Paranoïa : un thriller captivant tourné au téléphone mobile (en Blu-ray, DVD et VOD)

Note artistique : (3,5/5)

Synopsis

Une jeune femme, convaincue d'être harcelée, est enfermée contre son gré dans une institution psychiatrique. Alors même qu'elle tente de convaincre tout le monde qu'elle est en danger, elle commence à se demander si sa peur est fondée ou le fruit de son imagination…

LA SUITE APRÈS LA PUB

• Titre original : Unsane
• Support testé : blu-ray
• Genre : thriller, horreur
• Année : 2018
• Réalisation : Steven Soderbergh
• Casting : Claire Foy, Joshua Leonard, Amy Irving, Jay Pharoah, Juno Temple, Aimee Mullins, Polly McKie, Erin Wilhelmi, Sarah Stiles, Raúl Castillo, Matt Damon
• Durée : 1 h 37 mn 48 s
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,56/1
• Sous-titrage : français, anglais, danois, néerlandais, finnois, allemand, italien, norvégien, russe, suédois, arabe, estonien, letton, lithuanien, ukrainien
• Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 anglais - DTS 5.1 français, allemand, italien, russe, ukrainien
• Bonus : Unsanity (4 mn 28)
• Éditeur : 20th Century Fox

Commentaire artistique

Bouclé en une dizaine de jours avec un budget riquiqui, Paranoïa revendique un tournage 4K entièrement exécuté avec un téléphone mobile (iPhone 7, application Filmic Pro). Ce n’est ni le premier, ni le seul long-métrage à utiliser cette nouvelle façon de filmer qui semble prolonger les réalisations effectuées avec un appareil photographique numérique mais, ce qui fait la différence, c’est le nom du cinéaste derrière l’iPhone. En effet, Steven Soderbergh est loin d’être le premier réalisateur venu ; révélé en 1989 par un petit film indépendant Sexe, Mensonges et Vidéo, il a depuis dirigé nombre de blockbusters tels Traffic (2000) et la trilogie Ocean (2001, 2004 et 2007). Et, malgré une annonce fracassante en 2013 de ne plus réaliser de longs-métrages, il récidive illico ! Paranoïa, qui sort en 2018, est réalisé, photographié et monté par le cinéaste sur un scénario de Jonathan Bernstein et James Greer. S’inscrivant dans le classique, voire banal, thriller d’horreur où le protagoniste principal est séquestré malgré lui dans un hôpital psychiatrique, l’intrigue rajoute, dans une veine assez contemporaine, le thème du harcèlement et se place délibérément dans le registre de la série B. Outre l’exploit technique qui bluffe, puisqu’il donne l’impression d’un film tourné avec des moyens classiques, et l’adéquation parfaite entre les vues déformées dues au système et l’aliénation ressentie par l’héroïne, la question de l’apport de Steven Soderbergh mérite d’être posée. À vrai dire, rien de bien neuf : sa mise en scène experte et efficace s’apparente au style rétro des films d’horreur psychiatriques des années 70 et nous fait partager des sensations déjà éprouvées devant des clichés plutôt éculés du bien vilain psychopathe (Joshua Leonard) que personne ne semble détecter et de l’héroïne, une belle jeune femme en détresse, qui n’est pas entendue. Dans ce rôle, la prestation de Claire Foy, fort éloignée de son interprétation dans la série The Crown (2016-2018), est si remarquable et fascine tellement, souvent filmée en très gros plan frontal, qu’on en oublie l’exploit technique et la qualité de la mise en scène ! Le reste du casting, dont Juno Temple et Amy Irving ainsi qu’un caméo de Matt Damon, contribue à la tension du récit dont l’originalité laisse à désirer. Bref, loin des brillantes réalisations auxquelles il nous avait habitué, Save Soderbergh se contente de livrer un solide thriller conventionnel au suspense haletant et redoutable, captivant mais sans surprise autre que formelle puisqu’il aura démontré les incroyables possibilités offertes par les nouvelles technologies. Accro aux réseaux sociaux dont il est justement question dans le récit, Paranoïa est bien un film de geek recyclant intelligemment les stéréotypes du genre.

Commentaire technique

Image : copie HD, assez bonne définition pour ce film tourné avec un iPhone 7 Plus muni d’optique Moment Lens de 18 et 60 mm plus un fish-eye (Master Format 4K) mais très travaillé en post-prod (granulation « pellicule »), bon contraste qui faiblit dans les scènes surexposées, étalonnage naturaliste à la colorimétrie réaliste en extérieur et plus chaude en intérieur donc assez proche des conditions d’un filmage avec un téléphone mobile

LA SUITE APRÈS LA PUB

Son : mixage anglais 5.1, dialogues clairs, excellente dynamique pour une spatialisation jouant autant sur la bande originale de Thomas Newman que sur les ambiances angoissantes, avec une belle dispersion sur les surrounds, LFE efficace ; VF soignée et bien mixée aux voix assez peu dominantes