Le Navire Night : un film à écouter (en DVD)

Note artistique : (3/5)

Synopsis

Chaque nuit, à Paris, des centaines d’hommes et de femmes utilisent l’anonymat de lignes téléphoniques non attribuées qui datent de l’occupation allemande, pour se parler, s’aimer. Ces gens, ces naufragés de l’amour, du désir, se meurent d’aimer, de sortir du gouffre de la solitude. Ces gens qui crient la nuit dans le gouffre se donnent tous des rendez-vous. Ces rendez-vous ne sont jamais suivis de rencontres. Il suffit qu’ils soient pris. Personne n’y va. C’est l’appel lancé dans le gouffre, le cri qui déclenche la jouissance.

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• Titre original : Le Navire Night
• Support testé : DVD
• Genre : comédie dramatique, expérimental
• Année : 1979
• Réalisation : Marguerite Duras
• Casting : Bulle Ogier, Dominique Sanda, Mathieu Carrière et les voix de Benoît Jacquot et Marguerite Duras
• Durée : 1 h 29 mn 23
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,66/1
• Sous-titrage : français
• Piste sonore : Dolby Digital 2.0 français
• Bonus : livret de 16 pages avec des textes de Marguerite Duras, Jean Cléder, Michel Pérez et Dominique Noguez
• Éditeur : Doriane Films

Commentaire artistique

À partir de son texte « Le Navire Night », inspiré d’une vraie histoire et publiée en mai 1978, Marguerite Duras a tenté d’éprouver comment le théâtre et le cinéma pouvaient rendre compte de cet écrit particulièrement difficile à transposer puisqu’il s’agit de concrétiser des évènements de l’ordre de l’immatériel. Tandis qu’une pièce était montée à Paris avec Bulle Ogier et Michel Lonsdale, la romancière a débuté le tournage de son film dans sa propriété de Neauphle-le-Château. Film expérimental Le Navire Night est un « non-film » puisque toute son essence est concentrée dans les voix off de Marguerite Duras et Benoît Jacquot tandis qu’à l’image ce sont les éléments du tournage qui sont filmés : décors et maquillages. Le spectateur aura donc plus à écouter le récit qu’à la voir et devra se contenter d’apprécier, en alternance, deux types de scènes, l’une présentant des architectures, des jardins et des intérieurs le plus souvent filmés en de longs travelings par Pierre Lhomme, l’autre montrant les trois acteurs Bulle Ogier, Dominique Sanda et Mathieu Carrière en attitude statique sous les mains expertes d’une maquilleuse. Comme elle le résume exactement, l’auteure d’abord découragé par l’impossibilité de faire un film sur son texte conclut qu’elle doit « filmer le désastre du film » en inversant la mécanique cinématographique : « j’ai trouvé le matériau de quoi recouvrir l’écran tandis que s’écoulerait le son, l’histoire », autrement dit ce sont les coulisses du tournage qui deviennent l’objet filmé tandis que le film lui-même est de l’ordre du sonore : un film à écouter plus qu’a voir ! L’originalité de la démarche, qui s’inscrit dans la lignée des œuvres précédentes de la romancière-cinéaste, nécessitera une disponibilité totale afin d’apprécier ce film considéré comme un des fleurons de sa carrière de réalisatrice. L’absence totale d’action à l’écran suscitant autant de fascination que de lassitude, il faudra se raccrocher aux mots dits par l’auteure elle-même pour savourer toute l’intensité de son écriture. Non académique, le cinéma de Marguerite Duras est exigeant et déroutant : Le Navire Night en est un parfait exemple…

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Commentaire technique

Image : copie SD, Master 2K restauré avec l’aide du CNC, copie bien définie, détails sur les gros plans, léger grain, bon contraste dans les nombreuses scènes sombres, colorimétrie naturaliste chaude, teintes nuancées

Son : mixage monophonique français clair, bonne dynamique, excellent équilibre voix et ambiances, pas de distorsion