Foxtrot : l’absurdité de la guerre révélatrice d’une société traumatisée (en Blu-ray, DVD et VOD)
Note artistique : (4/5)
Synopsis
Michael et Dafna, mariés depuis 30 ans, mènent une vie heureuse à Tel Aviv. Leur fils aîné Yonatan effectue son service militaire sur un poste frontière, en plein désert. Un matin, des soldats sonnent à la porte du foyer familial. Le choc de l'annonce va réveiller chez Michael une blessure profonde, enfouie depuis toujours. Le couple est bouleversé. Les masques tombent.
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• Titre original : Foxtrot
• Support testé : blu-ray
• Genre : drame
• Année : 2017
• Réalisation : Samuel Maoz
• Casting : Lior Ashkenazi, Sarah Adler, Yonaton Shiray, Shira Haas, Dekel Adin, Yehuda Almagor, Shaul Amir, Gefen Barkai
• Durée : 1 h 52 mn 45 s
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,35/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 et 2.0 hébreu
• Bonus : entretien avec le réalisateur Samuel Maoz par Ariel Schweitzer (23 mn 04) - The End, court métrage de Samuel Maoz (2013, 1 mn 39)
• Éditeur : Blaq out
Commentaire artistique
Couronné à Venise par le Lion d’argent et le Grand prix du jury, Foxtrot est défini par son scénariste-réalisateur, Samuel Maoz, comme un « puzzle philosophique ». Le cinéaste israélien avait déjà remporté le Lion d’or pour son fascinant Lebanon (2009) racontant la guerre du Liban selon le point de vue de quatre soldats d’un char israélien. Une fois encore avec Foxtrot, le réalisateur concilie une forme esthétique sidérante et un propos singulièrement critique sur les conséquences psychologiques des conflits. Cette fois-ci la description du traumatisme a laissé la place à celle du syndrome post-traumatique, une vision en connaissance de cause puisque le cinéaste fut d’abord un conscrit de Tsahal qui a été marqué profondément par l’expérience de la guerre. Au cœur de ce nouvel opus, Michael, le père, cristallise le traumatisme collectif d’une société qui cultive l’instinct de survie, hérité de la Shoah, par une peur permanente du danger extérieur : le poste en plein désert gardé par les jeunes militaires concrétise cet état de fait. Et pour symboliser ce traumatisme, qui se transmet à travers toutes les générations, le cinéaste recourt à une métaphore, celle du Foxtrot, une danse qui tourne en rond à l’infini. Se plaçant plus sur le terrain du constat que sur celui de la controverse, Foxtrot n’hésite pas à enfreindre des tabous, dont celui de la sacro-sainte armée, mais avec un ton volontiers ironique, qui est d’ailleurs mal passé auprès des esprits bien-pensants ! Efficacement écrit, excellemment découpé et splendidement mis en scène, Foxtrot ne donne pourtant pas dans le tableau naturaliste qu’on imagine, mais privilégie une création artistique qui surprend, mêlant volontiers surréalisme et innovations visuelles (éclairages, animation), afin de susciter les émotions. Comme nous le précise son auteur, l’intrigue tourne autour de trois personnages, le père, le fils et la mère, chacun reflétant un état particulier, la froideur graphique, l’imagination artistique et la douceur empathique, autant d’états correspondants à des émotions qui s’enchaînent : la stupeur, la fascination et l’émoi. Il faudra néanmoins être réceptif au ton singulier de ce film qui avantage l’absurde et le symbolisme à la trivialité du réalisme qu’il semble d’abord exploiter, sous peine de rester dubitatif à son traitement bien insolite. Si l’on est hermétique à l’humour grinçant et décalé de certaines séquences (passages du dromadaire, danse…) et peu enclin à apprécier la structure en triptyque de Foxtrot à la construction très intellectualisée, cette œuvre singulière, lorgnant vers la tragédie antique et l’aveuglement aléatoire de la fatalité, paraîtra certainement artificielle et prétentieuse. Et ce serait bien dommage parce ce film tragi-comique mérite d’être apprécié bien au-delà de son style assurément baroque.
Commentaire technique
Image : copie HD, excellente définition, du piqué sur les détails, contraste irréprochable, étalonnage oscillant entre naturalisme de la première et troisième partie et une tendance aux éclairages artificiels « féeriques » de la seconde partie, colorimétrie chaude, tons nuancés
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Son : mixage hébreu 5.1, dialogues centrés clairs, grande dynamique, spatialisation naturaliste, ambiances secondées efficacement par les surrounds et les LFE, espace sonore large profitant à la musique
Notre avis
Image : (4/5)
Mixages sonores : (4/5)
Bonus : (3/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt6896536/
Blu-ray et DVD disponibles sur Amazon
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