Les Guichets du Louvre : romance sur fond de rafle du Vel’d’Hiv (en Blu-ray et DVD)
Note artistique : (3,5/5)
Synopsis
Le 16 juillet 1942, en plein cœur de la Seconde Guerre mondiale. Paul, un étudiant, apprend que la police a totalement bouclé le quartier Saint-Paul, à Paris, pour arrêter tous les juifs qui y vivent. Révolté, il veut tout mettre en œuvre pour sauver le maximum de vies. Il se rend auprès d'un ami qui refuse de l'aider. Le jeune homme persévère et rejoint le quartier, complètement investi par les forces de police…
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
• Titre original : Les Guichets du Louvre
• Support testé : blu-ray
• Genre : historique, guerre
• Année : 1974
• Réalisation : Michel Mitrani
• Casting : Christine Pascal, Christian Rist, Alice Sapritch, Michel Auclair, Michel Robin, Judith Magre, Henri Garcin
• Durée : 1 h 36 mn 02
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,66/1
• Sous-titrage : aucun
• Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 monophonique français
• Bonus : présentation par Laurent Heynemann (33 mn 22) - présentation par Bertrand Tavernier (31 mn 45) - DVD du film
• Éditeur : Sidonis Calysta
Commentaire artistique
Le 16 juillet 1942, le jeune étudiant Roger Boussinot tente, impuissant, d’aider les juifs du quartier Saint-Paul à Paris à échapper à la rafle du Vel’d’Hiv et échoue à persuader la seule adolescente qu’il a pu sauver de retourner se faire prendre. En 1960, hanté par ce souvenir accablant, il décide d’en tirer un roman « Les guichets du Louvre » qui dénonce la complicité de la police française, le rôle de l’UGIF dans cette tragédie et constate la résignation des victimes. Le livre, puis le film Les Guichets du Louvre qu’en tire Michel Mitrani en 1974, seront censurés par le gouvernement français, alors dirigé par Michel Debré. Les conditions de production, d’adaptation dialoguée par Albert Cossery (« Mendiants et orgueilleux ») et de tournage en décors réels sont racontées en détail et avec humour par Laurent Heynemann, assistant réalisateur du film, dans une interview bonus à ne pas manquer. Ce film, qui marqua la carrière de son réalisateur, doit son importance à son sujet et la manière de le traiter : c’est en effet le premier long-métrage français de fiction à décrire lucidement la rafle (qui sert de toile de fond à la romance) sans occulter ce que les témoins et les historiens ont depuis largement explicités : la part active de la police dans l’arrestation des juifs avant leur déportation. D’ailleurs, hormis une séquence d’ouverture avec un officier et écrivain allemand, la présence des occupants est absente du film (hormis dans la signalétique des rues). La prise de conscience d’une France occupée loin d’être aussi héroïque que la propagande politique tentait de le faire croire (Jacques Chirac, président, reconnaîtra officiellement en 1995 la collaboration de l’état français) venait, en 1969, d’être mise en évidence par Le Chagrin et la pitié de Max Ophüls. Le film de Michel Mitrani, de même que Lacombe Lucien de Louis Malle sorti la même année, abonde dans le même sens, brisant l’image idyllique d’une résistance française globale ! Interprété par une jeune inconnue, Christine Pascal, comédienne et réalisatrice trop tôt disparue, et le jeune acteur Christian Rist (qui incarnera Maurice Audin dans La Question de Laurent Heynemann en 1977), le film déroule les pérégrinations du couple dans les rues parisiennes afin d’échapper à la police omniprésente qui quadrille les quartiers et rafle tous les juifs présents. Filmé dans des décors réels de certaines rues de la capitale, mais aussi à Saint-Denis et à Versailles qui conservaient à l’époque la vétusté de leurs constructions, Les Guichets du Louvre impressionne par son authenticité admirablement captée en longs plans-séquences par la caméra de Jean Tournier. Au fil de cette triste journée de juillet, le cinéaste ne cesse de multiplier les rencontres et dresse le tableau d’une société hétérogène où se côtoient les flics zélés, les collabos de tout poil, les gens ordinaires, accueillants ou égoïstes. À travers les hésitations permanentes de Jeanne et de son entourage, le film dépeint parfaitement l’attitude résignée des juifs parisiens et les réactions diversifiées des uns et des autres qui sont efficacement explicités par les dialogues percutants d’Albert Cossery. Si la romance au cœur de l’histoire manque de fougue, ce n’était pas l’enjeu véritable de ce film qui peine à se dégager de la perfection froide de sa mise en scène très intellectualisée. Quelques grands acteurs, Judith Magre, Michel Auclair, Alice Sapricht, déploient leur talent le temps d’une scène dans ce film dont la résonance redevient étonnamment moderne au cœur de notre société marquée par la montée de l’antisémitisme.
LA SUITE APRÈS LA PUB
|
Commentaire technique
Image : copie HD, version restaurée, définition honorable malgré une granulation assez appuyée (tournage en 35 mm sur pellicule Eastmancolor), contraste variable, excellent en extérieurs, plus terne en intérieurs, étalonnage naturaliste reflétant les teintes des années 40, colorimétrie chaude dans les tons chauds
Son : mixage monophonique énergique à la dynamique forte, dialogues clairs, exagération des sons d’ambiances et de la musique stridente de Mort Shuman, pas de distorsion ou de de bruit de fond
Notre avis
Image : (4/5)
Mixage sonore : (3,5/5)
Bonus : (4/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0192099/
LA SUITE APRÈS LA PUB
|