La Vallée de la peur : un western psychologique et un chef-d’œuvre méconnu (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (4,5/5).

Synopsis :

Dès son plus jeune âge, Jeb Rand a été adopté par Mrs Callum, qui l'a élevé comme son propre fils aux côtés de sa fille Thorley et de son fils Adam. Jeb est souvent la proie de cauchemars terribles au cours desquels revient la même vision : une paire de bottes dont les éperons étincellent.

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• Titre original : Pursued
• Support testé : blu-ray
• Genre : western
• Année : 1947
• Réalisation : Raoul Walsh
• Casting : Teresa Wright, Robert Mitchum, Judith Anderson, Dean Jagger, Alan Hale, John Rodney, Harry Carey Jr., Clifton Young
• Durée : 1 h 41 mn 13
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais, français
• Bonus : présentation du film par Bertrand Tavernier (37 mn 15) - documentaire Les Vraies aventures de Raoul Walsh (2019, The True Adventures of Raoul Walsh Hollywood’s Legendary Director, écrit, produit et réalisé par Marilyn Ann Moss, 95 mn 05) - bande annonce (1 mn 03) - livre de 184 pages « Raoul Walsh ou la saga du continent perdu » écrit par Michael Henry Wilson, édité par la Cinémathèque Française - DVD du film
• Éditeur : Sidonis Calysta

Commentaire artistique

Présenté en édition Mediabook Silver limitée, Pursued (La Vallée de la peur en VF… à ne pas confondre avec l’aventure de Sherlock Holmes) est un western singulier : le scénario malin de Niven Busch a fusionné une histoire digne d’une tragédie antique avec les codes du film noir et avec ceux du western. Cette singularité donne à l’intrigue une dimension peu commune et à ses protagonistes une aura suprahumaine. La narration, en flash-back, invite à partager les peurs, depuis la petite enfance, et les incompréhensions de son héros, Jeb, joué par Robert Mitchum au charisme légendaire, mais ici tout jeunot sublimé par la photographie en noir et blanc de James Wong Howe. Le récit tortueux et obscur à loisir ne cesse de multiplier les scènes apparemment énigmatiques dont toute la puissance dramatique ne sera révélée que dans les derniers plans. Entre temps Jeb connaîtra un curieux parcours, vivant heureux en compagnie de son demi-frère Adam (John Rodney) et de sa demi-sœur Thor (Theresa Wright) sous la férule de madame Callum, d’une femme au passé mystérieux incarné avec intensité par Judith Anderson. Puis le destin va s’assombrir et plusieurs scènes nous informent qu’il est menacé, pour une raison énigmatique, par Grant Callum (Dean Jagger). Le spectateur est vite happé par l’atmosphère ténébreuse qui enveloppe le récit (raconté par Jeb) aux rebondissements romanesques et aux fondements existentiels. La formidable dramaturgie de cette revanche qui traverse les générations prouve bien que la qualité du scénario est une des composantes essentielles de ce chef-d’œuvre. Chaque personnage de l’intrigue possède une dimension quasi biblique qui transcende la trivialité des faits où, comme tout bon thriller noir, la finesse psychologique de la description cerne les méandres profonds et les turpitudes de l’âme humaine ! Raoul Walsh s’est emparé de cette formidable histoire dont il a su doser les éléments de suspens et les émotions suscitées par les passions (amoureuses ou vengeresse). Selon son habitude il a spécialement soigné ses portraits féminins, moteur de toute la tragédie, dont la caractérisation est servie à la perfection par le jeu de comédiennes d’exception. Les protagonistes masculins ne sont pas en reste, que ce soit Jeb, hanté par un cauchemar récurrent et clé du mystère, Adam frustré par ce demi-frère contesté ou Grant tourmenté par sa soif de vengeance. Loin du western manichéen habituel, La Vallée de la peur est une brillante tragédie sous-tendue par une explication psychanalytique fascinante. Le génie de Raoul Walsh a été de parer cette histoire de fatalité inexorable avec les apparences familières du western associant chevauchées, revolvers, grands espaces et décors signifiants magnifiquement photographiés au Nouveau-Mexique et portés par la musique symphonique énergique de Max Steiner. Film méconnu, et pourtant authentique chef-d’œuvre, La Vallée de la peur possède toutes les composantes du cinéma de Raoul Walsh qui se plaisait à agencer la sécheresse d’une mise en scène traitée avec célérité et sans affectation et le lyrisme d’une intrigue marqué par le poids du Destin. Présenté dans une très belle copie HD, le film est accompagné d’un portrait passionnant et indispensable sous la forme d’un long documentaire de Marilyn Ann Moss et d’une étude (184 pages) approfondie de Michael Henry Wilson. Dans ses mémoires, le cinéaste décrit son film comme « un western psychologique différent de tous mes autres films » et il ne pouvait pas mieux le définir : effectivement La Vallée de la peur est une œuvre unique, un incontournable du genre !

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Commentaire technique

Image : copie HD, très belle copie restaurée, magnifique définition et un grain argentique très discret qui confère à l’image un aspect vraiment cinématographique, excellent contraste qui restitue les splendides éclairages capturés par James Wong Howe, gamme de gris très homogène, noirs profonds, blancs nuancés, image très propre sans défaut

Son : mixage anglais 2.0 monophonique clair, équilibré, très dynamique sur la musique de Max Steiner, pas de distorsion, légère faiblesse dans les aigus ; la VF 2.0 monophonique datée n’est pas conseillée car très artificielle