Les Forbans de la nuit : un chef-d’œuvre de Film Noir (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (5/5).

Synopsis :

Harry Fabian rêve de devenir une personnalité du monde de la nuit. Avec Gregorius, un ancien champion de lutte, il décide d'organiser des spectacles nocturnes, malgré la désapprobation de Kristo, le fils de ce dernier. Ne pouvant payer la somme escomptée, Harry fait appel à Helen qui l'aime secrètement. Mais le premier combat tourne au drame et Gregorius succombe à une attaque cardiaque. Fou de rage, Kristo accuse Harry d'être le responsable de la mort de son père et lance ses hommes à sa poursuite…

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• Titre original : Night and the City
• Support testé : blu-ray
• Genre : film noir, policier, thriller
• Année : 1950
• Réalisation : Jules Dassin
• Casting : Richard Widmark, Gene Tierney, Googie Withers, Hugh Marlowe, Francis L. Sullivan, Herbert Lom, Stanislaus Zbyszko, Mike Mazurki
• Durée : 1 h 35 mn 44
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais, français
• Bonus : film en version anglaise non validée par le réalisateur avec fin alternative, nouvelle bande son et montage différent (VOST, DTS-MA HD 2.0 monophonique, 1 h 40 mn 48) - film annonce (2 mn 24) - Running In The Dark, entretien avec Glenn Erickson, spécialiste du film noir (2016, 42 mn 07, réalisation Richard Fischer) - Le Club de Jules Dassin, émission télévisée présentée par Jean-Jacques Bernard avec Jules Dassin, Denis Parent, Christine Haas et Jean Ollé-Laprune (1999, 50 mn 50) - DVD du film : version américaine et version anglaise - livre « Le Squelette de l'histoire » de Philippe Garnier, illustré de photos et d'archives rares (220 pages)
• Éditeur : Wild Side Video

Commentaire artistique

L’aventure compliquée de la production et de la réalisation de Night and the City, en français Les Forbans de la nuit, chef-d’œuvre du « film noir » réalisé par Jules Dassin, est remarquablement racontée dans le supplément Running in the Dark par Glenn Erickson et minutieusement complétée par la savante enquête de Philippe Garnier publiée sous la forme d’un magnifique livre « Le Squelette de l'histoire » accompagnant cette édition collector. On y apprendra que le film est adapté d’un roman publié en 1938 de Gerald Kersh, dandy fin connaisseur des bas-fonds de Londres des années 30, acheté par Charles K. Feldman et confié au scénariste Jo Eisinger. Le scénario final, assez éloigné du roman, sera revu par Jules Dassin et modifié par Darryl F. Zanuck qui avait finalement récupéré les droits de Feldman (et ses 13 scenarii). Pour échapper à la censure politique américaine (HUAC), l’essentiel du film sera tourné en Angleterre, dans le Londres d’après-guerre alors en démolition-reconstruction, bien que Darryl Zanuck ait ensuite rajouté quelques scènes supplémentaires filmées à Los Angeles. Il existe en effet deux versions du film (données dans le coffret) avec de nombreuses différences : musique (Frank Waxman aux USA et Benjamin Frankel en Angleterre), montage et durée, dialogues et caractérisation des personnages. Manifestement la version anglaise « non officielle » - qui « horrifia » le réalisateur (courrier de 2004 à Philippe Garnier) - est nettement moins âpre, y compris dans son épilogue adouci, que la version américaine d’une grande noirceur. Magnifiquement photographié, splendidement écrit (une histoire complexe chargée en sous-intrigues agencées magistralement) et intensément interprété, Les Forbans de la nuit a tout du grand film noir classique : pourtant Jules Dassin préféra oublier ce film, une « affreuse expérience » et n’en retenir que la seule « révélation » Stanislaus Zbyszko. Cette star de la lutte gréco-romaine qui, pour son seul rôle au cinéma, incarne un athlète charismatique intègre opposé, dans une scène de combat d’une incroyable sauvagerie, à un autre athlète acteur, Mike Mazurki. Le film est dominé par l’interprétation hystérique de Richard Widmarck, au rictus sardonique, qui ne tient pas en place dans un de ses plus grands rôles et un final inoubliable, et par la présence plus effacée de la belle Gene Tierney en pleine tourmente sentimentale. Si Les Forbans de la nuit offre aussi de très beaux rôles aux britanniques Googie Withers et Francis L. Sullivan, qui excellent à interpréter un couple sournois de la pire espèce, c’est Herbert Lom, le vilain assumé, qui héritera de la plus belle scène du film avec son père mourant. Quant à l’américain Hugh Marlowe, seule la version britannique lui permettra d’étoffer son personnage. Devenu une référence du genre, le thriller Les Forbans de la nuit est à la fois porté par la musique dynamique de Frank Waxman et par la photographie expressionniste de Max Greene : souvent captée au moment du lever du jour, l’image bénéficie d’éclairages particulièrement contrastés (visages, bâtiments, ombres diverses) et suggestives, du très grand art (sauf pour les anglais en 1950 qui estimaient que la vision de Londres y était déprimante) souvent comparé à celui du film de Carol Reed Le Troisième homme (1949). L’errance d’Harry Fabian est ainsi présentée comme une inexorable chasse à l’homme où le fuyard, un scélérat, somme toute, non dénué d’humanité, est piégé par cette cité aux ruines évocatrices et aux ombres menaçantes. La narration irréprochable se déroule dans une atmosphère baroque qui échappe au cadre naturaliste, lorgnant vers l’expressionnisme allemand, afin de tendre vers une stylisation d’une redoutable efficacité : un archétype haletant du « film noir » absolument saisissant, qui au-delà de tous les commentaires suscités par ce chef-d’œuvre et toutes les analyses qui ne manqueront pas de lui être encore appliquées, renouvelle à chaque vision la puissance de cette traque emblématique. Incontournable.

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Commentaire technique

Image : copie HD, Master restauré, excellente définition avec une très bonne profondeur de champ, contraste respectant les éclairages tranchés de Max Greene, noirs profonds, gamme de gris homogène, blancs nuancés, défauts nettoyés

Son : mixage monophonique anglais dynamique et d’une grande clarté, dialogues clairs, bon équilibre avec les ambiances, pas de distorsion ou de défaut ; le mixage du film en version britannique possède un souffle appuyé et un spectre plus limité dans les aigus ; la VF est ancienne, voix plus en retrait et moins intenses