L'Ange de la vengeance : représailles cultes selon Abel Ferrara (en Blu-ray et DVD)
Note artistique : (3,5/5)
Synopsis
Une jeune femme, violée deux fois le même jour, décide la nuit venue de parcourir les rues sombres de New York en tuant de son calibre 45 tous les hommes qui l'approchent.
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• Titre original : Ms. 45
• Support testé : blu-ray
• Genre : thriller
• Année : 1981
• Réalisation : Abel Ferrara
• Casting : Zoë Lund, Albert Sinkys, Darlene Stuto, Helen McGara, Nike Zachmanoglou, Abel Ferrara, Peter Yellen, Editta Sherman, Vincent Gruppi
• Durée : 1 h 20 mn 42
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 monophonique anglais, français
• Bonus : Les années sauvages, entretien avec le réalisateur Abel Ferrara (27 mn 55) - entretien avec Brad Stevens, écrivain et critique de cinéma anglais (20 mn 03) - DVD du film - livret de 16 pages par Marc Toullec
• Éditeur : ESC Éditions
Commentaire artistique
Sous la houlette d’Abel Ferrarra, alors cinéaste quasi inconnu, L’Ange de la vengeance, film d’exploitation, parfois classé comme underground, tourné dans des conditions singulières (cf., interview du cinéaste donnée en bonus), ne relève pas - selon son auteur - du sous-genre bien particulier de « rape and revenge ». Thana, la tueuse muette paranoïaque, est le premier rôle d’une très jeune musicienne et actrice, Zoë Tamerlis (future Zoë Lund) 19 ans, dont la réputation sera liée à un rôle emblématique dans un autre film du même cinéaste, Bad Lieutenant (1992) et qui meurt à Paris d’une insuffisance cardiaque liée à la drogue en 1999. C’est la grande chance du film car l’actrice novice s’investit totalement dans ce rôle sous-payé mais en accord avec ses convictions féministes du moment et Abel Ferrara reconnaîtra que son thriller ne tient que par l’interprétation habitée de Zoë. Distingué par William Friedkin pour son précédent film gore Driller Killer de 1979 (avec un usage habile de la perceuse électrique), Abel Ferrara dispose d’un budget légèrement plus élevé pour réaliser le scénario de son pote de jeunesse, Nicholas St. John qui l’enthousiasme et qui se révèle pourtant passablement ambigu ! C’est dans l’environnement urbain de New-York qu’il affectionne pour la possibilité de tournage « sauvage » qu’il va suivre les pérégrinations de cette héroïne atypique (modèle avant la lettre de nombreuses jeunes femmes libérées) aussi jolie que létale : certaines scènes seront tournées, avec le talent du chef-opérateur James Lemmo, en caméra discrète (comme celle de la 5e Avenue) tandis qu’une bonne partie du film est captée dans l’improvisation la plus totale avec des comédiens d’occasion non payés… faute de finances. S’apparentant au classique film de vengeance, L’Ange de la vengeance enchaîne les scènes traumatisantes et les décisions expéditives qui illustrent, abruptement, le délire progressif qui s’empare de Thana dont la paranoïa, qui devient incontrôlable, justifie l’intrigue par le comportement dément de la « justicière » faisant table rase de tous les mâles menaçants (excepté une scène cocasse dans laquelle un asiatique, qui lui échappe, n’était en réalité pas coupable !). Toute l’ambiguïté morale du film va dès lors se concentrer sur une question unique : Thana peut-elle être exonérée de ses meurtres par le traumatisme qui a déclenché cette fureur destructive ? Pessimiste, négatif et crû, voire amoral, ce thriller devenu culte annonce indéniablement la singularité de l’œuvre d’Abel Ferrara, fascinant cocktail de caractères névrosés et de violence visuelle.
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Commentaire technique
Image : copie HD, nouveau master HD, définition variable suivant les plans, pas exceptionnelle, parfois faillible, mais souvent assez bonne, notamment sur les visages en gros plan, léger grain (tournage en Arriflex 35 IIA, 35 mm), très belle gestion du contraste avec un étalonnage lumineux et nuancé, passant progressivement d’un naturalisme sans vigueur à une palette chatoyante, colorimétrie vive aux tons saturés
Son : mixage anglais monophonique clair, bon équilibre voix et ambiances, pas de distorsion ni de défaut appuyé, belle dynamique, sonorités légèrement artificielles ; VF nettement plus artificielle, voix trop détachées des ambiances
Notre avis
Image : (3,5/5)
Mixages sonores : (3/5)
Bonus : (4/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0082776/
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