Doubles vies : bavardages sur la révolution numérique (en DVD et VOD)

Note artistique : (3/5)

Synopsis

Alain, la quarantaine, dirige une célèbre maison d'édition, où son ami Léonard, écrivain bohème, publie ses romans. La femme d'Alain, Séléna, est la star d'une série télé populaire et Valérie, compagne de Leonard, assiste vaillamment un homme politique. Bien qu'ils soient amis de longue date, Alain s'apprête à refuser le nouveau manuscrit de Léonard… Les relations entre les deux couples, plus entrelacées qu'il n'y paraît, vont se compliquer.

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• Titre original : Doubles vies
• Support testé : DVD
• Genre : comédie dramatique
• Année : 2018
• Réalisation : Olivier Assayas
• Casting : Guillaume Canet, Juliette Binoche, Vincent Macaigne, Nora Hamzawi, Christa Théret, Pascal Greggory, Lionel Dray, Sigrid Bouaziz, Laurent Poitrenaux
• Durée : 1 h 43 mn 31
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : Dolby Digital 5.1 et 2.0 français
• Bonus : rencontre avec Olivier Assayas (11 mn 45) - rencontre avec les acteurs (13 mn 49) - répétition d’une scène (2 mn 46) - bande annonce (1 mn 31)
• Éditeur : Ad Vitam

Commentaire artistique

Écrit et réalisé par Olivier Assayas, Doubles vies interroge sur la révolution numérique qui a radicalement changé nos modes de vies et de pensées. Le scénario développe une réflexion intellectuelle sur ces transformations exprimées diversement par des personnages gravitant dans l’univers médiatique de l’édition, de la télévision et de la politique. Olivier Assayas a manifestement pris plaisir à imaginer une fiction fondée sur le verbe : pratiquement sans action, excepté une séquence amusante et railleuse sur un tournage de série télévisée policière et quelques scènes en extérieurs, son film est un enchainement continu de dialogues. Le statisme de ce parti pris est heureusement assumé par l’excellence de tous les comédiens, plus fascinants par leur talent verbaux que par leurs gestuelles. Autour de quelques couples en crise, l’intrigue s’attache à exposer à haute voix les réflexions de l’auteur sur la rupture entre le passé et l’époque contemporaine bousculée par le numérique. Désireux de proposer un film fortement dialogué qui ne soit pas pénalisé par la gravité de ses textes, le cinéaste a filmé Doubles vies comme un vaudeville léger et savoureux, reconnaissant un style inspiré d’Éric Rohmer et une structure empruntée à Woody Allen. Le film procède constamment par échanges d’idées et de points de vue, une rhétorique qui échappe difficilement à la catégorie du film intellectuel pouvant déboucher sur la discussion. Filmant en Super 16, qui renvoie à une époque « pré-numérique » (cf., bonus), le réalisateur a avantagé les scènes d’intérieurs et favorisé le jeu des acteurs qui excellent en spontanéité, en dépit de leurs textes abondants, et en réelle intensité dans la composition de personnages aux prises avec l’éternelle histoire d’adultère à base de mensonge et de quiproquos. Dans ce casting sans reproche, Nora Hamzawi et Christa Théret nous régalent par leur subtile et savoureuse interprétation, l’une tout en délicatesse empathique, l’autre incarnant l’âpreté du système. Cependant, malgré tous ces talents, Double vies n’arrive pas à se défaire d’une fâcheuse impression de théâtre filmé au faible potentiel dramatique : hélas sa dialectique passionnante n’est guère, cinématographiquement, très palpitante et son agencement en forme de vaudeville ne fonctionne que par intermittence.

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Commentaire technique

Image : copie SD, définition honorable pour un DVD mais manquant de piqué, grain argentique (tournage en Super 16), bon contraste mais nombreuses scènes peu éclairées, étalonnage et colorimétrie naturalistes

Son : mixage français 5.1, dialogues omniprésents très clairs, bonne dynamique générale, spatialisation très mesurée pour ce film d’acteurs sans scènes d’action, quelques ambiances sont modérément immersives