Masculin féminin + 2 ou 3 choses que je sais d’elle : les essais sociologiques de Jean-Luc Godard en HD (en Blu-ray et DVD)
Note artistique globale : 
(4/5)
Synopsis
Masculin féminin : Paul flâne dans les cafés parisiens, où il rencontre Madeleine, dont il tombe amoureux. Paul, en lutte contre l’injustice, la guerre au Vietnam et le capitalisme, ne cesse de courir après Madeleine qui n’a d’yeux que pour sa carrière de chanteuse et son amie Élisabeth.
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2 ou 3 choses que je sais d’elle : derrière le visage image de Marina Vlady apparaît celui de Juliette Janson, jeune femme de la classe moyenne, habitante d’un de ces grands ensembles de la périphérie parisienne. En parallèle de sa vie de femme au foyer, elle se prostitue.
• Titre original : Masculin féminin - 2 ou 3 choses que je sais d’elle
• Support testé : Blu-ray
• Genre : drame - comédie dramatique
• Année : 1966, 1967
• Réalisation : Jean-Luc Godard
• Casting : (1) Jean-Pierre Léaud, Chantal Goya, Marlène Jobert, Michel Debord, Catherine Duport, Eva-Britt Strandberg, Françoise Hardy, Elsa Leroy, Brigitte Bardot (2) Marina Vlady, Anny Duperey, Roger Montsoret, Raoul Levy, Jean Narboni, Joseph Gehrard
• Durée : 1 h 44 mn 34 - 1 h 27 mn 27
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 Noir et Blanc - 2,35/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique français
• Bonus sur le Blu-ray : (1) préambule (4 mn 32) et analyse de l’art poétique du film par Nicole Brenez (10 mn 33) - Masculin féminin raconté par Alain Bergala (23 mn 29) - bande annonce originale du film de 1966 restaurée en 2016 (2 mn 15) (2) présentation du film (12 mn 01) et analyse de séquence par Alain Bergala (27 mn 58) - entretien avec Aurélie Cardin, déléguée générale du festival Cinébanlieue (19 mn 28) - lecture de la lettre « Signé Stella » sur la prostitution parue dans le « Nouvel Observateur » du 4 mai 1966 (6 mn 51) - Une Allégorie contemporaine, le film vu par Sylvain George, cinéaste (30 mn 02) - bande annonce originale du film réalisée par Jean-Luc Godard en 1967 restaurée en 2016 (2 mn 42)
• Éditeur : Potemkine
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Commentaire artistique
Masculin féminin Note artistique : (4/5)
Auréolé par A bout de souffle (1959), Le Mépris (1963) et Pierrot le fou (1965), œuvres qui le définissent comme un des cinéastes fondateurs de la Nouvelle Vague, Jean-Luc Godard décide d’engager en 1966 pour son nouveau film essai Masculin féminin, Willy Kurant. Ce directeur de la photographie de l’école classique aura beaucoup de mal à s’adapter aux souhaits artistiques du metteur en scène qui lui demande de couper les personnages en les filmant au bord du cadre (la séquence avec Jean-Pierre Léaud sur le respect du format de projection est à ce titre jubilatoire) ! Ce choix technique est représentatif de la nouvelle orientation de Jean-Luc Godard qui n’hésite pas à privilégier le tournage en noir et blanc au format académique, à alterner des séquences dépourvues de son et à insérer des images documentaires privées d’acteur dans un désir de bousculer les codes et de réinventer l’émotion cinématographique. Masculin féminin donne la vision du cinéaste sur la jeunesse française des années 60 qu’il va synthétiser par un casting de jeunes acteurs dominé par son duo mémorable, Jean-Pierre Léaud et Chantal Goya, l’acteur mythique de François Truffault (une petite allusion à Doinel est glissée dans Masculin féminin) et figurant de Pierrot le fou et la chanteuse yé-yé en herbe. Ponctué de commentaires en voix off du cinéaste et d’intertitres cultes, Masculin féminin est une étude sociologique étrange par sa forme et avant-gardiste par sa prescience de l’évolution des mœurs (relations ambiguës entre Madeleine et sa copine Elisabeth incarnée par Marlène Jobert dans son premier rôle). Filmé en pleine période électorale dans des décors familiers (les bureaux des éditions Filipacchi où coexistaient les « Cahiers du cinéma », « Salut les copains » et « Mademoiselle Age tendre » et certaines rues de Paris) et composé d’interviews (« enquêtes » effectuées par le cinéaste) plus ou moins agencées grâce à un montage roublard, Masculin féminin est très librement inspiré par la nouvelle « La femme de Paul » de Guy de Maupassant dont Jean-Luc Godard atténue la dureté psychologique (la raison homosexuelle) et ne conserve que la trame de l’amour impossible dans un contexte plus politico-consumériste que romantique. Selon son auteur Masculin, Féminin est une manière de « parler à des gens (les jeunes) plus ouverts que d’autres » qui s’exprime par le choix d’acteurs quasi non professionnel, hormis la séquence avec Brigitte Bardot, comme Catherine-Isabelle Duport ou Françoise Hardy. Dans le casting on remarquera ainsi la participation de Michel Debord, vrai syndicaliste, ou Elsa Leroy, Miss 19 ans, élue en 1965 par « Mademoiselle Age tendre ». Ours d’argent à Berlin pour Jean-Pierre Léaud, Masculin féminin, évoquant des sujets tabous (sexe, prostitution, avortement), sera interdit à sa sortie au moins de 18 ans, privant les principaux intéressés de la vision de ce film qui cherchait à donner une image subjective mais fidèle de la jeunesse ! Pourtant, plus d’un demi-siècle après sa sortie Masculin féminin n’a rien lâché de l’étonnante spontanéité de son constat et de la radicalité de son esthétique
2 ou 3 choses que je sais d’elle Note artistique : 
(3,5/5)
Après Masculin féminin, Jean-Luc Godard enchaîne en 1966 les tournages de Made in U.S.A puis de 2 ou 3 choses que je sais d’elle. Inspiré par une nouvelle « Le Signe » de Guy de Maupassant, revu à la lumière de l’enquête de Catherine Vimenet parue dans le Nouvel Observateur en 1966 (cf., bonus) sur les « étoiles filantes », des habitantes des HLM contraintes à la prostitution occasionnelle pour nourrir leurs enfants, 2 ou 3 choses que je sais d’elle, filmé à la Courneuve et à Paris, a été réalisé selon une méthode particulière : Jean-Luc Godard communiquait ses ordres aux acteurs par le biais de micro-oreillette tandis que son assistant ou son directeur photo, Raoul Coutard, leur transmettaient les mouvements à accomplir. Ce procédé, excluant toute improvisation, ou presque, explique la distanciation apparente de l’interprétation et confère au film une étrangeté inattendue avec une intensité finalement très consommée. Nouveau film sociologique du cinéaste, 2 ou 3 choses que je sais d’elle est aussi un regard politique qui s’intéresse à la mutation urbanistique des banlieues de la région parisienne (« elle » du titre c’est la ville) devenue le terreau de la précarité sociale. Revenu au Cinémascope et à la couleur, Jean-Luc Godard ne renonce pas aux séquences non narratives ou privées de son qu’il avait déjà expérimentées dans Masculin féminin. Toujours critique sur la société consumériste, Jean-Luc Godard confie le rôle de Juliette à Marina Vlady qui semble bien éloignée de la triste réalité évoquée dans l’article « Signé Stella » : elle y joue une jolie mère de famille issue d’un milieu petit-bourgeois qui exerce dans des cafés pour se payer des fringues de luxe ou qui travaille en duo avec une autre intermittente du sexe jouée par Anny Duperey (un de ses premiers rôles). Paradoxalement le cinéaste à l’éducation puritaine ne montre jamais rien d’obscène et ne filme, somme toute, que des scènes de dialogues dont la vacuité contraste avec la pensée exprimée, qu’elle soit philosophique ou politique. Pour Jean-Luc Godard la prostitution est « l’état normal de la société » qui englobe bien plus que la trivialité charnelle et s’exprime par les diktats d’une consommation effrénée, un message renforcé visuellement par le choix d’une colorimétrie vive « piquée » à la publicité. A l’instar de Masculin, féminin, le film 2 ou 3 choses que je sais d’elle appartient à la période où le cinéaste, après avoir révolutionné le cinématographe, s’est astreint à des œuvres politico-sociologiques : ce film, qui avance une explication manifestement gauchiste et franchement visionnaire que Mai 68 allait conforter, fascine toujours autant par l’indépendance artistique de son style que par la pertinence de son propos.
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Commentaire technique
Restauration 2K des films en 2016 à partir des négatifs originaux par Éclair (image) et L.E. Diapason (son). La restauration de Masculin, féminin a été effectuée sous la supervision de Willy Kurant, directeur de la photographie du film
Masculin Féminin
Image : copie HD, nouveau Master, excellente définition malgré le grain argentique 35mm omniprésent, très bonne gestion des contrastes, noirs francs, échelle de gris régulière, image propre sans défaut
Son : mixage français monophonique 2.0, dialogues clairs, pas de distorsion ou de souffle appuyé, superbe dynamique, le mixage singulier (absence de son, surimposition…) propre au film est remarquablement restitué
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2 ou 3 choses que je sais d’elle
Image : copie HD, nouveau Master, filmé en Techniscope Eastmancolor, excellente définition, grain argentique (35 mm) prononcé, superbe contraste, étalonnage lumineux, colorimétrie chatoyante aux tons saturés
Son : mixage monophonique français 2.0 aux dialogues clairs et équilibrés, pas de distorsion ni de souffle et autre défaut, excellente dynamique
Notre avis
Image : (4/5)
Mixages sonores : 
(3,5/5)
Bonus : (4/5)
Packaging : (3,5/5)
IMDb
Masculin féminin : https://www.imdb.com/title/tt0060675/
2 ou 3 choses que je sais d’elle : https://www.imdb.com/title/tt0060304/