Embrasse-moi, idiot : une comédie immorale et cynique (en Blu-ray et DVD)
Note artistique : (4/5)
Synopsis
D'une jalousie maladive, Orville doit héberger, durant une nuit, Dino, célèbre crooner à la réputation de séducteur. Redoutant que sa femme soit sensible au charme du chanteur, il la renvoie chez sa mère et engage Polly, une entraîneuse de bar, pour jouer son rôle. La nuit va être longue…
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• Titre original : Kiss Me, Stupid
• Support testé : blu-ray
• Genre : comédie
• Année : 1964
• Réalisation : Billy Wilder
• Casting : Dean Martin, Kim Novak, Ray Walston, Felicia Farr, Cliff Osmond, Barbara Pepper, Skip Ward, Doro Merande
• Durée : 2 h 04 mn 54 s
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 2,35/1 noir et blanc
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 anglais, français
• Bonus : conversation entre les journalistes Mathieu Macheret et Frédéric Mercier (36 mn 07) - Billy Wilder, la perfection hollywoodienne, un film de Julia et Clara Kuberberg (2016, 54 mn 19) - Billy Wilder - I.A.L. Diamond, écrire à 4 mains, interview de Paul Diamond, fils de I.A.L Diamond (2018, 21 mn 33) - livret de 28 pages, « Celui par qui le scandale arrive » de Marc Toullec
• Éditeur : Rimini Éditions
Commentaire artistique
Réalisé après Irma la douce, la comédie de Billy Wilder Embrasse-moi, idiot choqua l’Amérique puritaine à sa sortie. Le scénario de Billy Wilder et I.A.L. Diamond, basé sur la pièce « L'ora della fantasia » (1944) d’Anna Bonacci, y est en effet particulièrement incisif et s’acharne à torpiller les fondements de la société américaine : le couple et la réussite sociale ! Débuté avec Peter Sellers et prévu pour Marilyn Monroe, le film se fera avec Ray Walston et Kim Novak tandis que Dean Martin s’y auto-parodie en jouant le crooner Dino, pratiquement son personnage de chanteur dans la vie. Mis à l’index, Embrasse-moi, idiot ne cesse de jouer sur les sous-entendus et érige une prostituée comme seul protagoniste moral de cette intrigue un brin scabreuse, se déroulant au fin fond du Nevada dans une bourgade perdue au doux nom de Climax (orgasme). Porté par la musique d’André Previn et des chansons des Gershwin, le film ne fait pas toujours dans la dentelle et fleurte souvent avec le mauvais goût, mais on y retrouve l’esprit décapant de Billy Wilder, admirateur et suiveur d’Ernst Lubitsch, même si cette comédie ne possède jamais le brio de Certains l’aiment chaud. La critique de l’humanité et de la société bien-pensante y est sévère et si le ton humoristique prédomine, le divertissement est assurément sarcastique, fondé sur un humour noir impitoyable. Outre les situations de vaudeville soigneusement réglées, pour l’essentiel dans le décor de la maison conçu par Alexandre Trauner avec une habile utilisation des espaces (salle de bain, meubles, accessoires), Billy Wilder excelle à placer des dialogues étincelants dans la bouche de ses personnages, réussissant à faire rire malgré un tableau bien noir et pessimiste de son microcosme humanitaire. Il n’a pas son pareil pour dénoncer l’illusion et l’hypocrisie d’une société qui prône la morale pour mieux la contourner : tout le récit tourne autour du thème de la réussite coûte que coûte et qu’importe alors le respect des valeurs. Dans Embrasse-moi, idiot, hormis la prostituée, aucun personnage ne peut être racheté par ses actes et son comportement. Le prix à payer pour parvenir au but doit passer par une négation de la moralité et un assouvissement des pulsions sexuelles : un film qui va bien au-delà de la simple comédie sarcastique et qui ne pouvait qu’offusquer ! Le casting est admirable : si Kim Novak est exemplaire en fille sexy jamais vulgaire, Felicia Farr conjugue une réelle séduction et une belle subtilité d’interprétation. Côté masculin, outre un Dean Martin surjouant impeccablement le crooner bellâtre, il faut saluer la prestation efficace et juste de Ray Walston en mari jaloux et musicien, ainsi que celle de Cliff Osmond inénarrable en mécano, compositeur de chansons. Embrasse-moi, idiot n’est certes pas un chef-d’œuvre mais porte incontestablement la patte de son auteur, mélange de situations cocasses immorales et de caractérisation féroce. Une comédie cynique qu’on pourra apprécier à sa juste valeur dans cette belle copie restaurée digne des beaux cadrages en scope de Joseph LaShelle.
Commentaire technique
Image : copie HD, nouveau Master HD, excellente définition, du piqué sur les détails, grain très ténu, très bon contraste respectant la qualité des éclairages de Joseph LaShelle, étalonnage homogène, échelle de gris nuancée, noirs francs, défauts imperceptibles, excellente compression
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Son : mixage monophonique anglais 2.0, dynamique, dialogues clairs, ambiances et musique bien équilibrées, pas de distorsion ni de souffle, sous-titrage parfois approximatif (Climax devient Jouy et Belly Button nombril…) ; VF nettement plus artificielle et datée
Notre avis
Image : (4/5)
Mixages sonores : (3,5/5)
Bonus : (4/5)
Packaging : (3/5)
IMDb : https://www.imdb.com/title/tt0058265/
Blu-ray et DVD disponibles sur Amazon
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