Procès de Jeanne d'Arc : une présentation dépouillée d’après les minutes authentiques (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (4/5)

Synopsis

Capturée par des soldats français du parti adverse devant Compiègne puis vendue aux Anglais, Jeanne d'Arc est emprisonnée depuis plusieurs mois dans une chambre du château de Rouen. Elle comparaît devant un tribunal composé presque exclusivement de membres de l'université anglophile de Paris, présidé par l'évêque Cauchon.

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• Titre original : Procès de Jeanne d'Arc
• Support testé : blu-ray
• Genre : drame, historique
• Année : 1962
• Réalisation : Robert Bresson
• Casting : Florence Carrez (Florence Delay), Jean-Claude Fourneau, Roger Honorat, Marc Jacquier, Jean Gillibert, Michel Herubel, André Régnier, Arthur Le Bau, Marcel Darbaud, Philippe Dreux, Paul-Robert Mimet, Gérard Zingg, Yves Le Prince, André Maurice, Donald O'Brien, E.R. Pratt, Harry Sommers, Michael Williams
• Durée : 1 h 04 mn 11
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,66/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 monophonique français/anglais
• Bonus : interview de Robert Bresson (1962, 5 mn 03) - interviews 2019 de Florence Delay (30 mn 01), Hervé Dumont (34 mn 01) et Olivier Assayas (16 mn 53) - avant/après la restauration du film (2 mn 15)
• Éditeur : Potemkine

Commentaire artistique

La figure de Jeanne d’Arc est un « trésor inépuisable » selon Robert Bresson qui voyait en elle (cf., bonus) une jeune fille moderne des années 60. Par son style dépouillé qui le caractérisait - le « désordre » étant selon lui un frein à l’émotion - nul mieux que ce cinéaste aurait pu transmettre l’âpreté de la situation, mêlant la sécheresse du déroulement du procès de 1431 et l’extraordinaire clairvoyance des réponses de Jeanne d’Arc, qui font indubitablement douter de la réalité de sa basse extraction paysanne ! Prix du Jury à Cannes en 1962, le sixième long-métrage de Robert Bresson, Procès de Jeanne d’Arc, qu’il a écrit et dialogué à partir des minutes du procès, met dans la bouche de son interprète, Florence Delay, les paroles exactes (modernisées) de la Pucelle. Dépouillant, comme il en a le secret, sa mise en scène de tout artifice et du moindre élément perturbateur, Robert Bresson donne une vision extrêmement austère des faits, en limitant au maximum sa scénographie qu’il concentre, pour l’essentiel, au tribunal qui se tient dans la chapelle royale du château de Rouen et accessoirement dans la cellule où Jeanne est gardée prisonnière tandis que les scènes du bûcher seront les seules filmées en extérieur. Pour incarner la Pucelle, le réalisateur recrute, selon son habitude, une interprète novice au cinéma, Florence Delay, alors actrice de théâtre au TMP de Jean Vilar : ce choix radical (il n’emploie jamais deux fois les mêmes acteurs et favorise les non-professionnels) est pour le cinéaste la seule garantie de l’authenticité de jeu, la spontanéité résultant de « l’inconscience » du comédien. Il finit par retenir l’actrice peu avant le tournage et lui demande de créer la réalité du personnage par la seule force des paroles issues des minutes. Peu photogénique comme elle l’avoue elle-même (cf., sa plaisante interview donnée en bonus), elle sera filmée, pratiquement toujours sous le même angle, par le directeur de la photographie Léonce-Henri Burel. Elle doit s’adapter aux pratiques du réalisateur pour qui le cinéma est un moyen de découverte qui passe par des règles strictes : interprétation sans préparation, ni explication, tournage dans l’ordre chronologique, prises innombrables non motivées (notamment une scène où la comédienne ne parvient pas à prononcer le mot « oui » à la manière bressonienne !). Largement sollicité par le 7e Art, la figure mythico-historique de Jeanne d’Arc a subi des traitements extrêmement contrastés : le version qu’en donne Robert Bresson s’inscrit dans la continuité de son œuvre quoique ce film soit plus bavard qu’à l’accoutumé. Il risque fort de déconcerter les jeunes générations, habituées à un cinéma de l’hypertrophie formelle, par le statisme de sa mise en scène et de ses cadrages fixes, hormis les travellings d’ouverture et final, concentrés sur quelques personnages, Jeanne d’Arc et l’évêque Pierre Cauchon (Jean-Claude Fourneau), se renvoyant la balle verbalement dans un affrontement fougueux. La sobriété de la narration, voire sa sécheresse, enchaînant le procès public, le procès à huis clos, la sentence et l’exécution, n’a d’égale que la concision de ce film d’à peine une heure. Le Procès de Jeanne d'Arc suffît pourtant, malgré l’économie des moyens mis en œuvre, conjuguant impassibilité des visages et mixage sonore sans fioriture, presque exempt de musique, à nous plonger dans la pensée et la spiritualité du personnage qui stupéfie toujours par la qualité de son discours à la « perfection admirable » et l’émotion suscitée par son procès. Une mise en scène exemplaire.

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Commentaire technique

Image : copie HD, nouveau master 4K issu d’un scan 4K, bonne définition globale de l’image à grain fin et totalement nettoyée de ses défauts (points blancs), piqué variable sur les gros plans, contraste pas très accusé, manque certain de luminosité qui modère la profondeur de champ et atténue les noirs, gamme de gris étendue et homogène

Son : mixage monophonique français 2.0 clair, mettant en valeur le travail sur les bruits ambiants et sur la qualité des dialogues, léger bruit de fond mais pas de distorsion, excellente dynamique