La Rivière de nos amours : un western progressiste et contemplatif (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (4/5)

Synopsis

Johnny Hawks est un éclaireur reconnu pour sa proximité́ avec les Sioux. De retour en Oregon après la guerre de Sécession, il rend visite à son ami, le chef de tribu Red Cloud et s'éprend aussitôt de sa fille, la ravissante Onahti…Les tensions entre Peaux-rouges et Visages Pâles sont nombreuses : une mine d'or indienne au lieu tenu secret attise la convoitise de pionniers peu scrupuleux, la cavalerie a du mal à garder au fort les convois de migrants et toute traversée en territoire « ennemi » est périlleuse…

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• Titre original : The Indian Fighter
• Support testé : blu-ray
• Genre : western
• Année : 1955
• Réalisation : André de Toth
• Casting : Kirk Douglas, Elsa Martinelli, Walter Matthau, Diana Douglas, Walter Abel, Lon Chaney Jr., Eduard Franz, Alan Hale Jr.
• Durée : 1 h 28 mn 28
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,35/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais, français
• Bonus : boîtier Mediabook - The Beauty of the Land, entretien avec Anthony Slide, historien du cinéma et proche d'André De Toth (2019, 31 mn 01) - bande annonce (2 mn 24) - DVD du film - livret exclusif écrit par Philippe Garnier (78 pages)
• Éditeur : Wild Side Video

Commentaire artistique

Après avoir réalisé cinq films en Hongrie durant l’année 1939, André de Toth quitte son pays pour Londres où il peaufine son art aux côtés d’Alexander Korda. Mais c’est aux USA qu’il va faire carrière et devient un réalisateur réputé travaillant en indépendant et capable de s’illustrer dans des genres très divers : connu pour House of Wax (L’Homme au masque de cire, 1953) tourné en relief, il a dirigé de très nombreux westerns avec Randolph Scott, Gary Cooper, Robert Ryan. En 1955, il réalise La Rivière de nos amours, un western plus progressiste que la moyenne, pour le compte de la société de production Bryna Productions crée par Kirk Douglas et qui sera la star du film. Comme il l’avait fait pour ses autres westerns, c’est en pilotant son avion qu’il choisit le site de Bend dans l’Oregon pour son tournage dont les splendides décors naturels joueront une part non négligeable dans l’attrait de son western à tendance écologique. Il aillait d’ailleurs bénéficier d’une opportunité locale exceptionnelle : les milliers de pin abattus dans le cadre de la lutte contre le feu serviront à la construction du décor du fort. Le scénario moyen, presque banal, a été retoqué par Ben Hetch et l’art d’André de Toth a su dépasser les stéréotypes de l’intrigue : son western, à l’époque, est un des rares qui ne caricature pas les indiens et les considère avec un vrai regard humaniste. Si les personnages principaux sont joués par des acteurs blancs, ce sont des indiens d’une réserve proche qui font la figuration et dont le cinéaste s’attarde à décrire minutieusement la vie quotidienne. Kirk Douglas, avec son abattage naturel endosse sans peine les frusques de l’éclaireur Johnny Hawk et n'hésite pas à assurer lui-même ses cascades, tandis le fourbe de service est incarné, à contre-emploi, par un Walter Matthau plus ou moins crédible. C’est cependant une jeune actrice de vingt ans qui capte les regards : le mannequin italien Elsa Martinelli, repérée dans Vogue par la femme de Kirk Douglas, qui, pour son premier rôle, joue une indienne farouche et particulièrement séduisante. Contrairement aux westerns d’alors, La Rivière de nos amours est loin d’être un film survolté et préfère prendre le temps de longues séquences descriptives servies par la beauté et l’ampleur de la photo en CinemaScope de Wilfred Cline, un choix qui atteste de l’intérêt du réalisateur pour le cadre naturel (soulignés dans un échange entre l’éclaireur et le photographe). Malgré une absence de rythme déroutante qui lui confère une singularité intéressante dans le genre, La Rivière de nos amours conjugue habilement une histoire classique d’indiens et de pionniers, de vilains forcément hypocrites et de héros charismatique, avec toute l’émotion suscitée par une passion amoureuse qui transcende les barrières raciales. Un fort beau western à redécouvrir.

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Commentaire technique

Image : copie HD, restaurée, définition très variable selon les plans, certains sont très précis, d’autres plus grossiers, piqué limité sur les extrémités du cadre résultant des optiques d’époque, grain argentique discret, étalonnage chatoyant, couleurs vives aux tons saturés, image pas exempte de défauts, notamment de taches blanches

Son : mixage anglais 2.0 monophonique clair et dynamique, bon équilibre entre les dialogues, les ambiances et la musique, pas de distorsion et autre défaut ; VF 2.0 monophonique ancienne, artificielle, au timbre un peu métallique et aux voix trop dominantes