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Quatre classiques iraniens : remarquables et essentiels (en Blu-ray et DVD)

Blu ray Films iraniens 00

Note artistique globale : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rouge(4,5/5).

Synopsis :

En 1969, avec le film La Vache, le cinéma iranien « Motafavet », différent, se démarque de l’artificialité du cinéma commercial et initie la Nouvelle Vague iranienne réunissant des cinéastes lassés du conformisme. Après la révolution, Le Coureur et Close-Up assurent la reconnaissance du cinéma iranien. Leila inédit en France est un bel exemple de ce cinéma renouvelé.

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La Vache : Mashdi Hassan est marié, mais n'a pas d'enfant et reporte toute son affection sur sa vache, qu'il chérit et qui représente tout pour lui et son village. Alors qu'il doit s'absenter, la fierté du village décède. Ses voisins redoutent sa réaction, et vont tout faire pour lui cacher la nouvelle, qui risque de faire basculer son monde dans la folie.

Le Coureur : Amiro, 12 ans, vit seul dans un bateau abandonné dans une ville au bord du Golfe Persique. Pour survivre, il rivalise d'ingéniosité avec les nombreux autres orphelins qu'il côtoie. Ramasser des bouteilles en verre, cirer les chaussures des marins, vendre de l'eau aux habitants… Au milieu de la lutte qu'est sa vie, l'enfant nourrit une passion pour la course. Va-t-elle l'aider à s'extraire de sa condition ?

Close-Up : Hossain Dabzian est un cinéphile obsessionnel, fasciné par le cinéaste Mohsen Makmalbaf, au point de se faire passer pour lui auprès d'une riche famille bourgeoise. Démasqué par les autorités, il est trainé devant les tribunaux pour escroquerie. Mais qu'est-ce qui a réellement poussé le jeune homme à cette usurpation d'identité et que signifie-t-elle ?

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Leila : Leila et Reza sont d'heureux jeunes mariés. Le couple moderne va cependant vite être confronté au poids des traditions quand la mère du jeune homme apprend que l'épouse est stérile. Elle va alors tout faire pour convaincre son fils de changer de femme.

• Titre français : La Vache - Le Coureur - Close-Up - Leila
• Titre original : Gaav - Davandeh - Nema-ye Nazdik - Leila
• Support testé : blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1969, 1984, 1990, 1997
• Réalisation : Dariush Mehrjui, Amir Naderi, Abbas Kiarostami, Dariush Mehrjui
• Casting : (1) Ezzatolah Entezami, Mahin Shahabi, Ali Nassirian, Jamshid Mashayekhi, Firouz Behjat-Mohamadi, Jafar Vali (2) Abbas Nazeri, Madjid Niroumand, Musa Torkizadeh (3) Mohsen Makhmalbaf, Abolfazl Ahankhah, Mehrdad Ahankhah, Monoochehr Ahankhah, Mahrokh Ahankhah, Nayer Mohseni Zonoozi (4) Leila Hatami, Ali Mosaffa, Jamileh Sheikhi, Mohamad Reza Sharifinia, Turan Mehrzad, Amir Pievar
• Durée : 1 h 44 mn 37 - 1 h 30 mn 36 - 1 h 38 mn 25 - 2 h 04 mn 13
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,66/1 Noir et blanc- 1,37/1 - 1,85/1 Couleur et Noir et Blanc - 1,85/1 Couleur
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 2.0 farsi
• Bonus : présentation du film par Jean-Michel Frodon (19 mn 47, 20 mn 51, 22 mn 50, 21 mn 54) - (1, 4) commentaire audio de Bamchade Pourvali (France Culture) écrivain et critique de cinéma - bande annonce (1 mn 22, 1 mn 31, 1 mn 59, 1 mn 29) - galerie de photographies (1 mn 06, 1 mn 36, 1 mn 01, 1 mn 21) (2) entretien avec Madjid Niroumand (11 mn 42) - (3) Abbas Kiarostami : Vérités et songes de Jean-Pierre Limosin (1994, 52 mn 27) - DVD du film (tous) - jaquette reversible
• Éditeur : Elephant Films

Commentaire artistique

La Vache  Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge(5/5)

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Jusque-là cantonné à un cinéma produisant quantité de divertissements populaires sans intérêt majeur et bon nombre de films patriotiques et de propagande, le cinéma iranien découvre, à la fin des années 70, le cinéma d’auteur dit « Motafavet ». Deux films dramatiques qui sortent en 1969 vont modifier profondément le 7e Art iranien : Qeysar de Mahmoud Kimiaei et La Vache de Dariush Mehrjui. Interdit (puis encouragé après la révolution) pour son naturalisme brutal décrivant la rude vie des paysans sous le régime du Shah, qui avait pourtant financé le film, La Vache rompt avec tous les codes du cinéma commercial : austère, dramatique, pessimiste et filmé avec un réalisme que ne renieraient pas les documentaristes et les cinéastes de la Nouvelle Vague. Cette chronique d’un drame rural poignant est splendidement interprétée par d’excellents comédiens de théâtre fondus dans la population locale et plus vrais que nature. La réalisation dépouillée allie la beauté esthétique de la photographie de Fereydon Ghovanlou, la simplicité lancinante de la musique d’Hormz Farhat et la pondération de sa narration qui font penser à certains cinéastes auteurs (l’égyptien Shadi Abdessalam par exemple). Dans le huis-clos d’un village non situé, donc à vocation métaphorique et universelle, le drame qui scelle le destin de ce paysan trop passionné par sa vache est raconté avec un luxe de détails réalistes proche du documentaire même si le scénario, inspiré de plusieurs nouvelles de Gholam-Hossein Saedi, se permet quelques portraits de villageois plus schématiques, voire cocasses. Glissant de la description naturaliste du contexte, le village et sa structure sociale clanique, à une dimension fantastique, le paysan effondré et possédé par son animal, La Vache concrétise un nouveau style cinématographique. Mélange savant de réalisme et de fiction, ce film est aujourd’hui considéré comme fondateur de la « Nouvelle Vague » iranienne : sa beauté plastique sidérante (la restauration HD est magnifique) et son traitement dramatique novateur sont les signes d’un authentique chef-d’œuvre. Il sera montré clandestinement (non programmé et non sous-titré !) à Venise en 1971 où il obtiendra le prix justifié de la critique.

Le Coureur Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rouge(5/5)

Difficile de ne pas être fortement touché par ce portrait d’un jeune garçon iranien livré à lui-même dans les bidonvilles d’un littoral miséreux et contraint d’expédients pour survivre malgré un formidable esprit de compétition et une énergie à revendre. La réalisation rigoureuse d’Amir Naderi refuse tout pathos et nous plonge dans l’univers très limité d’Amiro toujours prompt à vouloir battre ses petits camarades à la course. Filmé en décors naturels avec un interprète au naturel désarmant, Le Coureur, malgré l’extrême simplicité de son scénario qui raconte sans enjeu particulier quelques instants particuliers de la vie d’Amiro, est un film captivant et poignant de bout en bout. S’il fallait le qualifier, il faudrait parler d’énergie tant les séquences toniques s’enchaînent sans répit et donnent à voir le très jeune héros s’époumoner sur le littoral pour attirer l’attention des supertankers qui traversent l’horizon. La symbolique n’est jamais loin dans ce film allégorique ponctué de scènes allusives et mémorables (compétitions, ascension de la colline, pêche en eaux troubles…) dont une superbe course avec un pain de glace qui s’amenuise au fil du trajet. La détermination qui fait vivre Amiro, son obstination à vaincre l’adversité à son niveau infinitésimal, son appétit de vivre sont tout à fait captivants : la superbe authenticité de jeu de Madjid Niroumand (cf., bonus) et la sobre puissance de la mise en scène sont pour beaucoup dans l’intensité que possède ce film intemporel refusant toute tentation misérabiliste. Si le cadre de la narration est profondément naturaliste, le film est cependant très méticuleusement construit : rien n’est improvisé ou saisi à la volée et l’on admirera l’esthétisme naturel de la photographie de Firooz Malekzadeh et le lyrisme d’une réalisation sans affèterie. Entre méditation et éloge de la joie (et de la rage) de vivre, Le Coureur est un classique incomparable du cinéma iranien qu’on appréciera encore plus dans sa copie nouvellement restaurée. Chef-d’œuvre.

Close-Up  Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile demi rouge(4,5/5)

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Dans la filmographie d’Abbas Kiarostami, Close-Up n’est pas aussi connu que Le Goût de la cerise (1997) ou Le Vent nous emportera (1999). Pourtant c’est avec ce titre, défendus par de nombreux cinéastes occidentaux prestigieux, que l’on aura découvert l’étendue de son talent. L’ingéniosité de son scénario et l’efficacité de sa réalisation sont sidérantes : à partir d’un fait divers authentique, mêlant documents d’archive (le procès) et tournage avec les protagonistes réels, Abbas Kiarostami plonge le spectateur dans une mise en abyme fascinante autour d’une usurpation d’identité ! Abordant une multitude de thèmes, y compris politiques qu’il faudra décrypter, ce film singulier ne cesse d’osciller entre le réalisme du témoignage objectif et la fiction de sa réinterprétation. Cette interpénétration du réel et de l’imaginaire est savamment concrétisée par les divers protagonistes de l’histoire, cinéaste inclus, qui sont tout autant les participants et les témoins authentiques de l’imposture que les acteurs qui rejouent leurs propres rôles, le vertige étant au comble lorsqu’on sait que la famille trompée avait fini par simuler croire le menteur ! Cette redoutable mécanique cinématographique absolument stupéfiante impose d’ailleurs soit de se laisser berner sciemment par le film, soit d’en étudier le découpage pour mieux en apprécier la maestria. Et pourtant ce film est marqué par des bouleversements imprévisibles puisque il sera réalisé en vitesse, suite à la lecture d’un fait divers dans la presse, à la place d’un projet en cours et qu’il intègrera au final des évènements purement fortuits (défaillance techniques, projection décalée). Singulièrement surprenant et nonobstant sa réflexion première sur l’identité et l’usurpation, Close-Up aborde la question fondamentale de la vérité et du mensonge (comme dirait Orson Welles), essence même du 7e Art. Prodigieusement captivant à l’analyse.

Leila  Note artistique : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)

Ce film plus récent traite d’une préoccupation séculaire au cœur d’une société qui se voudrait moderne mais qui reste fondamentale : la nécessité d’une descendance mâle. Le carcan ancestral et religieux est tel que si la femme est stérile, hypothèse plausible du scénario, tout doit être mis en œuvre pour résoudre cet état socialement inadmissible. C’est toute la question de la répudiation qui est décortiqué dans ce film émouvant dont la protagoniste principale est Leïla, cette jeune et jolie épouse tiraillée entre un amour sincère éprouvé pour son époux et l’oppression familiale et sociale qui la pousse à accepter une autre femme pour son mari ! Tout le film est construit de son point de vue et nous invite à partager ses pensées et sa lente capitulation qu’on perçoit au travers de nombreux échanges, le film étant plus bavard qu’actif. Néanmoins, l’habileté de la mise en scène et des dialogues, la qualité d’interprétation des comédiens, spécialement l’excellente Leila Hatami, et la très belle photographie sans fioriture concourent à exprimer finement les émotions des divers personnages : la belle-mère intrigante en chef, le mari finalement assez conformiste et Leila poignante et résignée. Tragédie contemporaine qu’on imagine assez fréquente dans une société patriarcale asservie par la religion, ce drame pathétique (scène du remariage) est filmé avec l’intensité relevant du constat quasi documentaire fort éloigné du mélo propre aux films proche-orientaux, nonobstant quelques effets de style assez curieux.

 

Blu ray Films iraniens

Commentaire technique

La Vache
Image : copie HD, excellente définition, granulation modérée, très bon contraste, noirs denses, blancs nuancés, gris équilibrés, défauts gommés
Son : mixage farsi monophonique, dialogues clairs, bon équilibre, dynamique moyenne, pas de défaut particulier

Le Coureur
Image : copie HD, très belle copie, image magnifique sans défaut, bien contrastée, excellemment étalonnée, colorimétrie chaude aux tons saturés
Son : mixage farsi monophonique, très clair, sans distorsion ni souffle, bien équilibré

Close-Up (restauration iranienne de 2015)
Image : copie HD, bonne définition, grain discret, séquences du procès moins précises et granuleuses (16 mm), contraste sans excès, étalonnage relativement homogène, colorimétrie naturaliste aux teintes réalistes manquant de saturation
Son : mixage farsi monophonique clair et sans distorsion manifeste, excellente dynamique

Leila
Image : copie HD, très bonne définition, pas de défaut hormis quelques griffures au générique, excellent contraste, colorimétrie chaude, tons saturés
Son : mixage farsi monophonique très clair, quelques craquements au générique, pas de distorsion, bon équilibre

Notre avis

Image : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Mixages sonores : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(3,5/5)
Bonus : etoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile rougeetoile grise(4/5)
Packaging : etoile bleueetoile bleueetoile bleueetoile demi bleueetoile grise(3/5)

IMDb
La Vache : http://www.imdb.com/title/tt0064356/
Le Coureur : http://www.imdb.com/title/tt0088992/
Close-Up : http://www.imdb.com/title/tt0100234/
Leila : http://www.imdb.com/title/tt0116851/

 

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