Dans un recoin de ce monde : un destin ordinaire dans le voisinage d’Hiroshima en 1945 (en Blu-ray, DVD et VOD)

Note artistique : (4/5).

Synopsis :

En 1944, la jeune Suzu quitte son village proche d'Hiroshima, pour se marier et vivre avec sa belle-famille à Kure, un port militaire. Sa créativité pour surmonter les privations, la rend vite indispensable au foyer. Comme habitée d'une sagesse ancestrale, Suzu imprègne de poésie et de beauté les gestes simples du quotidien. Les difficultés de ravitaillement en temps de guerre, la perte de proches, et les frappes fréquentes de l'aviation américaine, n'altèrent pas son amour de la vie. Mais, en 1945, les bombardements dévastateurs de la ville de Kure, puis la tragédie d'Hiroshima vont mettre à l'épreuve la persévérance et le courage de Suzu.

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• Titre original : Kono sekai no katasumi ni
• Support testé : blu-ray
• Genre : animation, drame, historique
• Année : 2016
• Réalisation : Sunao Katabuchi
• Casting : (voix en VO) : Non, Yoshimasa Hosoya, Minori Omi, Natsuki Inaba, Daisuke Ono, Megumi Han, Nanase Iwai
• Durée : 2 h 04 mn 22
• Format vidéo : 16/9
• Format ciné : 1,85/1
• Sous-titrage : français
• Pistes sonores : DTS-HD MA 5.1 japonais, français
• Bonus : entretien avec le réalisateur Sunao Katabuchi sur la genèse et le développement du film (41 mn 51) - entretien avec le producteur Masao Maruyama (12 mn 46) - Hiroshima et Kure : avant et maintenant. Comparaison des lieux évoqués dans le film et leur aspect réel aujourd'hui (15 mn 09) - conférence de Sunao Katabuchi au Festival International du Film d'Animation 2017 à Annecy (16 mn 13) - galerie de photographies (3 mn 41) - DVD du film - livret exclusif
• Éditeur : ESC Éditions

Commentaire artistique

Cette animation japonaise, offerte dans un combo blu-ray/DVD collector, sur le thème de la vie de la jeune Suzu dans les parages d’Hiroshima entre 1933 et 1945, est adaptée d’un manga au titre homonyme de Fumiyo Kouno dont la solide réputation tient autant à la limpidité du dessin qu’à sa documentation historique exigeante et fournie. La version cinématographique qu’en donne Sunao Katabuchi - coproduite par financement participatif (inédit au Japon) - a séduit plusieurs prestigieux festivals, dont Annecy, qui ont récompensé ce film, à tonalité parfois fantastique, décrivant avec un grand luxe de détails méticuleusement réalistes la vie quotidienne traditionnelle de Suzu et de ses proches à peine perturbée par la proximité du conflit. Entre rêve et trivialité, cette animation aux tons délicats ne cesse de faire l’éloge de la douceur de l’existence que mène Suzu, d’abord chez les siens à Eba, puis à partir de 1944 à Kure dans la famille de son mari Shüsaku Hôjô travaillant à la base navale, où elle sera accueillie par des beaux-parents affables et une belle-sœur au caractère intransigeant. Au fil de l’histoire, on découvre l’ingéniosité de Suzu à suppléer aux pénuries, sa capacité à dessiner, son empathie pour la petite Harumi, ses relations compliquées avec son époux, sa disposition naturelle à incarner une véritable source d’humanisme bienveillant. La vie des uns et des autres va être rattrapé par la guerre dont le réalisateur se garde de faire le centre d’intérêt de son film, privilégiant le portrait sensible d’une jeune japonaise affrontant son destin. Perfectionniste, Sunao Katabuchi, après accord de l’auteure du manga originel, a entrepris durant quatre années un travail colossal de documentation d’archives et d’entretiens avec des témoins afin de reconstituer avec la plus grande exactitude les lieux où se déroule le récit. Du cuirasser Yamato au quartier de Nakajima Honmachi d’Hiroshima, en passant par des rues d’Eba et de Kure, toutes les images montrées sont d’une scrupuleuse authenticité (cf., bonus sur la comparaison avec les lieux actuels). Ne cédant jamais à l’hypertrophie de certaines animations actuelles, la réalisation progresse sur un rythme très apaisé et réussit à nous fasciner par cette description des joies et des peines du quotidien qui expriment, en contrepoint, certains grands faits historiques tragiques de la période (dont la bombe A). Cette narration extrêmement nuancée, quasiment anecdotique, qui suscite une émotion sans pathos est à la mesure de cette animation admirable. Le cinéaste ne s’est pas contenté d’un récit naturaliste mais a introduit des scènes poético-picturale servies par une grande maîtrise de la ligne claire et d’une colorimétrie pastel somptueuse. Malgré sa longueur, Dans un recoin de ce monde ne cesse de captiver par son humanité foncière et sa très belle esthétique toute en délicatesse.

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Commentaire technique

Image : copie HD, belle définition, bon contraste mais image parfois un peu pâlotte, étalonnage et colorimétrie nuancées, teintes pastel, quelques défauts d’encodage sur les mouvements

Son : mixage japonais 5.1, dialogues centrés clairs et dynamiques, spatialisation naturaliste sans excès, belle part accordée à la musique, ambiances réalistes avec une excellente répartition sur les surrounds, LFE efficaces