Un Crime dans la tête : un thriller à la mise en scène exemplaire (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (4/5)

Synopsis

À son retour de Corée, Raymond Shaw est accueilli avec les honneurs dus à son statut de prisonnier de guerre. Or, durant sa captivité, il a subi un lavage de cerveau et a été programmé pour une mission : assassiner le président des États-Unis…

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• Titre original : The Manchurian Candidate
• Support testé : blu-ray
• Genre : thriller
• Année : 1962
• Réalisation : John Frankenheimer
• Casting : Frank Sinatra, Laurence Harvey, Janet Leigh, Angela Lansbury, Henry Silva, James Gregory, Leslie Parrish, John McGiver
• Durée : 2 h 06 mn 48 s
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,75/1 Noir et Blanc
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : LPCM 2.0 monophonique anglais, français
• Bonus : film annonce (1mn 50) - interview de Bernard Benoliel, essayiste de cinéma (25 mn 20) - conversation avec John Frankenheimer, George Axelrod et Frank Sinatra (1988, 7 mn 37)
• Éditeur : Rimini Éditions

Commentaire artistique

Un Crime dans la tête, au titre anglais plus extravagant The Manchurian Candidate (Le Candidat mandchou), est le projet commun du réalisateur John Frankenheimer, du scénariste George Axelrod et de la star Frank Sinatra. De leur parfaite entente naîtra ce film insolite adapté d’un roman de Richard Condon tourné sous la présidence Kennedy et conjuguant les thèmes en vogue à Hollywood, la guerre froide et la psychanalyse. Avec le recul, le scénario peut sembler farfelu et invraisemblable mais dans les années 60, la paranoïa américaine était à son zénith et les délires du romancier très fidèlement transposés à l’écran exprimaient un état d’esprit tout à fait banal. Pourtant encore aujourd’hui, malgré ses incohérences, Un Crime dans la tête demeure un thriller captivant qui doit sa force autant au talent des comédiens qu’à la rigueur du découpage et à l’efficience de la réalisation de John Frankenheimer. Alors que beaucoup d’éléments restent en suspens dans cette histoire passablement emberlificotée - par exemple celui du personnage plus qu’énigmatique de Rosie incarnée par la séduisante Janet Leigh ou les relations troubles voire incestueuses, avec son fils de madame Iselin magistralement jouée par Angela Lansbury - la mise en scène particulièrement inventive réussit à convaincre au-delà de l’entendement et parvient à donner aux séquences psychanalytiques (scène du cauchemar) une vraie consistance. Le style de John Frankenheimer, qui résulte d’une intense analyse de mise en scène et d’un talent inné pour la réalisation, repose sur la fascination du spectateur qui ne pourra oublier les images violentes, surréalistes ou caricaturales, et le rythme saisissant de ses films. Avec Un Crime dans la tête, l’une de ses meilleurs œuvres, il offre une extraordinaire leçon de cinéma ne craignant pas d’aborder tous les sujets qui fâchaient : l’anticommunisme, la manipulation des médias, la paranoïa sociale, etc. et de faire un usage savant des possibilités du 7e Art : cadrages désaxés, recours au grand-angle (quoique déjà utilisé par d’autres) appuyant la perception singulière du monde par ces ex-soldats manipulés psychologiquement. La vision très pessimiste du film et son atmosphère à la limite du rationnel dérangea le public de l’époque et on accusa même ce thriller d’avoir eu une influence sur l’assassinat de Kennedy (il est vrai que le personnage de Raymond Shaw, sorte de Lee Harvey Oswald avant l’heure, est assez troublant). Outre la profondeur de son écriture et de sa réalisation, Un Crime dans la tête réunit un casting de choix pour incarner des personnages à la psychologie subtilement étudiée : si Frank Sinatra se contente d’un rôle en retrait, Laurence Harvey livre une composition stupéfiante de son personnage qui monopolise l’attention et devient le vrai « héros » jusqu’à l'apogée dramatique de la scène finale. Entre le réalisme documentaire et l’irrationnel cauchemardé, Un Crime dans la tête est un film peu ordinaire, une plongée dans l’Amérique maccarthyste et une vision critique bien pessimiste de celle-ci sous la forme d’un thriller qui fascine autant qu’il interroge. En dépit de l’actualisation du remake de 2004 réalisé par Jonathan Demme, le film de John Frankenheimer brasse des thèmes comme la manipulation médiatique et politique qui n’ont pas pris une ride. Efficace et captivant.

Commentaire technique

Image : copie HD, très belle définition notamment sur les gros plans de visages, master Criterion procurant une image sans scorie, avec un léger grain de pellicule, un contraste excellent donnant des noirs profonds et des gris nuancés, étalonnage lumineux, défauts presque totalement retirés

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Son : mixage anglais 2.0 monophonique en LPCM (contrairement à l’indication de la jaquette qui doit faire référence au reximage américain de 2011 en 5.1) conforme à l’original, clair et dynamique, excellent équilibre voix et ambiances, très léger souffle, pas de distorsion ; la VF datée et vraiment plus sourde est à déconseiller