Network, main basse sur la TV : un chef-d’œuvre féroce et visionnaire (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (4,5/5).

Synopsis :

Howard Beale, présentateur du journal télévisé de la chaîne UBS, est licencié suite à une très sensible baisse de son audience. Désespéré, il donne rendez-vous à ses téléspectateurs pour leur annoncer son intention de se suicider en direct. Mais il se rétracte à la dernière minute, ce qui n'empêche pas le taux d'écoute de remonter en flèche…

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• Titre original : Network
• Support testé : blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1976
• Réalisation : Sideney Lumet
• Casting : Faye Dunaway, William Holden, Peter Finch, Robert Duvall, Wesley Addy, Ned Beatty, Arthur Burghardt, Bill Burrows
• Durée : 2 h 01 mn 20
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 1.0 monophonique anglais, français
• Bonus HD sur le Blu-ray : By Sidney Lumet, portrait réalisé par Nancy Buirski (2015, 1 h 49 mn 45) - bande annonce (2 mn 59)
• Combo : livre « Fou de rage : la genèse de Network et la vision prophétique du type le plus furieux du cinéma » rédigé par Dave Itzkoff, regroupant analyses, textes inédits sur le film et photos inédites (200 pages) - DVD du film - DVD supplément
• Éditeur : Carlotta Films

Commentaire artistique

Ce coffret Ultra Collector n° 12, en édition limitée et numérotée (3 000 exemplaires) avec un visuel exclusif créé par Joachim Roncin, est consacré au film de Sidney Lumet Network, main basse sur la TV réalisé en 1976. Outre le film restauré, il réunit un livre copieux, « Fou de rage » de Dave Itzkoff qui révélera au cinéphile tout ce qu’il faut savoir, et encore plus, de la production de ce long-métrage multi-oscarisé et l’excellent portrait du cinéaste par Nancy Buirski, un documentaire à ne pas manquer sur la mise en contexte dans sa carrière. Comme l’affirme son auteur dans ce supplément instructif, Network est la métaphore de l’Amérique, voire même, dans une dimension plus universaliste, du genre humain, qui se retrouve désormais privé de liberté par le pouvoir des médias. Sidney Lumet, décédé en 2011, ne serait guère étonné de constater qu'aujourd’hui son film était vraiment prémonitoire ! Le scénario machiavélique de Paddy Chayefsky (oscarisé), d’une terrible acuité, possède un esprit visionnaire (bien supérieur celui de la médium de pacotille recrutée par la chaîne dans le film) admirablement soutenu par sa qualité maîtrisée d’écriture et par la forte caractérisation de ses protagonistes. L’histoire, qui dévoile les arcanes d’une chaîne de télévision américaine imaginaire mais réaliste, une description applicable à bon nombre de médias internationaux, raconte comment Howard Beale admirablement incarné par Peter Finch (oscarisé), un homme de télévision sur le retour et alcoolique, va s’improviser véritable prophète délirant de l’antenne. Ses interventions, mobilisant la foule des téléspectateurs (et l’audimat), vont bouleverser en coulisses les enjeux d’une télévision moribonde qui survit sous la férule des annonceurs tout-puissants. Le constat est féroce, satirique au possible (les pseudos-révolutionnaires gagnés par l’appât du gain) et les personnages plus pathétiques les uns que les autres ne sont guère épargnés : de la fille ambitieuse et sexy, amorale et sans émotion, splendidement interprétée par Faye Dunaway (oscarisée) à l’ami d’Howard, Max, incarné par William Holden, un vieux briscard touchant qui n’arrive plus à imposer ses vues, professionnelles et amoureuses. Le reste du casting, Robert Duvall en responsable ne pensant qu’à sauver sa peau, Ned Beatty en maitre absolu et Beatrice Straigh (oscarisée) en femme au foyer terriblement lucide, complète cette galerie de fous imaginée par le duo Paddy Chayefsky et Sidney Lumet. La mise en scène au cordeau et le jeu naturaliste des comédiens compenseront l’aspect désuet des décors et des technologies, qui paraissent bien secondaires au regard de la férocité de l’observation et de l’intensité de la présentation. Le tableau est impitoyable : les dirigeants des médias, ne pensant qu’à leurs profits, ne sont plus à une manipulation près et qu’importent les dommages collatéraux, pourvu que l’argent rentre dans les caisses, quelle que soit son origine, même venant des saoudiens (un film prophétique on vous dit !). Dans Network, la télévision est l’arme ultime que le capitalisme brandit sans état d’âme afin d’imposer sa logique économique, avec ses dérapages contrôlés, à une société dorénavant intellectuellement asservie : terrifiant et imparable. Revoir ce film, dans une copie restaurée qui a su restituer les savantes recherches sur l’image du chef-opérateur Owen Roizman, en accord avec le cinéaste, c’est savourer un pur moment de cinéma et apprécier cette sidérante satire de la télé-réalité, hélas plus que jamais d’actualité…

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Commentaire technique

Image : copie HD, nouveau master restauré HD, une redécouverte du film comparé aux anciennes éditions DVD granuleuse à la colorimétrie approximative, ici la copie est d’une définition remarquable, une image propre hormis quelques taches blanches éphémères, le grain argentique est conservé, l’étalonnage est chaud mais la colorimétrie exacte et naturaliste pour ce film ayant très peu de scènes en extérieurs (rues de New York), magnifique contraste, assez bonne compression

Son : mixage anglais monophonique 1.0 clair et très bien équilibré, ambiances dynamiques aux dialogues toujours clairement distincts, pas de distorsion ; la VF mono 1.0 est nettement plus dynamique avec des voix mixées à niveau plus élevé que la VO, doublage soigné mais préférez la VO incomparable