définition, un étalonnage chaud et une colorimétrie aux teintes chaleureuses, défauts contenus

Son : mixage anglais 2.0 monophonique doté d’une forte dynamique sur la musique et d’un assez bon équilibre voix/ambiances, pas de distorsion, niveau variable ; VF 2.0 monophonique ancienne et artificielle pour ce film où les dialogues sont omniprésents