Les Amoureux sont seuls au monde : Louis Jouvet dans un registre moins familier (en Blu-ray et DVD)

Note artistique : (4/5)

Synopsis

Gérard Favier, compositeur célèbre et très amoureux de son épouse Sylvia, rencontre Monelle, une jeune pianiste. Alors qu'il prend la jeune fille sous son aile, un journal à scandale annonce les amours du compositeur et de sa protégée. L'information est fausse, mais le doute s'installe.

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• Titre original : Les Amoureux sont seuls au monde
• Support testé : blu-ray
• Genre : drame
• Année : 1948
• Réalisation : Henri Decoin
• Casting : Louis Jouvet, Renée Devillers, Fernand René, Dany Robin, Philippe Nicaud, Janine Viénot, Brigitte Auber
• Durée : 1 h 40 mn 56
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,37/1 noir et blanc
• Sous-titrage : français, anglais
• Piste sonore : DTS-HD MA 2.0 monophonique français
• Bonus : La belle partition, documentaire rétrospectif autour du film avec Didier Decoin, Clara Laurent, Christophe Moussé et un spécialiste de Louis Jouvet (2018, 52 mn 18, réalisation Roland-Jean Charna et Mathieu Marois) - Fin alternative optimiste (7 mn 10) - DVD du film
• Éditeur : Pathé !

Commentaire artistique

Sous ses faux airs de comédie dramatique, pour peu qu’on ait vu le film avec sa fin optimiste (donnée en bonus) imposée par le studio !, Les Amoureux sont seuls au monde est en réalité un mélodrame poignant et une conjonction de talents. Réalisé (et probablement co-écrit) par Henri Decoin, écrit et dialogué par Henri Jeanson et photographié par Armand Thirard, il a pour acteur principal Louis Jouvet dans un rôle de compositeur amoureux qu’on n’attendrait pas de cet immense interprète. Si le thème de l’adultère, au cœur de l’intrigue, n’est pas particulièrement innovant, son traitement est en revanche digne d’intérêt. Ouvrant sur une longue séquence de mise en abyme, structurée par la temporalité, et se concluant pas une fin d’une grande noirceur (la fin originale est celle qui clôt la version restaurée), ce film n’a rien du mélo calibré attendu. La mise en scène installe efficacement une atmosphère de faux-semblants au climat délétère, bénéficiant du brio du découpage et des dialogues remarquables d’Henri Jeanson, un vrai bonheur, et d’un casting exceptionnel. Le jeu étonnamment subtil et introspectif de Louis Jouvet confirme son art hors du commun de composer ses rôle quel que soit le personnage mais un tel talent est heureusement équilibré par la prestation délicate et d’une grande justesse de Renée Devillers tandis que la jeune Dany Robin possède et exerce la séduction et la spontanéité de sa jeunesse ; parmi les rôles secondaires on retiendra la présence du novice Philippe Nicaud (c’est son deuxième film) et de la charmante Brigitte Auber, déjà renommée à l’époque. Un film sur la musique ne serait rien sans une belle partition, elle sera confiée à Henri Sauguet, auteur de la chanson-titre et qui apparaît dans une scène en incarnant le chef d’orchestre qui dirige l’œuvre composée par Gérard Favier/Louis Jouvet. Filmé en studio et évoquant le contexte typé de la société française d’après-guerre, ce mélodrame a désormais le charme de son époque révolue dont on appréciera, grâce à la qualité de la restauration, la fascination inimitable et mélancolique que peuvent susciter ces mélos en noir et blanc d’un autre temps.

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Commentaire technique

Nouvelle copie intégralement restaurée à partir d'un master 2K du film : numérisation du négatif original nitrate 35 mm

Image : copie HD, image propre aux défauts nettoyés, belle définition globale, du piqué sur les détails, excellent contraste restituant les magnifiques éclairages, noirs denses, gamme de gris équilibrée, défauts nettoyés

Son : mixage monophonique français restauré, dialogues clairs et dynamiques, pas de distorsion majeure, bon équilibre général, mise en valeur de la musique, spectre limité