Finis terrae - La Femme du bout du monde : deux films de Jean Epstein en HD (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (3,5/5)

Synopsis

Finis terrae : sur un îlot désertique de Bretagne, quatre pêcheurs de goémon travaillent l'été dans un complet isolement. Ambroise, malade, est mis en quarantaine, mais devant la gravité de son état, Jean-Marie décide de le ramener à Ouessant…
La Femme du bout du monde : des marins débarquent sur l'îlot Dumont-d'Urville, perdu au milieu de l'océan. Ils sont à la recherche de minerai de radium. L'îlot n'a pour toute habitation qu'une auberge tenue par Anna, une belle jeune femme qui vit avec son mari dément et son enfant.

• Titre original : Finis terrae - La Femme du bout du monde
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1929 - 1937
• Réalisation : Jean Epstein
• Casting : (1) Gibois, Jean-Marie Laot, Malgorn, François Morin, Pierre, ambroise Rouzic (2) Charles Vanel, Germaine Rouer, Jean-Pierre Aumont, Alexandre Rignault, Philippe Ricard, Robert Le Vigan
• Durée : 1 h 21 mn 38 - 68 mn 06
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 Noir et blanc
• Sous-titrage : français, anglais
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 (1) muet, musique de Roch Havet (2) monophonique français
• Bonus HD : (1) Réinventer le cinéma, présentation de Finis terrae par Joël Daire, directeur de patrimoine à la Cinémathèque Française, et Éric Thouvenel, maître de conférences en études cinématographiques (2019, 17 mn 52) - Goëmons, moyen métrage documentaire de Yannick Bellon (1948, 24 mn 17) (2) Le Creux de la vague, présentation de La Femme du bout du monde par Joël Daire, et Éric Thouvenel (38 mn 21) - La Femme du bout du monde restauré (2 mn 15) - bande annonce de La Femme du bout du monde (2 mn 55) - livret analytique inédit de 20 pages autour de Finis terrae
• Éditeur : Gaumont

Commentaire artistique

Théoricien du cinéma, Jean Epstein, réalise Finis terrae en 1929 juste après son plus célèbre opus La Chute de la maison Usher, un film avant-gardiste dont il reprend partiellement certaines recettes visuelles et de montage qu’il applique à une sorte de chronique des récolteurs de goémon sur l’îlot désertique de Bannec (archipel d’Ouessant). La fiction écrite par le cinéaste se positionne dans un entre-deux, mêlant des images digne d’un documentaire des plus rigoureux à une intrigue assez simpliste qui met en avant les conditions de travail extrêmement frustes des travailleurs de la mer et les rapports qui s’établissent entre eux. Interprété pour l’essentiel par une poignée d’acteurs non professionnels, plus ou moins crédibles quant aux émotions, Finis terrae est autant naturaliste dans sa présentation captée en milieu naturel avec toute l’acuité d’un authentique documentariste qu’inventif dans le traitement de la narration réaliste épurée qui parvient à donner une réelle dimension poétique à un tournage écologique. Le cinéaste rompt ici avec l’atmosphère fantastique artificielle de son œuvre précédente pour chercher dans le réel les éléments qui pouvaient, naturellement, conduire au même résultat : une quête rapide va le conduire à Ouessant où il trouve exactement ce qui lui convenait en filmant les pêcheurs au travail dans la simplicité de leurs activités les plus triviales comme la pêche et le séchage du goémon. Il est intéressant de noter que Jean Epstein devance Flaherty dont il partage l’ode à la Nature et l’admiration pour l’authenticité des petites gens en prise directe avec l’environnement. La beauté intemporelle du film, pour ne pas dire sa modernité, réside dans la sobriété des cadrages, dans la simplicité de la narration et dans la force esthétique des décors naturels. Donné en complément sur le blu-ray, La Femme du bout du monde est un film plus récent et parlant. C’est en 1937 que Jean Epstein adapte en moyen métrage un roman d’Alain Serdac (1930) : ce film s’inscrit dans les chroniques bretonnes avec lesquelles le réalisateur explore ce « réalisme poétique » qu’il avait su théoriser. Le résultat reste mitigé même si le casting est remarquable, de l’angélique Jean-Pierre Aumont au rustre Charles Vanel en passant par l’intrigant Robert le Vigan, et malgré la fascination exercée par la seule actrice, Germaine Rouer. Oscillant entre un drame manquant de passion et un tableau lyrique de la nature un peu trop déconnecté du récit, La Femme du bout du monde ne délivre que très ponctuellement l’intensité potentielle de son scénario. Peut-être parce qu’en l’état le film, renommé L’île perdue, n’a pu être reconstitué par Marie Epstein (sœur du cinéaste) que partiellement. Le coffret blu-ray, avec ces deux films qui jalonnent la carrière de Jean Epstein, permettra de découvrir, dans d’excellentes conditions techniques, ce cinéaste singulier, réalisateur avant-gardiste de films maritimes ethno-poétiques.

Commentaire technique

Finis terrae
Restauration 4K de 2019 à partir du négatif image nitrate de la Cinémathèque française

Image : copie HD, image à la définition variable, grain argentique, bon contraste malgré quelques fluctuations et un éclairage un peu dense, image stable et propre, noirs profonds, gris bien étagés
Son : mixage 2.0 moderne pour la musique composée par Roch Havet, excellente dynamique

La Femme du bout du monde
Restauration 2K par le laboratoire Éclair. Le négatif est aujourd'hui considéré comme perdu. Marie Epstein a recomposé le film au plus près de ce que voulait son frère à partir des meilleurs éléments existants : cette version proposée ici est titrée L’île perdue.

Image : copie HD, image restaurée, bien définie, grain argentique très modéré, bon contraste, noirs profonds, échelle des gris homogène, image propre sans défaut, compression bien gérée (brumes, vagues)
Son : mixage 2.0 monophonique, léger souffle, spectre limité dans les aigus, pas de distorsion

Notre avis

Image : (4/5)
Mixages sonores : (3/5)
Bonus : (4/5)
Packaging : (3/5)

IMDb
Finis terrae : https://www.imdb.com/title/tt0295259/
La Femme du bout du monde : https://www.imdb.com/title/tt0213649/

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