Les Chatouilles : le traitement lumineux d’un tabou (en DVD et VOD)
Note artistique : 
(4/5)
Synopsis
Odette a huit ans, elle aime danser et dessiner. Pourquoi se méfierait-elle d'un ami de ses parents qui lui propose de « jouer aux chatouilles » ? Adulte, Odette danse sa colère, libère sa parole et embrasse la vie…
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• Titre original : Les Chatouilles
• Support testé : DVD
• Genre : drame
• Année : 2018
• Réalisation : Andréa Bescond et Eric Métayer
• Casting : Andréa Bescond, Karin Viard, Clovis Cornillac, Pierre Deladonchamps, Grégory Montel, Carole Franck, Gringe, Ariane Ascaride, Léonie Simaga
• Durée : 1 h 38 mn 22
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : Dolby Digital 5.1 et 2.0 français
• Bonus : interview au Festival de Cannes (4 mn 47)
• Éditeur : Orange Studio
Commentaire artistique
Au départ, il y a une pièce de théâtre (Molière Seule en scène 2016) présentée à Avignon en 2014, « Les chatouilles ou la danse de la colère » par Andréa Bescond et Eric Metayer. La pièce, puis le film, sont nés de la volonté d’Andréa Bescond, victime dans son enfance de violences sexuelles, de raconter son histoire douloureuse pour permettre à toutes les victimes semblables de profiter de la libération salutaire de la parole et pouvoir enfin se (re)construire. L’afflux de témoignages à la suite des représentations de la pièce, a prouvé que cette ignominie était loin d’être marginale et que beaucoup de personnes abusées avaient enfin trouvé le courage de sortir de leur silence. Le film Les Chatouilles est une adaptation qui adopte le langage cinématographique afin de donner une dimension plus universelle à l’histoire et laisser percevoir que la douleur n’est pas que l’apanage de la victime. Si Andréa Bescond tient son propre rôle, avec une magnifique dynamique corporelle, elle n’est plus « seule en scène » mais partage son récit, raconté de son point de vue d’adulte, avec divers personnages de fiction, amis et amours éphémères, qui vont croiser sa vie au fil des années. L’entourage proche, de la fillette (Cyrille Mairesse) à la femme adulte, constitue néanmoins le noyau dramatique essentiel imaginé pour le film et comprenant un père empathique, aimant mais aveuglé, joué avec une belle subtilité par Clovis Cornillac, une mère nocive dans le déni, excellemment incarnée par Karin Viard et une psy attentive, sorte de témoin de fiction, jouée par Carole Franck. Pierre Deladonchamps hérite du rôle délicat du violeur dont il s’acquitte à merveille en évitant toute caricature et en insistant, avec justesse, sur le charme vénéneux du prédateur qui avait déjà salie sa propre sœur. Évitant toute scène scabreuse, jouant du hors champ, et excluant tout manichéisme en ne portant aucun jugement sur les divers personnages, Les Chatouilles assume sa mesure et sa tonalité nuancée à l’opposé du pamphlet cru et implacable qu’il aurait pu être : la violence y est exprimée symboliquement par l’art de la danse, une belle trouvaille de mise en scène. L’esthétisme du film est l’avenant, privilégiant une photographie (Pierre Aïm) lumineuse, une palette chatoyante et une certaine mobilité de la caméra avec des plan-séquences laissant aux acteurs une petite marge d’improvisation. La narration, non linéaire, n’hésite pas à faire coexister des temporalités diverses, une sophistication qui complexifie le récit et permet de traduire à l’écran le mal-être et la crise existentielle vécue par Odette au cours d’une existence chaotique (drogue, alcool) sans lendemain. Le message affiché du film est clair sur la nécessité absolue de faire éclater au grand jour les secrets inavouables car l’omerta des adultes encourage les pédophiles en interdisant aux enfants de s’exprimer. Si le constat est douloureux, le pédo-criminalité concerne plus de 150 000 enfants par an, Les Chatouilles, tout en dénonçant le fléau et en pointant la passivité de la justice, laisse entendre que la parole peut permettre d’échapper à la noirceur, d’aider à la reconstruction et que l’espoir n’est pas vain. Une approche énergique ne dédaignant pas la métaphore : un pari risqué mais politiquement salutaire.
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Commentaire technique
Image : copie SD, excellente définition malgré le support DVD, du détail sur les gros plans, très belle gestion du contraste avec des noirs soutenus, étalonnage lumineux, colorimétrie naturelle aux teintes vives
Son : mixage français 5.1, dialogues très clairs, bon équilibre avec les ambiances, dynamique qui profite à la musique allègre de Clément Ducol, très bonne spatialisation naturaliste avec une répartition ample et réaliste sur les surrounds
Notre avis
Image : (4/5)
Mixages sonores : 
(4/5)
Bonus : (1/5)
Packaging : 
(2,5/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt7502234/
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